« Match exhibition à la RTBF | Accueil | Coup de pied au culte de JMJ ! »

PS Story.

Dans son dernier film « Capitalism : a love story » (au Churchill cette semaine), Michael Moore se dit surpris de voir le libéralisme si peu critiqué par ceux qui en souffrent le plus !
Il aligne les faits avec un rien de machiavélisme, puisque ce film sera (peut-être ?) regardé par les classes moyennes et populaires, désormais dans le même sac de nœuds.
En 1980, aux States évidemment, pays de la connerie militante du business, le rapport des salaires était de 40 entre le plus bas et le haut, en 2005, il était de… 411 !
On est en plein dans une dérive que la crise de 2008, loin de la freiner, semble l'avoir accélérée.
Comment et pourquoi les centaines de milliers d’Américains surendettés, expulsés de leurs logements par les services de police (les huissiers n’y auraient pas suffi) ne se sont-ils pas révoltés ?
L’Europe, à l’exemple de l’Angleterre première en ce qui concerne le suivisme dans sa passion de ressembler à son ancienne colonie, bascule dans la démesure identique avec son cortège d’horreurs, fermeture, faillite, misère, creusement des inégalités, asphyxie volontaire des services publics. Et que voit-on ? Les partis libéraux, loin de perdre des voix, en gagnent ! C’est-à-dire que ceux qui se sont trompés et qui nous ont trompés sur toute la ligne se voient renforcés dans leur démarche ! Ils triomphent de la dégringolade générale. Leur arrogance atteint des sommets ! Le dernier discours à Liège de Didier Reynders en assemblée du Mouvement Réformateur en témoigne.
Et le socialisme me direz-vous ? Il aurait beau jeu de relever la tête, de dire aux gens « voyez ce qui arrive, je vous l’avais bien dit ! ».
Eh bien ! non. Le socialisme ne moufte pas. Il se dit malheureux de ce qui arrive aux gens, mais ne fait rien pour en montrer les causes et donner de l’espoir. Au contraire, que dit-il ? Il faut se retrousser les manches et aider à la roue de la charrette pour sortir de l’ornière. Il offre ses services aux propriétaires de la chose économique. Il prépare des plans de relance et de redressement. Justement ce dont les épiciers du MR ont besoin ! Pour cela, il ne réclame rien en échange, si ce n’est un peu de « compassion » pour les victimes !
Evidemment, les responsables socialistes ont leur part de responsabilité dans l’avarie sociale, puisqu’ils ont été les auxiliaires des libéraux depuis qu’ils ont renoncé aux principes de la lutte des classes pour se lancer dans une théorie sur le bien-être collectif, la « social-démocratie », ce qui évidemment a beaucoup contribué à leur promotion personnelle.
En Belgique, ils ne le disent pas comme en France, mais si le ton n’y est pas, le cœur y est, le socialisme de collaboration au système libéral n’y adhère pas que par intérêt, il y adhère aussi par principe.
Un bref rappel de la profession de foi « Le libéralisme est d’abord une philosophie politique et j’y adhère » (Bertrand Delanoë), « Le libéralisme politique est depuis l’origine indissociable du socialisme démocratique » (Ségolène Royal).
Nul doute qu’en fouillant dans les discours de nos parangons vertueux du PS, au fond d’une armoire du local du boulevard de l’Empereur, on trouverait pareille envolée.

049a.jpg

Qu’est-ce que le socialisme suivant l’esprit de celui qui en premier forgea le mot, Pierre Leroux en 1834 ? C’est la soif d’une justice égale pour tous, la remise en question des moyens de production afin d’étendre le progrès à la classe laborieuse, la conscience que la société n’est concevable que dans une morale qui embrasse tous ses membres, en n’en privilégiant aucun.
On n’en est plus là dans les partis socialistes. On en est même très loin. Cette mutation fut imperceptible. Elle se vécut dès la fin de la guerre de 14-18, dans l’évolution des coopératives, des syndicats, de l’aide aux malades et handicapés et du POB, par la lente possession des bureaux et des instances par une armée de fonctionnaires, remplaçant progressivement l’altruisme, les dévouements, les volontés indépendantes, passant du POB au PS d’aujourd’hui.
Le premier à dévisser et se dissoudre fut le système coopératif, étouffé de l’intérieur par ses élites franc-maçonnes et étranglé de l’extérieur par les magasins de grandes distributions ; les syndicats devinrent des bureaux de droit des travailleurs, après quelques grèves retentissantes qui échouèrent avant d’entrer dans le système, reconvertis en « facilitateurs » du dialogue patron-personnel ; les mutuelles se dégagèrent des bricolages du début pour devenir une entreprise quasiment anonyme, ne dépendant plus du socialisme que par les mouvements de son personnel et quelques « coups de main » aux « camarades » socialistes ; enfin, le parti entré complètement dans l’ère universitaire où les avocats dominent, complètement coupé de sa base, est aujourd’hui ce monstre froid qui accompagne d’autres monstres froids et indifférents de la droite capitaliste.
Cette lente altération du sens s’achève aujourd’hui.
Le PS ne tient plus que par l’égoïsme de masse, le plus stupide qui soit, puisque cet égoïsme fait qu’aujourd’hui presque plus personne n’en tirera bénéfice, et puis aussi, par l’inquiétude de changer à la fois son train de vie et sa façon de penser.
« Philosophie Magazine » dans son numéro de février analyse la situation. Cette publication cite Alexis de Tocqueville à propos de cette liquéfaction du socialisme « Je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leurs âmes. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger de la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute espèce humaine. »
Ecrit en 1840, Tocqueville savait comme la démocratie pouvait se dissoudre dans le capitalisme par la somme des égoïsmes.
Aujourd’hui, même nos enfants sont en danger !

Poster un commentaire