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De la tôle à l’Audi.

La 14eme chambre du tribunal civil de Bruxelles a débouté, dans un jugement rendu mercredi dernier, Jean-Denis Lejeune d’une action intentée contre le journaliste du “Soir” Hugues Dorzée et sa rédactrice en chef Béatrice Delvaux.
C’est sous ce chapeau que j’ai lu l’enquête de Hugues Dorzée.
Le fait est rarissime, pour que cela prenne quelque valeur sous ma plume, je salue le journaliste pour son excellent travail, et je trouve la conduite du Soir exemplaire dans cette affaire pour me réjouir que Madame Delvaux ait gagné le procès.
Tout est clair, juste et bien détaillé. Ce journal a fait un travail de pro, celui d’informer de façon complète et honnête les lecteurs. Ce n’était pas facile, puisqu’il était impliqué au premier chef dans cette affaire.
Jean-Denis Lejeune aurait eu une conduite plus astucieuse en se faisant oublier, surtout après sa demande d’emploi dans la représentation politique au plus offrant. Même si cette façon de faire était sans doute assortie de quelques milliers de voix supplémentaires pour le parti acceptant l’offre, c’était une sacrée maladresse qui signifiait aussi que JDL n’avait aucune conviction bien particulière et que tous les partis en lice avaient leur chance. Et c’est là que le personnage inquiète, il n’avait pas réfléchi à ce qu’il y avait de choquant dans sa démarche.
Dans l’enquête du journaliste du Soir, apparaît – en marge du procès - une procédure d’attribution sur diplôme des postes dans l’administration, et que je suppose être du même ordre d’esprit dans la représentation nationale. J’estime ce procédé spécieux et par certains côtés tout à fait détestable, et cependant dans l’air du temps.
On estimerait donc qu’un diplôme fait l’homme et qu’un grade n’est accordé qu’à celui qui a les années de scolarité adéquates, signifiant ainsi que la seule compétence est du domaine de l’école.
C’est ainsi qu’on ne reproche pas à Jean-Denis Lejeune des fautes professionnelles, une inaptitude au poste que les Autorités lui avaient confié, non, on lui reproche de n’avoir pas fait d’études correspondantes au salaire qu’il a perçu.
Du coup, c’est toute l’aigreur des sous-chefs de bureau qui remonte des mille ulcères de jalousie que l’insoutenable discrimination débride !
Ce raisonnement conduit à la situation antidémocratique qui est la nôtre par l’envahissement des postes importants par une chiée d’avocats et de licenciés en sciences politiques. Pour avoir des diplômes, ils en ont. Ils n’ont même que cela, plus quelquefois « un ami de maman bien placé » pour le coup de pouce. Ils ont donc droit à la pâtée de type supérieur et à bouche que veux-tu. Sont-ils compétents ? Apparemment, vu l’état du pays, certains auraient mieux fait de choisir une profession adaptée à leur maladresse. Mais ils sont dans l’ordre établi par les règlements et leurs doubles gamelles sont légitimement acquises.

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Evidemment, avec ce système, le peuple dans sa presque totalité ne joue qu’un rôle très épisodique d’arbitre.
Quand il faut bien que ce joli monde se départage, le peuple qui n’est plus rien depuis longtemps, paraît d’un seul coup, d’un seul, hautement qualifié pour décréter que telle ou telle lumière, tel ou tel héros, sorti de Yale ou de Louvain, est dans la capacité de conduire le troupeau vers des contrées de cocagne ! Autrement dit, ceux à qui on dénigre le droit d’exister dans des fonctions importantes, auraient brusquement tous les talents pour démêler le bon grain de l’ivraie par un choix supérieur, celui de l’électeur !
Mais comment ferait-il, le peuple, à qui on interdit le droit d’intervenir, parce qu’il n’a qu’un diplôme de carrossier ? Et encore, existe-t-il vraiment des diplômes de carrossier ? On se le demande.
Evidemment, il y a aussi ce qui se passe en-dessous des stars, dans les cabinets, les hauts postes de l’Administration. Là l’usage est moins bien perçu des profanes et c’est à ce niveau que le carrossier de la Ville de Liège s’est fait bosseler la carrosserie, par des cols blancs qui n’ont le plus souvent que le mérite d’être sortis des études « on se demande bien comment » et dont la seule ambition est de finir leurs jours à côté du chauffage central dans le luxe des bureaux refaits en priorité. Ceux-là qui parfois ont l’oreille des vedettes, si bien que les manches de lustrine que l’on ne voit plus que dans un théâtre de boulevard du temps de Courteline, réapparaissent en filigrane sur les beaux costumes des ministres .
Plus bas, dans l’Administration profonde, le moindre échelon réclame son lot d’années d’école. Ce serait une bonne chose si ces écoles avaient pour but de former des citoyens et des hommes. Hélas ! on sait bien que les études supérieures ne sont là que pour la réplication de la société conservatrice et traditionnelle.
Jean-Denis Lejeune, n’était peut-être pas adapté à faire le métier qu’il était censé accomplir et dont le terrible malheur qui l’a frappé a été le tremplin. Electron libre, incapacité de se plier à la hiérarchie, sans doute il y a de tout cela dans son chef. On peut comprendre ce qu’ont souffert les surdiplômés de l’arrivée de ce Huron, comme celui de Voltaire reçu à l’Opéra !
Que va-t-on faire de l’icône se lamentent les élites !
Car ils sont emmerdés.
Comme ils souhaiteraient que l’intrus retournât à ses marteaux et ses tôles froissées !
On les comprend. Mais, mettez-vous aussi à la place de l’intéressé. Quand on a goûté à la grosse bagnole, à l’importance de rendez-vous et d’actions que l’on décide soi-même, qui font que le temps passe comme un rêve et que l’on se sente exister et être utile, difficile de remettre un bleu et d’entrer dans l’atelier en tapant sur le ventre de son voisin en jurant « Nom de dieu, t’as vu l’heure ? Voilà seulement une heure qu’on est dans cette foutue baraque ! Merde, encore six à tirer » !
Evidemment, Béatrice Delvaux et Hughes Dorzée, ne peuvent pas savoir cela…
C’est dommage, s’ils l’avaient écrit, ils auraient eu droit au prix d’excellence.

Commentaires

Vous êtes frustré d'un manque de diplôme? C'est vrai qu'un maçon ferait un bon ingénieur des ponts et chaussées, on apprend rien à l'école. Pourquoi être expert en analyse financière, une femme d'ouvrage avec 3 ans d'étude professionnelle et hop... La vrai démocratie.

Vous faites erreurs en pensant que j'en suis dépourvu. C'est parce que je suis de la "maison" que je parle en connaissance de cause. Croyez-en mon expérience, si je ne m'étais borné qu'à cela, je serais le roi des cons, alors qu'aujourd'hui, je n'en suis que le sous-préfet au champ.

Vous êtes quoi au final? Un prof de morale déçu, un ex-prof de fac en économie marxiste, un pensionné malheureux, un chanteur de jazz, une joueuse de ping-pong bretonne, etc? Vous tenez la longueur en philo, mais vous n'avez pas le genre psy ou socio (économie, c'est pas ça). Épistémologiquement parlant, vous n'êtes pas un adepte des sciences "dures". ??? Quoi (on ne demande pas qui)?

Je suis une pute agrégée de lettres qui s'emmerde entre deux passes. Je tue le temps comme je peux.
Tu piges, chéri ?
Quoique, j'aime assez la joueuse bretonne de ping-pong.
Eh oui ! mon con, je pisse assise...

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