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Guillemins gare

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-Si tu veux mon avis, c’est scandaleux !
-Mais, je n’ai rien dit !
-D’accord, je sais ce que tu vas me dire…
-Quoi ?
-Je me comprends.
-C’est facile, ça…
-C’est à propos du lait en poudre de Michel.
-Non pas du tout.
-Je l’ai écrit au courrier des lecteurs du Soir. J’en ai parlé autour de moi, voilà une semaine.
-Et alors ?
-Aucune réaction. On m’a pris pour un fou. Et voilà que Michel me pique mon idée. Les journaux en parlent, comme d’une évidence qui n’a touché l’esprit de personne avant lui…
-Puisque ça va prendre une tournure officielle, tu dois être content ?
-Tu voulais parler de quoi, finalement ?
-Ça m’embête de te le dire…
-Nous y voilà, tu trouves que la gare c’est une réussite…
-Quoi les Guillemins ?
-Oui, mais que c’est incompatible avec le quartier, qu’il faudrait raser tout aux alentours…
-Ce n’est pas ce que je voulais… bon voilà…
-…et si c’est la zone aux alentours, c’est parce que les Liégeois sont pauvres. C’est un paradoxe. La SNCB a fait construire une gare avec l’argent de nous tous, et nous sommes incapables de nous loger décemment à cause de ce que notre travail est trop ponctionné par l’Etat qui en fait profiter la SNCB. C’est marrant, non ?
-Tu trouves ?
-On en revient à la pompe romaine. L’empereur construit des palais et le peuple loge dans des ergastules.
-Des quoi ?
-Des logements d’esclaves..
-A propos de pauvreté…
-Oui, tu es au courant ? Le Marcourt (PS), ministre wallon de l'Économie, a lancé mardi "je suis fantastic.be", pour faire mousser la petite entreprise. On ne sait plus où on est. Voilà le PS promoteur du patronat. Pour peu que la FGTB s’y mette, les chômeurs qui se sont fait virer des petites boîtes n’ont plus qu’à présenter leurs excuses à Marcourt. C’est à cause d’eux que ça va mal, puisque les autres sont fantastiques !
-On peut être fantastiques tant qu’on veut, quand on fabrique des choses invendables… bien, on les vend pas !
-Qu’est-ce que tu voulais me dire d’urgent ?
-Oui, bon voilà ! Tu sais qu’Elsa m’a quitté.
-C’est pas nouveau, ça… moi je te parle des choses qui se sont passées cette semaine…
-Elle veut faire saisir mes meubles, à propos de la pension alimentaire…
-Ah ! les bonnes femmes… Tu es cocu. Tu t’en accommodes. Elle fiche le camp avec le père de celui avec lequel elle te trompait…
-Tu racontes l’affaire Bruni-Enthoven… à l’envers…
-Oui, toi c’est l’inverse. Elle te trompe avec le fils, mais elle se barre avec le père… C’est marrant, quoi !
-Tu trouves ?
-C’est tout ce que tu avais à me dire ?
-Non, j’arrive à l’essentiel. J’ai besoin d’argent. Je me souviens que tu m’en dois toujours.
-C’est le passé tout ça. J’ai fait une croix dessus.
-Moi pas.
-Tu devrais. Autrement, tu ne dors plus. Moi, j’ai oublié que je te devais de l’argent ! Depuis, je vais mieux..
-T’en as de bonnes…
-Tu sais comment le Marcourt appelle son bidule des PME et TPE ?
-Non. Et je m’en fous !
-Son fantastic’club à l’usage des technologies de l’information et de la communication, le TIC !
-Bof. Et après ?
-C’est qu’ils en sont pleins, ces balaises… de tics.
-Je te parle de choses sérieuses et tu me renvoies à tes conneries…
-Ne la prends pas de cette manière, vieux, je suis aussi gêné que toi en ce moment… même si je l’ai échappé belle. Encore un peu, j’avais ton Elsa à domicile, à la place de son vieux.
-Attends un peu, qu’est-ce que ça veut dire ?
-Je croyais que tu le savais…
-Non. Je l’apprends. Et en plus je te filais du fric !
-C’est qu’elle est dépensière, la garce…
-Mais, t’es une belle ordure, Gu !...
-Voilà mon train. C’est quand même une belle gare…
-Quand je pense… quand je pense…
-Pense pas trop. Tu vas te faire du mal. Elle a couché avec tout le monde. Alors, pourquoi voulais-tu que je fasse exception. Allez, salut… à plus… Tu sais quoi ! On parle, on parle. Je parie que tu aurais voulu qu’on dise un mot sur Hennin. Jouera, jouera plus ? C’est peut-être ça que tu voulais me dire, hein, sportif comme t’es !
-Mais, je vais te casser la gueule…
-Téléphone moi… Content de t’avoir revu. Te bile pas trop… C’est une pute, je t’ai dit… Regarde-moi, j’aurais pu la trouver mauvaise, comme toi… Tu vois, je m’en fous…

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Ouf ti!

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