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Dans les coulisses du fric.

Rentiers, spéculateurs, petits épargnants, chômeurs, classe moyenne, tous ont ressenti la crise de 2008 plus ou moins fortement dans leur vie quotidienne.
Des économistes de renom, mais qui n’ont pas d’audience dans les médias et, par conséquent ne sont pas connus du grand public, avaient prévu le plongeon des bourses et des banques. Je n’en citerai qu’un, parce qu’il est Belge, c’est le professeur Paul Jorion. Mais, il y en eut bien d’autres qui n’eurent pas les honneurs des gazettes et qui auraient mérité de les avoir, bien mieux que les mirliflores à paillettes qui ne surent et ne virent rien et que l’on continue de considérer comme des augures et que l’on consulte à tout propos.
Instauré aux Etats Unis depuis 1934, la SEC, acronyme de « Securities and Exchange Commission » est l'organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers, le « gendarme de la Bourse » en Amérique, aux fonctions semblables à l'AMF français.
Ce n’est pas rien, la SEC dispose de 4 divisions, 18 bureaux et emploie environ 3.100 personnes, avec 11 bureaux régionaux répartis dans les États-Unis, et elle n’a rien vu venir !
C’est seulement après plus d’une année et demie de déboires financiers, d’une crise larvée qui plombe les économies, endette les Etats, réduit à rien les espoirs de croissance, multiplie les faillites et laisse sur le carreau plus de 30 millions d’Américains, que le président Obama vient de poser la question de l’utilité d’un pareil organisme !
Pourtant les lois financières qui régulent le marché proviennent du principe que tout investisseur, doit avoir accès à un minimum d’informations avant d’acheter et pendant toute la durée de détention des actions. La SEC a pour mission de veiller à l’application des nouvelles lois financières, promouvoir la stabilité des marchés et protéger les investisseurs des abus de sociétés relatifs aux achats et ventes d’actions, comme de veiller à la véracité des informations rendues publiques des sociétés cotées en bourse.
On a vu qu’avec la titrisation des « chiens crevés » la SEC n’a pas bronché.
Alors, de là à se demander à quoi sert-elle ?

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Il en va de même des organismes financiers de contrôle, comme les agences de notation ; mais, privées celles-là, la méfiance de l’ultra libéralisme doutant de « l’honnêteté » des initiatives de l’Etat, ce qui est le comble du cynisme !
Est-ce le coup de gueule de Barak Obama ? La SEC vient d’épingler Moody’s, une agence privée de notation américaine. C’est une grande première. La loi de réforme de la régulation financière promulguée en juillet donne à la SEC le pouvoir de suspendre l’activité aux Etats-Unis d’agences de notation qui commettraient des erreurs manifestes et répétées.
C’est un signe, faible encore, d’une reprise en main du politique sur l’économique. C’est que les agences de notation jouent un rôle considérable sur les taux de remboursement de la dette des Etats. On l’a vu avec la Grèce qui n’en finit plus de payer des taux d’intérêt à la hausse et qui peine à rembourser.
Fin de l’année un rapport sur les produits toxiques imaginés par les banques et qui ont été à la base de la crise de 2008 est très attendu par les milieux économiques.
Le grand public n’imagine pas à quoi tient parfois l’emploi, le salaire et dans un ordre plus général, le niveau de vie des populations dont la nôtre.
On a peine à s’intéresser à des articles sur l’économie et les finances parce qu’en général ils sont écrits en jargon de spécialiste.
Parfois, un vulgarisateur lance une bombe dans les médias et qui fait mouche. Mais, la plupart du temps le grand public reste en-dehors des débats, parce qu’on souhaite qu’il y reste et qu’on ne fait rien pour chercher parmi les plumes financières, celles qui feraient comprendre les mécanismes souvent crapuleux du système financier en termes simples et directs.
Michael Gordy et Sren Willemann, de la banque centrale américaine qualifient les CPDO « Constant Proportion Debt Obligations » d’exemples monstrueux des excès de l’ingénierie financière sur le marché du crédit. Ils exposaient dans un article paru en mai dernier les lacunes inhérentes au processus de notation.
C’est dommage que les papiers de ces gens-là ne se lisent pas comme les Harry Poter. On n’en serait peut-être pas à nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

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