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La tragédie européenne !

Tout ce qui procède du domaine de la supposition est aléatoire.
Être économiste et publier ses analyses revient à faire part au public de ses états d’âme.
C’est pourquoi le métier de prédire l’avenir de l’économie n’est pas facile à exercer.
On sent bien dans tous ceux qui en font profession et qui en plus l’écrivent dans les journaux, que la plupart sont convaincus de la pérennité du système en cours, d’autant qu’ils sont payés pour nous le faire savoir.
C’est plus facile et moins déshonorant d’être d’accord avec ceux qui vous paient de parler du beau temps, plutôt que de la pluie.
Ainsi, de Pierre-Henry Thomas (Le Soir du 6 février), je ne mets pas en doute la sincérité qui est la sienne dans le texte qui suit
« Les secousses financières actuelles ne sont qu'une réplique du séisme qui a frappé le monde à l'automne 2008. Il ne faut pas s'y tromper : si les Bourses chutent, si les taux d'intérêt des obligations d'Etat s'envolent, si l'euro baisse… si les marchés sont sens dessus dessous, ce n'est pas en premier lieu à cause de la Grèce. »
Ce qui ne m’empêche nullement de penser que c’est la plus grosse bêtise que j’ai lue de longtemps dans ce domaine, non pas que la Grèce y soit pour quelque chose, mais dans l’appréciation de la fin de la crise dont les remous actuels ne seraient que la réplique !...
Ce que nous vivons en 2010, n’est pas évidemment une réplique de la crise de 2008, mais la continuation de celle-ci qui ne s’est jamais arrêtée et qui poursuit ses ravages. Le répit que nous avons connu était artificiel et n’était en réalité que la reprise des bourses, c’est-à-dire de la spéculation, le seul indice qui peut valoir quelque chose aux yeux des financiers, que s’empressent de relayer des gens comme Thomas.
La suite de son article contredit, du reste, le début « Que voit-on en effet ? Les mauvaises prises de risques sont toujours autant encouragées par un système de rémunération toujours pervers. Les aberrations sont toujours présentes (est-il normal que le marché considère aujourd'hui qu'il y a plus de risque dans les obligations d'Etat que dans celles des entreprises ?). La spéculation n'est pas jugulée (lorsque UBS dit que la Belgique pourrait être la Grèce de demain, est-ce dénué d'arrière-pensée sonnante et trébuchante ?). Le système bancaire de l'ombre (fonds spéculatifs et autres) que l'on s'était pourtant promis d'éradiquer, s'en donne à cœur joie. Le marché des produits dérivés, et plus spécialement des dérivés de crédit, n'est toujours pas dompté. Et les agences de notation prennent toujours des décisions perturbatrices. Bref, le système reprend ses mauvaises habitudes. Il faudrait bien un jour qu'on se décide à les lui faire perdre. »
C’est déjà beaucoup mieux, sauf que le système ne reprend pas ses mauvaises habitudes puisqu’il ne les a jamais perdues !
Dans l’état malheureux où nous a précipité un système au bout de sa logique et dont il faudrait se séparer sous peine d’une dévastation générale des économies dont personne n’a idée, pourquoi les Européens sont-ils plus fragilisés que l’Amérique et surtout pourquoi seront-ils les premiers à tomber du château de cartes capitaliste, bien avant les Américains ?

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C’est tout le paradoxe d’une Europe en panne, qui regorge de fonctionnaires à ne plus savoir en faire, dont quelques postes prestigieux nouveaux qui, en réalité, sont des machines inutiles.
L’Europe refait en Haïti le coup du Kosovo, elle donne beaucoup, sans pour autant être réellement présente et prendre des initiatives. Elle laisse l’impression d’avancer en ordre dispersé sur les grandes causes humanitaires, comme elle donne l’impression de vacuité par son absence dans les graves décisions économiques qui devront être prises par ses Etats membres.
Elle progresse depuis Lisbonne d’un échec majeur à un autre…
Les chefs d’Etat comme Angela Merkel et surtout Nicolas Sarkozy devaient être les moteurs de l’Union européenne. Ils en sont en réalité les fossoyeurs.
Il n’est plus question de lutte de prestige entre Etats membres, mais d’être unis pour faire face aux bouleversement qui s’opèrent devant nos yeux, hors de notre capacité d’intervention.
D’échec en échec, de Tokyo à Copenhague et maintenant à Davos, l’Europe promène son désir de bien faire, mais ne propose rien après les discours à l’arraché de ses ténors.
Et ce n’est pas en se disculpant en montrant la Pologne du doigt, qu’on se satisfera à l’avenir des raisons à ne rien faire.
Je n’ai jamais été un partisan convaincu de l’Europe, les pays qui la composent sont bien trop vieux et trop profondément inscrits dans leurs égoïsmes et leur aptitude à rabâcher un passé qui les a jetés au cours des siècle les uns contre les autres, pour jouer aujourd’hui les fanatiques de l’Europe. Mais si je ne l’ai jamais été, c’était parce que l’Europe nourrissait et nourrit toujours des projets du plus pur capitalisme qui soit et qui se voudraient à présent mondialistes. Or, ce libéralisme aveugle est absolument dépassé et ce n’est pas moi qui le dit, mais Barak Obama et son administration démocrate.
Alors, puisque « le bazar » existe, face au désordre mondial, ce n’est plus le moment de « baraguouiner », alors qu’on s’attaque à l’euro et que déjà des économistes pensent que la monnaie unique pourrait voler en éclats.
Les Américains ont envoyé 16.000 hommes en Haïti en un temps record. Nous aurions dû en envoyer autant et le faire savoir. La Chine est pour l’heure en train de prendre tous les marchés en Afrique et est présente à tous les échelons, notamment à Kinshasa puisqu’elle en est à refaire les routes, nous devrions multiplier notre présence sur ce continent et faire aussi bien qu’elle, bref, nous devrions ressortir quelques grandes règles d’une économie pour et par le peuple et nous les appliquer sans les proposer aux autres.
Nous devrions renvoyer à leurs chères études tous les partis libéraux et leurs alliés socialistes qui nous ont conduits à la banqueroute et faire du neuf puisqu’il y a une volonté des citoyens de changer la politique.
Bon… bon,.. au fait, pourquoi notre nouveau ministre des affaires étrangères, la Britannique Catherine Ashton ne s’est-elle pas précipitée en Haïti ? Réponse ; parce qu’elle n’avait aucun moyen, ni aucun pouvoir d’agir au nom de l’Europe.

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