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Son excellence n’avait rien demandé.

C’est une constante dans tous les partis. Quand un poids lourd sort d’une fonction, il faut aussitôt lui en proposer une autre et, si possible, meilleure que la précédente.
Sinon, le poids lourd se croit injustement écarté.
C’est le cas ces temps-ci de son éminence Louis Michel, ex président du MR, ex commissaire européen et actuellement dans la position inconfortable de l’intrigant qui, à défaut d’aller à la soupe dans une profession de prestige, inquiète Didier Reynders pour lui prendre sa place.
Il est député européen, certes, mais c’est trop insignifiant pour sa Hauteur qui se croit d’autres talents que celui de se faire voir à Strasbourg de temps à autre, à seule fin de justifier l’enveloppe de la fin de mois.
On le sait, plus la fonction est importante, moins on la définit. Le Commissaire Michel était payé à la poignée de mains en Afrique. Sa Hauteur faisait le tour des Etats africains demandeurs de sous. Quoique toujours fourré dans les salons kitsch des dictateurs champions du bakchich, il accordait quelques minutes aux photographes pour magazine people, entouré de quelques enfants d’une grande maigreur et fort mal vêtus. Trônant au centre, sa vaste chemise blanche partageait la moitié du cliché avec le reste, au dessus, le sourire réjoui du ministre était une réclame parlante des progrès de la dentisterie occidentale de millionnaires.
Les plaintes de sa Rondeur sont parvenues jusqu’aux oreilles d’Yves Leterme, casé après ses ratés de Premier au Ministère des affaires étrangères.
Concocté par Karel de Gucht au temps où il « en était », celui-ci s’était déjà ému du cas Michel. D’autant que le Flamand avait pris la suite à la Commission européenne dans le bureau où l’encre de Michel séchait à peine sur des contrats.
Quoi ! une si forte personnalité, cette admirable affiche d’une Belgique des Grands Hommes, ne pouvait pas navetter entre Jodoigne et Strasbourg, sans déroger à son rang !.
Et si on proposait sa Sérénissime au poste de président de l’Assemblée Générale de l’ONU ?
Sinécure parfaite, l’emploi consiste à trôner tout au-dessus d’une estrade en marbre dans l’immense salle semi-circulaire de New York. Le président est entouré d’une cour de secrétaires, de traducteurs et de huissiers de surveillance. Sa mission est de bafouiller dans un micro de façon à rester parfaitement inaudible de l’assemblée, sauf au nom du délégué qui a la parole, ce qui donne : « Crich, flouch, bruimskx, parole… à Monsieur Zouf Baladwezi du Sénégal. Là-dessus, il en a pour une heure à faire n’importe quoi et, ceci est important, sur les hauteurs comme il est situé, personne ne voit ce qu’il fait. Il peut aussi bien lire Spirou que tricoter des chaussettes.
Au MR, le clan Reynders est extrêmement enthousiaste à la pensée que l’Illustre partirait en session trois mois par an à New York, sans compter les extras, les rappels d’urgence, les hautes tensions et les crises.
L’appartement de fonction avec vue sur la statue de la Liberté, la voiture de douze mètres de long avec une équipe de chauffeurs et de gardes du corps et peut-être, une belle espionne de Poutine aux mensurations de rêve, comme secrétaire particulière, pourraient faire que le grand Belge resteraient plus de temps que prévu sous les gratte-ciel, quitte à s’inventer des conférences et juger que les tensions entre grandes puissances nécessitent la présence de sa main de fer dans le gant de velours réformateur.
Après cela, il ne lui resterait plus qu’à faire pape. Didier devrait dès à présent suive la santé de Benoît XVI.
Rien n’est encore fait, bien entendu. Il faudra attendre quelques intrigues plus loin que le KERN se décide.
Le Grand libéral qui s’est dit surpris (ils le sont tous) de cet inattendu honneur est évidemment preneur. Pas fou, il s’était d’abord intéressé au nombre de zéros sur la proposition de l’ONU pour ses présidents d’Assemblée Générale. A sa place, aucun chômeur de Belgique n’aurait dit non.
Le plus embêté c’est Gérard Deprez qui risque de perdre son père adoptif, son seul soutien face au président Reynders. Bien entendu il lui reste Charles, mais celui-ci n’a pas le poids du père. Il est vrai que des opposants au Premier Consul Reynders se sont fait entendre lors du dernier concile du MR. Le plus surprenant ténor de cette grogne est une diva, Christine Defraigne, liégeoise et collègue au Conseil communal du bouillant Président du MR.
Il y aurait là dans cette inimitié mise au jour quelques excavations à faire dans les strates des rancoeurs et des ambitions secrètes, mission de paléontologue dans laquelle Gérard Deprez excelle.

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Que Reynders ne se réjouisse pas trop d’un possible départ de son ami de trente ans. Charles aura reçu des consignes, Deprez va dans les mois qui vont suivre, avant le toilettage promis de printemps, relever le terrain et voir si outre Christine Defraigne, d’autres baronnes du système, un quarteron de généraux félons, quelques fils de… quitteraient les féaux genre Talleyrand-Monfils, pour un « puputsch », selon le joli mot d’un autre spécialiste de la droite : Jean-Marie Le Pen.

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