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Le PS : cache-sexe du néolibéralisme

Dans ce monde voué à l’industrie et à la spéculation financière, les opinions des écrivains et des artistes des grands événements mondiaux ne pèsent pas lourd.
L’efficacité a supplanté l’éthique.
On trouve naturel d’être inondé de produits made in China. La supériorité de la Chine réside dans le réservoir inépuisable d’une main-d’œuvre bon marché.
Loin de valoir un progrès intérieur, cet essor chinois qui se mesure à coups de Bourse et de statistiques de performance en Occident, ne rend pas plus libre ni plus belle la vie de centaines de millions de paysans chinois devenus citadins et esclaves de l’industrie, en même temps que cet esclavage à comme effet en Europe de faire tourner la roue du progrès social à l’envers, réduisant les salaires, augmentant le chômage et aggravant la pauvreté.
Où est le temps où chaque parole et chaque geste des élites socialistes et communistes dans nos pays avaient un pouvoir universel ?
Ce fut longtemps une naïveté bien française de croire cela, mais une naïveté généreuse qui avait ses prolongements en Belgique.
Cela disparut à la guerre de Corée, début des années cinquante, aux frimas de la guerre froide.
Aujourd’hui, les partis socialistes français et belges sont dans les mains de bobos. Les querelles idéologiques entre Camus et Sartre, ont fait place à la querelle des dames Ségolène et Martine.
L’une a eu son jour théâtral avec son meeting « solidarité », l’autre ne pouvait pas – puisqu’elle n’a aucun charisme - prétendre à la gloire des planches, aussi a-t-elle choisi « une bataille d’Hernani » entre bobos pour se doter d’une devise, tout à fait comme en Belgique quand dame Milquet nous ressert « L’union fait la force ».
Le salut de la gauche passe-t-il par le « care » ?
Telle est l’interrogation de Martine Aubry en ce mois de mai 2010.
Diable, un mot d’anglais pour une population francophone et guère polyglotte, voilà bien ces partis jadis de gauche, aujourd’hui traversés de courant, plongés dans des calculs d’épicier, et qui pourraient, comme en Belgique, s’acoquiner avec des partis de droite pour former des gouvernements !
Le « care » pour ceux qui ont séché l’anglais, n’a pas de sens exact en français. Pour les philosophes cela pourrait vouloir dire « altérité », pour faire plus simple et pour entrer dans la culture cinématographique de ces dernières années, « Le goût des autres » apparaît une définition judicieuse.

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C’est une Américaine, Carol Gilligan, qui a lancé « la mode » du care par un livre « Pour une éthique du care », paru en 1982.
Vingt-huit années plus tard, contrairement à la logique qui aurait voulu que l’Armée du Salut s’emparât du mot, c’est la première secrétaire de la glose socialiste qui en fait usage !
Nul doute que le chef du PS belge – friand lui aussi de formule – en panne du point de vue social, ait envie de faire du « care » son slogan de « combat » pour l’après 13 juin, quand il faudra dire aux travailleurs que comparativement aux Chinois, l’homme de peine belge est formidablement payé.
Pourquoi pas la réouverture des « ouvroirs » avec les femmes d’œuvres du parti tricotant des écharpes pour les enfants d’ouvrier ? On se souvient par le passé du Vestiaire libéral qui faisait du care sans le savoir et duquel certains de mes compatriotes liégeois reçurent une mallette en bon cuir brut.
Car, c’est malheureusement le sort des partis socialistes d’Europe qui ont choisi le camp capitaliste dans la pure loi libérale, de ne pouvoir plus faire autre chose que du « care », c’est-à-dire de l’assistance !
L’économiste français Gréau, qu’on n’invite jamais, avec Elie Cohen et combien d’autres à la RTBF à la suite des pressions de la bande des Quatre, a écrit à propos du Care « Le care a les faveurs de tous ceux qui, par-delà Martine Aubry, ne veulent pas remettre à plat le système et notamment bancaire. C’est le cache-sexe compassionnel du néolibéralisme ».
On ne peut s’empêcher de penser que c’est tout à fait l’idée que l’on se fait d’Elio Di Rupo, le voilà bien notre cache-sexe compassionnel du néolibéralisme !
Guerre de Corée, ère atomique, le pigiste compassionnel Marcel Sel semblait regretter dans Télépro magazine, les temps révolus de la guerre froide.
On devrait plutôt regretter que le mouvement socialiste en tombant dans les mains de bobos ait perdu la maîtrise des événements, le pouvoir de les susciter et de les conduire.
Et je pense à cette réponse à Janson d’Albert Camus dans la revue « Temps moderne » en 1952 : « Je commence à être un peu fatigué de me voir, et de voir surtout de vieux militants qui n’ont jamais rien refusé des luttes de leur temps, recevoir sans trêve leurs leçons d’efficacité de la part de censeurs qui n’ont jamais placé que leur fauteuil dans le sens de l’histoire ».

Commentaires

Hi, Duke. En quoi le pigiste compassionnel que je suis semblait-il regretter la guerre froide ? N'auriez-vous pas fait un raccourci bizarre ?

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