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L’enfoiré automatique

Qui s’est trouvé la nuit dans le parking de Zaventem à tempêter contre la machine à délivrer le sésame de sortie comprendra.
La disparition de tous les métiers de surveillance, de délivrance de tickets, d’employés de banque aux concierges d’école, est un choix de société fort discutable.
Ce choix est en grande partie responsable de la montée de la violence et du sentiment d’insécurité.
Le libéralisme économique qui en est la cause veut nous faire croire qu’il s’agit d’être efficace à moindre coût. Quand on voit ce que coûte en équipement et en personnel de police la nouvelle économie, il est permis d’en douter.
L’exemple des bâtiments publics laissés à l’abandon ou sans surveillance la nuit et le week-end se chiffre par dizaines de millions de dégâts.
On pourrait mettre en parallèle la machine à café et le portillon automatique, les distributeurs de boisson et le tenancier de la buvette, pour conclure que « la modernité » fait gagner du temps dans certains cas, mais pas toujours !
Est-on certain que tout ce que l’on présente comme progrès est égal à celui de la machine à lessiver qui a débarrassé la ménagère d’une sacrée corvée ?
Ce n’est qu’en cas de panne que l’on se rend compte de la complexité des machines dont nous nous servons mais que nous ne dominons absolument pas. C’est en manipulant certaines d’entre elles que l’on se dit que rien ne valait le bon vieux temps (dans certains cas).
Que dire du désarroi de ceux qui n’ont pas « évolué », qui ne manipulent pas d’ordinateur et sont incapables de programmer un poste de télévision ?
Sont-ils des arriérés définitifs, des inadaptés congénitaux ?
Et ceux qui, pour différentes raisons, n’ont pas ou n’ont plus de carte de crédit, ne sont-ils pas des exclus d’office d’une Société qui croit aller de l’avant en larguant de plus en plus de citoyens ?
Et quand bien même, ne vous êtes-vous jamais trouvé dans une station service automatique à mettre vos pneus à pression, lorsque par la suite d’une défectuosité du gonfleur probablement provoquée par l’utilisateur précédent, vous ne pouvez plus enlever l’appareil de la valve de votre pneu qui se dégonfle inexorablement ?
Et la petite pièce qui manque pour libérer un caddie, quand d’autres clients du grand magasin vous fuient ou n’ont pas la monnaie de vingt euros ? Et la machine à pain qui cale et vous empêche de couper votre pain ? Et… et… etc.
L’accélération du processus d’automatisation affecte en réalité de plus en plus de gens. Le self-service de la banque entièrement électronique où il n’y a personne pour vous renseigner peut se révéler un redoutable piège à cons lorsqu’une machine avale votre carte bancaire, alors que vous en avez expressément besoin et que le quart d’heure suivant tous les magasins seront fermés pour le week-end.

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On se souvient des débuts de la banque automatique, comme cela allait faciliter la tâche de tout le monde et comme tous ces services allaient vous faire gagner de l’argent en étant gratuits… Quand les gogos ont suivi comme un seul homme, qu’il n’était plus possible de revenir en arrière, calculez au bout de l’an ce que vous coûte la gratuité et vous aurez compris.
Non seulement l’usager fait tout lui-même et au lieu de bénéficier d’un « salaire », c’est la banque qui encaisse, sans oublier les employés qu’elle licencie.
Cette déshumanisation, surtout dans les grandes villes, a toujours ses chauds partisans malgré les plaintes pour raison d’inefficacité et de contre progrès.
Le comble, la politique du MR pousse au même concept dans les Administrations communales.
Quand tout sera automatisé, à la merci des robots, les gares sans chefs, les trains sans conducteurs, les tribunaux sans juge et les confessionnaux sans curé, quand la monnaie que l’on accepte encore n’aura plus cours, quoique la Loi interdise son extinction , déjà qu’au-dessus d’une certaine somme le commerçant doit refuser l’argent liquide, alors dans les rues désertes viendra le temps des assassins, des violences gratuites et des solitudes suicidaires.
Des vieux messieurs pleureront la belle blonde qui les servait au rayon tabac-cigare au rez-de-chaussée du Grand Bazar de la place Saint-Lambert.

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