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Rêve américain ou cauchemar ?

Après l’engouement en Europe qui a suivi l’élection d’Obama, l’espoir de voir les Etats-Unis entrer dans une nouvelle ère n’a pas résisté à l’épreuve de la crise et de ses conséquences.
Les efforts du président d’instaurer une sécurité sociale pour les plus démunis des Américains soit plus de quarante millions de personnes se heurte à ce fond d’égoïsme qui a façonné le pays à la représentation parfaite du capitalisme.
Sur la question de savoir si le « help your self » n’est pas le seul credo que se partage les démocrates et les républicains et qui a fait la société américaine, la réponse est affirmative.
Dans les faits ce sont les thèses de Robert Nozick, mort en 2002, sur un Etat minimum qui l’emportent contre l’Administration d’Obama.
A l’analyse, c’est toujours l’économie qui a le dernier mot. L’Etat n’arbitre rien. Il se contente de soutenir les défaillances des institutions bancaires. Avec Bush, l’Etat était seulement un moyen de domination entre les mains des détenteurs du pouvoir économique. Si c’est moins visible aujourd’hui, nous sommes toujours dans le cas de figure : l’ensemble des hiérarchies sociales, économique et politique se confond en une seule classe, celle des affaires.
Un système social inexistant, étoffé en douceur par des mesures appropriées n’était pas un rêve « socialiste », le socialisme étant assimilé au communisme aux USA, et pourtant Obama risque de trouver là son deuxième échec, le premier étant les guerres et leurs conséquences les occupations buschiennes en Irak et en Afghanistan qu’il n’arrêtera pas dans les délais fixés lors de sa campagne électorale.
C’est encore la génération issue de la deuxième guerre mondiale qui est au pouvoir, sinon les descendants qui se sont imprégnés des généralités de « la génération supérieure ».
Saddam, quoique bien mort pendu, est le symbole à éradiquer qui paraît toujours menacer les Etats-Unis.
Les hommes de gouvernement comme Brzeszinki, Sowcroft et même Kissinger sont out. Les remplaçants concentrent leurs énergie sur la géopolitique, comme Bob Kagan, Elio Cohen, Walter Russel Meade, Richard Perle, tous sur la brèche pour sortir l’Amérique de l’ornière par plus de capitalisme et moins d’état d’âme.
Avec combien d’autres, soit économistes, journalistes, républicains et démocrates du Congrès, ils ne sont intéressés que par le pouvoir de leur pays qui est en passe de perdre sa première place économique. Reste donc l’armée, la plus puissante au monde et incontestée par tous les Régimes.
Leur stratégie est simple. Les autres pays « alliés » ne sont que des suppléants soumis volontaires à la meilleure machine au monde à tuer (tuer pour la bonne cause, cela va de soi).
Si ces néo-impérialistes, surreprésentés dans les médias, ont l’oreille du public, c’est qu’ils correspondent à la partie du « rêve américain » encore intacte : la puissance militaire. D’autant qu’ils avancent des chiffres, restent dans le concret, sur le temps que les autres ne peuvent qu’agiter des préceptes moraux dont l’Américain n’a que faire, puisqu’il a perdu toute illusion sur le capitalisme financier.

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Quelques malheureux parmi les chercheurs combattent bien les idées d’hégémonies, mais ils semblent à contre courant de l’opinion.
La maintenance de l’empire reste bien la préoccupation majeure des Américains, malgré le succès des démocrates qui essaient timidement de pousser l’opinion à une autre politique.
Le danger de ce courant toujours aussi vif du néo-libéralisme et le consensus de Washington, c’est de faire perdre une dizaine d’années de tâtonnements au monde entier, comme on le voit bien en Belgique avec le courant ultra du MR dans la personne de Louis Michel, challenger de Didier Reynders, poursuivant inlassablement avec la Commission de Barroso, le démembrement des institutions publiques dans la persistance d’une folie toute dévouée à l’initiative privée « for ever », y compris où elle fait le plus de dégâts en servant la règle du profit au détriment de l’utilisateur.
Dans l’Europe d’expression française, des penseurs comme François Furet, décédé en 1997), auteur d’une histoire de la révolution française dans laquelle il fait du contre-marxisme, Alain Besançon, tous deux anciens communistes, avec quelques autres dont la liste serait loin d’être exhaustive, sont des hommes de l’ombre mais suffisamment influents pour laisser dans l’inconscient des gens une forte opinion sur la pérennité du système capitalisme, intemporel, inaliénable et surtout, susceptible d’étonner par sa vitalité mise en doute, à l’occasion de la crise.
Tous ces éléments sont reliés entre eux justement par la crainte d’un Etat totalitaire sous prétexte d’une urgence sociale. La social-démocratie en Europe, même dans son état de délabrement avancé, est à la limite de ce qu’ils peuvent accepter compte-tenu des traditions syndicalo-socialistes de France, d’Italie et de Belgique.
Dans ce cadre, le mouvement social mal défendu par les socialistes en Europe, jugé trop à gauche dans ses timides manifestations restera au point mort aux USA. Il est par trop périlleux d’en activer les principes de solidarité par rapport à la carrière politique d’Obama pour que celui-ci s’y consacre trop résolument.
Les milieux d’affaire savent très précisément que les sommes investies parfois à fonds perdus dans les médias, parfois aussi avec de plantureux bénéfices, tant en Europe qu’aux Etats-Unis, étaient absolument nécessaires pour maîtriser l’opinion, afin que perdure un système dont le public ne perçoit désormais plus les profondes nuisances, tout en répétant la leçon reçue des vertus supposées et qui cache un dégoûtant consumérisme.

Commentaires

A mort la social-démocratie! Qui est, avant le néo-libéralisme actuel,a l'origine des trente glorieuses. Vive Karl, à mort, Hitler. Passons vite d'un extrême à un autre. Tu me fais de la peine "Richard". Je suis souvent d'accord avec ton analyse, mais pas avec tes "solutions"... Le communisme était une peste, le néo-libéralisme est un choléra. Il n'est pas besoin de faire retour à l'autre pour guérir...

Mon pote, je n'ai jamais souhaité un Etat socialiste manière Kroutchev.
Je m'interroge seulement sur l'absolue nécessité pour le monde et pour la Belgique d'aller vers autre chose que le système capitaliste dans sa dérive actuelle.

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