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Ravaillac à Jodoigne.

Le discours de Reynders aux Estivales organisées à l’Euro Space Center de Transinne-Libin est une des plus belles illustrations de langue de bois qu’il m’ait été donné de lire dans la gazette.
Ce qui saute aux yeux c’est la relative différence de ce parti avec le PS. Relative différence, parce que tout indique que le MR est, lui aussi, en panne d’idées depuis le virage mondialiste du système économique. Pour Reynders, Louis michel et tous les autres, de bleu pâle à foncé, la social-démocratie dont Michel avait été le premier à s’en prévaloir à Jodoigne, tout en s’en défendant ailleurs, C’EST FINI !
Comme tous les besogneux du style, les embrouillés de l’intellect, le président Didier tourne autour, s’en approche pour mieux s’en écarter comme un papillon qui craint la flamme, mais l’évidence est là, le monde du travail et partant les classes moyennes réservoir de voix, vus sous l’angle de la social-démocratie, ont perdu et perdront encore des plumes, pour la bonne et simple raison que c’est le pouvoir financier qui est aux manettes, qui disposent de tous les atouts et n’est pas du tout prêt d’abandonner ses salaires, ses royalties, ses plus-values et ses primes à une classe moyenne et à une classe ouvrière, dans une crise où la récession les place aussi en concurrence mondiale, c’est-à-dire dans une position nettement défavorable !
Avec l’effondrement des postes de travail, 20 % de chômeurs à Bruxelles, la classe dite ouvrière, mais qui compte autant de petits employés et cadres, peut difficilement être essorée davantage par une augmentation des taxes et accises pour effacer l’ardoise qui prend des proportions jamais vues de l’Etat et des Régions. Il y a bien l’espoir de faire avaler la couleuvre des taxes dites écologiques au prétexte qu’il faut sauver la planète, alors qu’elles serviront à sauver Van Rompuy de la faillite, mais les recettes seront nettement insuffisantes. Quant aux revenus de remplacement des assurances chômage et maladie, au mieux on pourrait faire saigner la bête de moins de 500 millions. Le risque serait de jeter dans le désespoir, donc dans la rue, des gens qui ne peuvent plus ni compter sur le syndicat, ni sur le parti socialiste. Gros risque donc, puisqu’un mouvement spontané, personne ne sait où il finira. On aura beau agiter le spectre de l’anarchie, puisque le communisme est mort et parler de meneurs, que je sache aucun des partis au pouvoir n’a intérêt à jouer avec de la dynamite.
Reste donc les petits bourgeois, la classe moyenne, les commerçants prospères, il y en a encore, les propriétaires prudents, les héritiers en ligne directe, les autres étant déjà saignés à blanc, la magistrature, la haute administration, et les parlementaires.
Si dans ces trois derniers, on peut piocher quelques centaines de millions, à cela s’adjoindrait des économies sur le train de vie de l’Etat, c’est justement là que les responsables du MR en accord avec le PS ne veulent pas porter le fer.
C’est donc bien la tranche qui se rétrécit d’une classe moyenne qu’on va piller, puisqu’il n’y a plus aucun autre espace juteux à dégraisser ailleurs.
C’est ainsi que Reynders touche à la situation du PS par ce dilemme d’une social-démocratie serve des grands intérêts, qu’il faut hold-uper afin de tenir le coup quelques temps encore, étant entendu que même une sortie de crise, comme on la claironne pour dans la quinzaine suivante depuis six mois, ne changera rien à la donne.
A noter que le PS en est là aussi.

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Alors, le calendrier de Reynders avec son congrès au printemps prochain, c’est du mastic à boucher les trous, les perspectives étant tout à fait autres.
Mais pour Reynders, c’est un moyen de durer et de reporter l’appétit de Louis Michel à une autre tablée, en espérant pour le grand chef liégeois, que ce ne sera pas la curée du fou.
Pourtant, il devrait se méfier.
Les dirigeants de parti vivent les événements de façon empirique. L’essentiel, pour eux, n’est pas de réfléchir sur l’idéologie et son devenir débouchant sur une ligne de conduite pour sortir les gens du pétrin, l’essentiel c’est de sauver leur peau des appétits concomitants, bref comme le manoeuvre léger chez Mittal, Reynders entend protéger son cumul et le gagne-pain qui va avec, et, si possible, en ne se faisant pas remarquer lorsqu’il fait un croche pied à un concurrent, pour ne pas se faire siffler.
Mais Louis Michel, étant un gros mangeur, n’a pas la patience d’attendre le printemps pour se mettre à table. Aussi, a-t-il délégué un p’tit gars de Jodoigne de son bunker familial, en l’occurrence, Jean-Paul Wahl, bourgmestre de la bourgade, pour demander un « débat interne » sur la stratégie électorale du parti et son fonctionnement, mais aussi sur « l’opportunité du cumul » de Didier Reynders, à la fois ministre des Finances et président du parti.
On voit les Michel à l’affût derrière leur canonnier et tenant leur chevau-léger Deprez en réserve.
Ils agitent le spectre d’un MR après les élections législatives de 2011, puis communales et provinciales de 2012, chassé même des baraques à frites des villes et communes, de quoi faire frissonner les Clairfayt, Laruelle, Defraigne et consort…
Alors, les farouches partisans de l’unité du parti annoncent des dissidences possibles, se trémoussent et crient au cumul infâme. Comme si le MR n’était pas le parti des gros cumulards !
Nous sommes avertis, le MR explosera si on ne résout pas ce problème.
Les pertes d’emplois, la classe moyenne dans le fond de ses chaussettes, l’avenir des riches plus riches et des pauvres à poil sur le trottoir, l’économie comme elle va et la dérive de la social-démocratie, le MR s’en fout.
Michel veut la peau de Reynders, et il l’aura. Na !

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