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Âme de la brousse.

L’église de Rome se trouve au centre d’une affaire de pédophilie, bien sûr assez ancienne puisqu’elle date des années 70, qui refait surface en raison de la Région dans laquelle se situent ces faits puisque le pape actuel y est originaire, mais aussi parce que son frère, actuellement évêque, a été longtemps le directeur d’une chorale d’enfants dans laquelle certains actes délictueux ont été commis, sans que celui-ci y soit directement mêlé.
Cela nous conduit à reposer une nouvelle fois la question du célibat des prêtres et la raréfaction des vocations à partir de cette abstinence contre nature.
De quel droit, diront les catholiques, un athée se mêle-t-il de nos affaires ?
Du même droit qu’un citoyen dit son horreur de l’excision clitoridienne sans être Guinéen.
Des observations de psy montrent l’existence d’une psyché inconsciente. Deux personnalités peuvent cohabiter dans un seul individu. Cette cohabitation devient un facteur à risques, sans être nullement un symptôme pathologique, quand la libido fortement sollicitée par la pulsion ne trouve pas d’exutoire par un acte sexuel normal.
Cette inconscience de l’héritage de ces deux personnalités en nous est une véritable aberration, rendant l’église moderne complice de ses prêtres pédophiles.
Le névrosé dont la main droite ne sait pas ce que fait sa main gauche n’est pas propre à la prêtrise, mais le célibat est un facteur déterminant en l’occurrence. Cela ne veut pas dire que tous les prêtres sont pédophiles, mais cela veut dire que leur abstinence dispose plus d’un à l’être.
Ce sont les mystères de la psyché qui ne peuvent d’aucune manière se confondre avec notre conscience et son contenu.
Ainsi, agissant sous une influence irrésistible de la pulsion, certains prêtres deviennent des êtres amoraux et dangereux. Ils s’apparentent ce que les primitifs désignent comme « bush soul » (âme de la brousse).
Certains prélats ont pris conscience de l’amplitude du phénomène, comme, par exemple, l'archevêque de Salzbourg : "Le temps et la société sont différents du passé. L'Eglise doit se demander si elle peut entretenir ce mode de vie et ce qu'elle doit y changer."
Le Vatican reste insensible. L’âge canonique des pères de l’église semble y être pour quelque chose. L’Eglise a balayé toute évolution de la tradition catholique en la matière. Le pape a réaffirmé la "valeur du célibat sacré". "Le célibat est le signe de la consécration tout entière au Seigneur", a-t-il insisté lors d'une rencontre avec la Congrégation du clergé.

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La théologienne Marie-Jo Thiel évoque une "culture et une philosophie cléricales, avec une conception de l'autorité qui permet de se mettre au-delà de la justice, de la démocratie, de toute transparence". Un juriste proche de l’épiscopat français expose son opinion à la critique : "Longtemps le clergé a considéré la pédophilie comme une faiblesse passagère, au même titre qu'une liaison avec une femme ou un homme, alors que l'on est là face à un acte criminel. La culture du secret et de l'étouffement est une tradition dans l'Eglise, qui a toujours préféré arranger ses affaires avec sa propre justice, au nom de sa suprématie et de son autonomie".
Molière fit dire à Tartufe, il est vrai faux dévot «Ah ! pour être dévot, je n’en suis pas moins homme… » et un peu plus loin du quatrième acte : « Et le mal n’est jamais que dans l’éclat qu’on fait / Le scandale du monde est ce qui fait l’offense / Et ce n’est pas pécher que pécher en silence. »
Tout le drame de l’église gît dans ces quelques vers, qui 350 ans plus tard, n’ont pas pris une seule ride.
Cette peur des femmes et du mariage des prêtres ne datent pas d’hier. Une hérésie du deuxième siècle, celle des Androniciens, prétendaient que la moitié supérieure du corps des femmes est l’œuvre de Dieu, et la moitié inférieure, celle du démon !
Ces étranges anatomistes misogynes quoique excommuniés ont pourtant fait souche, à entendre toutes les précautions oratoires que les prêtres, dont le pape, usent en parlant du sexe.
Tous oublient et le pape Ratzinger en premier, que dans le premier récit de création de la Bible juive, Dieu créa l’homme « mâle et femelle », c’est-à-dire androgyne (GN 1/27) (1).
Alors, pourquoi faire tant d’histoire pour que nos compagnes « couvrent ce sein que le prêtre ne saurait voir » puisque homme et femme ne font qu’un, ce dont devrait pouvoir se servir Elisabeth Badinter dans son futur livre sur l’inégalité des sexes.
Ce passage de la Bible est repris ensuite par Jésus dans les évangiles (Mt 19/4 – Mc 10/6).
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1. Michel Theron, Petit lexique des hérésies chrétiennes, in Albin Michel, 2005, page 49.

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