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La foire aux présidents.

A force de forer des trous dans le gruyère, il y a plus d’air que de fromage.
C’est ce qui se passe au MR. Malgré l’omerta du silence, tout le monde y parle de Reynders, de ses détracteurs, de ses partisans, mais en catimini, sans avoir l’air d’en remettre une couche. C’est difficile pour ceux qui se sont fait une spécialité des voix de préférence de perdre une apparition au journal télévisé !
On se croirait au PS français dans ses plus mauvais moments : l’élection de Martine Aubry !
S’il ne s’était agi que d’une « hystérie » passagère de Christine Defraigne, cela aurait pu s’arranger. Comme ce n’est pas le cas, puisque les frondeurs sont plus nombreux que prévu, on voit se dessiner les pour et les contre du cumul de Reynders, président du MR et vice-premier ministre, à la tête desquels les Michel et leur bouffon de cour Gérard Deprez.
De sorte que se voit autre chose que le dépit d’une femme blessée.
Cette querelle n’est pas affaire de génération, ni les Montaigu contre les Capulet. Elle ne traite pas d’une différence de projets entre leurs promoteurs, elle est le signe d’un profond malaise ressenti par les professionnels de la politique que nos élus sont tous devenus, qui craignent pour leurs emplois, puisque le MR est exclu du pouvoir régional : wallon et bruxellois et qu’il n’est pas sûr, comme va la Belgique, qu’aux prochaines élections il se maintienne au fédéral.
C’est à l’occasion d’une opposition qui va être longue que les anciennes rivalités, celles du vivant de Gol, resurgissent du passé pour alourdir le conflit actuel.
C’est Jean Gol, vice-Premier ministre et ministre de la Justice des années 80, qui découvrit Didier Reynders, assistant à l’Université de Liège de l’inénarrable François Perrin.
Les hommes se plurent. Sans doute le jeune âge de « Didjé », son adresse aussi à manier la brosse à reluire, conquirent un Jean Gol, pourtant extrêmement méfiant, de tempérament inquiet et doutant de la loyauté de ses « amis ».
Il paraît que Gol en fit un de ses rares intimes en qui il pouvait déverser ses humeurs anxieuses, en même temps que ses coups de langue contre tout le monde.
Didjé n’a presque rien à envier à la montée dans les sphères du pouvoir de Jean Sarkozy. Président de la SNCB à 26 ans, chef de cabinet, à 27, la carrière parallèle de Louis Michel à l’époque n’est pas comparable. Louis Michel n’est pas sur le même pied que Didjé vis-à-vis de Gol. C’est l’homme à tout faire dont Jean Gol dira de lui avec un certain mépris : "Il ment même en dormant".
Mort subitement en 1995, un peu de la même façon que Philippe d’Orléans, régent de France, Jean Gol laissa choir le sceptre du président sans avoir eu le temps de désigner son dauphin : Didjé !
On connaît le don de Louis Michel pour le théâtre. C’est peut-être le seul à pleurer en public de vraies larmes ! Effondré devant les caméras, il recouvre ses esprits rue de Naples et s’impose sans trop de mal à être le premier à tenir les cordons du poêle.

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Le reste est bien connu. Michel se fait une réputation d’homme dévoué et raisonnable. Il est veule, vulgaire, mais cela ne se voit pas trop.
Quelques années plus tard Duquesne plie bagage et quitte la présidence. Louis Michel qui a pris la trogne d’un vigneron de Pommard a d’autres ambitions que la présidence. La Belgique est trop étroite comme ses vestons de l’année passée.
C’est Didjé qui monte sur le trône, après quelques mouvements de menton de Kubla et de Serge Michel.
C’est son mimétisme avec son mentor disparu, Jean Gol, qui vaut aujourd’hui à Reynders une rébellion inquiétante : méfiance envers tout le monde, acerbe à l’encontre des personnels des autres partis, mais aussi du sien, et enfin une ironie que les petits saisissent comme des injures et qui est l’apanage d’un homme plus cultivé qu’il n’y paraît.
Dans ce combat à distance, Maingain est pour Reynders et Deprez pour Michel.
Mais Deprez, fine mouche et s’il n’a qu’un génie, c’est celui de ramasser à chaque législature un mandat au Parlement ou à l’Europe par mille et une entourloupettes dont il a le secret, se demande s’il pourra finir en pantoufles à souffler des mandats juteux aux jeunes.
C’est ainsi que le journal satirique Pan fait mention d’une démarche du MCC de Deprez auprès de Joëlle Milquet pour rejoindre la Maison mère. Comme Milquet connaît l’oiseau, elle aurait refusé la proposition de l’opportuniste libéral.
Le conflit interne au MR, les hésitations de Joëlle Milquet à quitter la présidence du CDh, la dictature de Di Rupo qui tire à vue sur toute espèce d’idée qui n’est pas de lui au PS, l’aigle bicéphale Durand-Javaux chez Ecolo, les présidences en Belgique semblent être de la première importance dans la direction des partis. Ce sont elles qui conditionnent tout. Alors, c’est partout la foire d’empoigne et les présidents passent leur temps à flinguer ceux qui montent, plutôt qu’à réfléchir sérieusement à l’état de la Belgique.
Voilà le communautaire qui revient en force, avec nos présidents foldingues, nous n’avons pas vraiment les moyens de lutter. Heureusement que la Région germanophone vient à la rescousse pour nous procurer du bois de rallonge. Dire que les partis wallons et bruxellois sont lamentables, c’est une réalité qui fait prendre l’électeur pour un con.

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