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On vote en France dimanche.

Aucun sujet digne d’intérêt ne balise la semaine de sa nécessaire présence.
Les élections en France ?
Ah ! oui, tout le monde avait oublié. Pourtant en Wallonie, on s’est beaucoup attaché aux élections en France par le passé, plus que pour les nôtres. On dirait que la désaffection pour le scrutin est de la même nature de part et d’autre de la frontière.
C’est qu’on n’y croit plus, ici comme là-bas, tant les discours et les actions des politiques sont en décalage avec ce que le peuple pense du malheur qui s’est abattu sur lui un jour de septembre 2008. Les citoyens estiment aussi que parler de reprise et de redémarrage est une insulte de plus qu’on leur fait.
Avec Alain Badiou, on pense que la démocratie s’est fait la malle… et qu’on n’est pas prêt de la revoir.
La gauche, la droite, franchement la différence tient en deux mots : insignifiance générale !
S’il me fallait voter dimanche en France, moi qui n’aime pas la pêche, je m’en irais taquiner le goujon avec tous les « mauvais français » qui depuis dimanche dernier, on le sait, ont la majorité absolue.
Alors, messieurs les cocardiers, un peu de retenue, vous insultez une majorité !
Les magazines l’ont compris qui visent le gros des franchouillards : Carla est-elle botoxée ou non ? Sarko est-il à nouveau cocu ?
On se pose la question parce qu’un président cocu systématique ne fait pas la réclame du Français dans l’Europe du plumard et qu’il faut bien occuper les gens par du transcendantal de bazar.
Quant à la gauche, franchement si elle était enfin représentée par quelqu’un qui ose couper les amarres avec le néolibéralisme et qui le dirait haut et ferme « Si vous votez pour moi, ça va valser du côté des banques, des stocks options et du reality-show des traders. Les décors des paradis fiscaux, c’est fini. » on pourrait se lever tôt assez pour faire « son devoir » avant la fermeture des bureaux de vote.
On le sait, la panade, dans laquelle nous sommes, plombe le système. Ni Mélenchon, ni le gentil facteur, ne pourraient changer les cartes biseautées sans que ça tourne à l’émeute. On irait justement pour ça. Ne vaut-il pas mieux de courir le pavé avec les flics au train, quand on a le ventre plein, plutôt que dans quelques années, quand la moitié de la population regardera l’autre moitié en train de bouffer ?
On espérait que Martine Aubry, dans sa soif de réformes en profondeur, avait magouillé et bourré les urnes, afin d’empêcher M’ame Royal de tremper son biscuit dans le service de porcelaine de Sèvres de Bayrou.
A gauche, on a vu que les grands destins ne sont pas le fait d’enfants de chœur, les Staline, Mao, Lénine et consort n’ont jamais fait que rouler le monde, justement au nom du peuple. Après six mois de castagne, Aubry s’est installée dans le rôle de chef, sans qu’elle ait besoin d’affirmer sa différence avec le pouvoir. Mieux, elle rassure ceux du PS qui n’ont pas l’esprit d’aventure..
Alors, en attendant d’asticoter le poisson sur la Marne, puis d’en faire une friture avec le rituel coup de blanc, l’électorat musarde et pense à autre chose.

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Si la vraie actualité est peu fournie, pour la simple raison que les grands événements apparaissent sur trois lignes, et que les non-événements barrent la une sur toute sa largeur, réjouissons-nous que la nièce de Drucker, Marie, ait rencontré l’amour dans les bras de Gad Elmaleh. Tout le monde s’en contre tape la suspension, mais quand on n’a que ça pour travailler sa culture, il faut bien faire avec. Mieux vaut de voir ces deux perdreaux de l’année qui l’étaient déjà au siècle passé, s’envoyer des câlins en public, plutôt que s’emmerder à un discours de Martine essayant de nous faire croire que les Régions socialistes, alors qu’elles l’étaient déjà, vont révolutionner la pensée militante, transpercer la crise économique et répandre les cornes d’abondance là où elles manquent tragiquement, voir Frêche, à deux doigt d’expirer le souffle court, déclarer au micro que la fille Delors est une gourgandine ou de s’envoyer à la tête les chiffres du chômage en forte hausse !
On sait bien que Marie et Elmaleh, ça ne durera pas, qu’importe on est heureux qu’un clou chassant l’autre, on ne se soit pas trop attardé sur l’enterrement du poète à Antraigues-sur-Volanes. C’est très mauvais de relater pareil événement, ou alors un mort très lointain, du côté de Beverly-Hills, c’est bon, ça touche moins.
Comme la mort est escamotée depuis qu’on ne la voit plus que dans les funérariums, faire du ramdam sur un décès, c’est on ne peut plus mal vu. Le podium n’était pas rempli du tout Hollywood, c’est dommage, en captant l’attention des foules, les vedettes venues d’ailleurs font qu’on ne voit plus les cercueils et que les douleurs éparses se dissolvent dans la demande d’autographe. Isabelle Aubrey ressurgie du passé « mon dieu, qu’elle a changé ! », c’était plutôt accablant et mortifère.
Bref, les Français vont voté dimanche. Je les plains !...
Si les abstentionnistes sont aussi nombreux au deuxième tour, nous aurons cette chose curieuse de voir une minorité de votants se déchirer en deux camps, alors que la majorité s’en fout. Enfin, elle s’en fout d’un événement qui fait partie d’une France qui n’est plus la sienne.
Bien entendu, revenu de la pêche bredouille, on pourra quand même se féliciter que la gauche bat la droite sur toute la ligne, parce qu’on n’aime pas Sarko et qu’au moins la défaite du cocu systématique va sans doute déboucher sur quelques règlements de compte dans le gouvernement Fillon. Et voir quelques grandes gueules disparaître dans l’anonymat, si cela ne change pas grand chose, au moins ça fait plaisir.
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