« Embarras technique | Accueil | La roue d’Ixion. »

Septembre va faire boum !

Bart Maddens est ce politologue flamingant dont on va certainement reparler à la rentrée.
La « théorie Maddens » fait tendance dans les partis traditionnels flamands qui y voient un moyen de stopper la N-VA et le Vlaams Belang dans leur course à la surenchère, tout en attendant les partis francophones au tournant.
L’inspirateur de la nouvelle donne communautaire a fait souche depuis la N-VA. Selon lui, il faut mettre tout dialogue en veilleuse avec les francophones, puisque ceux-ci sont en principe « demandeurs de rien ». Il faut attendre qu’ils soient demandeurs de quelque chose, pour leur resservir les plats froids qui s’appellent BHV ou Régionalisation de la Sécu.
C’est un peu la tactique des assiégeants des châteaux forts du Moyen-âge. A bout de ressource, les assiégés sortaient de leur forteresse poussés par la faim, faisant ainsi preuve de faiblesse.
Cette nouvelle tactique est aussi la conséquence de la nette poussée des nationalistes en Flandre. La crise y est pour beaucoup. La Flandre se sent moins riche ; ça tombe bien, Maddens veut économiser ses deniers. Dorénavant, la Flandre attend la bonne affaire des Wallons et des Bruxellois aux abois. On brade plus facilement ses bijoux de famille quand on est dans le besoin. Pour cela, ils vont regarder à un sou pour le fédéral, au risque de mettre en faillite l’Etat central.
Les partis nationalistes ont obtenu 37,1 % des voix en Flandre. Cela correspond-il à une volonté de casser l’Etat fédéral, ou n’est-ce qu’une manière d’affronter la crise en votant contre ceux qui dirigent la Flandre et le pays ? Cela a peu d’importance d’avoir à connaître si les nouveaux électeurs de Bart de Wever sont sur la même ligne que lui. La N-VA s’est profilée comme un parti flamingant radical. Et il a objectivement gagné ses élections.
La stratégie du pourrissement sera-t-elle payante ? Les Francophones défendent le statu quo institutionnel, les Flamands veulent que « ça bouge » mais jusqu’à présent n’ont pas réussi à leur faire changer d’avis. C’est donc un ballon d’essai que cette théorie de Maddens. Cependant, les Flamands pourraient jouer les apprentis sorciers et il n’est pas sûr que les assiégés sortent de leur « forteresse ».

type4.jpg

Les Flamands ont l’intention de relever unilatéralement les allocations familiales qui seraient couplées aux allocations d’études. Une fronde sociale à la flamande à l’intérieur de ses compétences ne serait pas sans conséquence sur la Belgique fédérale ! Les Francophones ne suivraient pas par manque de fonds et ce début de distorsion entre les Communautés pourraient créer un climat dangereux nuisible à la Belgique, enfin, au semblant d’unité que les unitaristes y conservent.
L’essai réussi, la phase deux porterait de tout son poids sur la politique de l’emploi. Le niveau fédéral serait contraint d’entrer dans des négociations. Pour les Francophones qui « ne sont demandeurs de rien », ce serait la fin de la politique du « niet ».
Déjà, Frank Vandenbrouck, ministre flamand de l’Emploi, est en faveur de la diminution des charges pour les travailleurs de plus de 50 ans en Flandre. C’est en utilisant le maximum des compétences dont elle dispose, que la Flandre poussant le bouchon de plus en lus loin, pense avoir trouvé le bon moyen. Sauf de faire sauter la marmite, si ce type de provocation agrandit la fracture jusqu’à l’irrémédiable. C’est là que, justement, les flamands comptent sur l’attachement des Francophones à l’idée même de la Belgique et à toute la sentimentalité envers la dynastie et les Institutions, dont ils ne sont guère avares.
Pendant que les Belges ne pensent plus qu’aux vacances – enfin ceux qui le peuvent encore – dans la coulisse des jours d’été, nos Machiavel à la petite semaine préparent des cocktails Molotov pour septembre.
On ne sait pas si c’est l’opinion flamande qui conduit les partis politiques à cette stratégie ou si ce sont les partis eux-mêmes poussés à la surenchère parce qu’ils croient arriver à bout d’argument, que ce scénario va faire la majorité à la rentrée.
L’ombre de Bart De Wever est décidément partout. Qu’il soit dans la majorité ou dans l’opposition, ce petit parti se muscle au fur et à mesure, au point qu’il a fini par inquiéter tout le monde, à commencer par le Premier ministre Van Rompuy .
Avec des déficits au Fédéral, comme dans les Régions que l’on peut qualifier de record, la nouvelle poussée du nationalisme flamand et la nouvelle « diplomatie » qui se profilent, cela avec les 800.000 chômeurs probables en 2011, l’avenir sera très mouvementé.

Poster un commentaire