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Vers un parti unique.

Il s’en faut de peu aujourd’hui qu’un discours de Di Rupo puisse être lu par Reynders et vice versa, sans que l’un ou l’autre y fasse la moindre critique, y dépose la moindre retouche.
La social démocratie entre autres constats a rapproché les points de vue gauche droite.
En France, ce phénomène a conduit des personnages du premier plan du socialisme à rejoindre Sarkozy et l’UMP. D’autres sont restés à la frange comme Rocard et Jack Lang, si bien qu’on ne saurait dire s’ils sont dedans ou en dehors de la gauche.
L’amalgame s’est fait en Belgique non par la carte du parti et au ralliement spectaculaire après reniement de la gauche, mais par le diplôme. Les facultés produisent à la chaîne les cadres adaptés aux structures, mais incapables d’extrapolation dans des perspectives nouvelles, donc de les transgresser. C’est ainsi que le public s’est engoué pour l’écologie qui semblait produire des idées neuves.
Le temps de s’apercevoir que les écologistes de pouvoir sont des universitaires dupliqués à l’identique qui viennent des mêmes écoles que les autres, une législature sera suffisante pour que tout le monde rentre dans le rang. Les dossiers retomberont exactement à la place qu’ils avaient laissée dans la poussière des étagères.
Les Universités ne produisent plus des gens de culture contestataire, mais des surdoués du consensus qui n’ont qu’une seule idée en tête s’intégrer pour réussir.
Personne ne semble affecté par l’effacement généralisé de la frontière droite/gauche. On dirait que cela va de soi d’apporter une contribution intellectuelle à la poursuite du système, ce terme vague et général englobant les rouages de la démocratie et les rouages de l’économie, intimement confondus.
Tout se fait comme si l’un et l’autre camp étaient immuablement associés, pour le meilleur et aujourd’hui, pour le pire.
Or, une contestation menée tambour battant a toujours conduit à des réformes en profondeur. Elle aurait dû normalement donner de la voix dès l’effondrement de Lehmann-Brothers qui fit aussi des victimes en Belgique. Au lieu de cela, le clash bancaire vit le gouvernement voler au secours des banquiers affolés. C’était l’occasion idéale pour la gauche de montrer aux Belges la nuisance d’un produit boursier internationalisé dans les mains de gens sans scrupules et avides.
A lieu de quoi, les mesures furent approuvées par l’ensemble de la classe politique sous prétexte de sauvegarder l’emploi et protéger l’épargne.
Le drame s’est déroulé sur une mer d’huile. Les journaux ne se sont guère enflammés. Le discours de Di Rupo, suivant la généreuse contribution, n’a été qu’un langage convenu de fermeté et de vigilance, en garantie d’un suivi qu’on attend toujours. Ce qui ne signifie rien, si l’on considère l’état des rapports entre les banques et leurs prêteurs où tout semble revenu comme avant la crise.
A tel point que lorsque le ministre des finances se réjouit que les sommes prêtées aux banques rapportent de l’argent, personne à gauche ne relève la fausseté d’un pareil discours.
Ouvrons ici une courte parenthèse, l’Etat pour satisfaire à l’impécuniosité momentanée de l’emprunteur a dû lui-même emprunter. Il a emprunté à deux sources : le marché financier extérieur, et le marché financier intérieur. D’un côté il y a la Chine, et de l’autre, il y a… les banques belges, c’est-à-dire les Belges fortunés ! Le capital prêté nous rapporte moins que le taux d’intérêt auquel nous avons souscrit des emprunts. Le comble, c’est que l’argent emprunté par les banques rapporte plus d’intérêt spéculatif aux Belges les plus riches, qu’il ne leur coûte d’intérêts dus à l’Etat !
Quant aux pays bailleurs de fonds, ce ne sont pas des enfants de chœur. Il n’est qu’à se renseigner sur le dilemme de la dette aux USA à la merci d’un caprice de la banque chinoise d’Etat. Passons.
Y a-t-il eu une seule voix posant ces questions essentielles à Leterme et Reynders au moment des faits et à Van Rompuy et Reynders en 2009 ?
Plus grave encore, nos Universitaires se laissent mener par le bout du nez , mieux, contribuent au silence complice, en se taisant sur les rapports existant entre l’économie et la morale, entre la démocratie et l’économie et d’une manière générale sur l’éthique.
Il y a là une extension du langage du MR à celui des autres partis majorité et opposition qui devrait nous inquiéter.
Il y avait jadis une mixité des professions à la direction des affaires publiques. Il n’y a plus aujourd’hui que des avocats et des licenciés en science politique. Tout se fait comme si un coiffeur, un relieur ou un sidérurgiste était incapable d’avoir un raisonnement élaboré. Cette sorte de mépris est visible dans l’attribution des rôles de porte-parole dans la vie politique.
Résultat, l’autodidacte est pris pour quantité négligeable. Le tribun posant les bonnes questions mais commettant des fautes de français est exclu (les flamands exceptés, mais pour d’autres raisons). Il n’y a plus une représentation réelle des travailleurs.

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Nous sommes à l’âge de la langue de bois, d’un usage généralisé et labellisé d’université.
Au lieu de progresser dans la spéculation déductive des alternatives possibles, le monde politique s’enfonce dans une sorte du bien dire mondain qui rappelle la sottise et la cupidité de la bourgeoisie louis-philipparde.
La gauche a perdu son âme à croire à la victoire de Saussure sur l’entendement populaire des mots.
Forcément, cette sophistication a fait décoller la direction de ce pays de la réalité. La vie de tous les jours devient rêvée, sort du concret et n’est plus qu’une image brouillée que nos avocats interprètent à leur façon.
Nous sommes entrés dans une fiction. L’intellectuel tant espéré jadis par les masses incultes qui avaient conscience de leurs limites et qui voulaient en sortir n’est plus qu’une marionnette bourrée de son qui vit dans un monde irréel fait de statistiques et de pourcentages.
La gauche et la droite, demain l‘écologie, ne sont que les ramifications d’un seul tronc : celui du conservatisme le plus arriéré qui soit.
D’où l’impression que le peuple a de voir évoluer des marionnettes que le montreur agite sur un castelet derrière lequel il change de voix pour imiter Tchantchès ou Charlemagne, alors que même les enfants ne sont pas dupes : ce n’est qu’un seul homme qui parle !

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