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Pas que la Dendre qui déborde…

Aux questions métaphysiques « Qui suis-je ? D’où viens-je ? Où vais-je ? » Pierre Dac avait répondu « Je suis moi. Je viens de chez moi. Et j’y retourne. ». A propos de la crise qui secoue notre belgitude, que répondrait Dac aux trois questions nationales, sans que le microcosme de nos puissants en soit autrement perturbé « D’où vient-on ? Où en est-on ? Où va-t-on ? ». De ce qui précède, s’il était encore parmi nous, le chansonnier aurait pu répondre « On vient de nulle part. On n’est nulle part. On y reste ».
On n’a jamais vu sept partis politiques discuter d’un gouvernement de coalition et mettre autant de temps à trouver un accord. Mieux, au 158me jour rien ne semble acquis. Cela semble plus bouché que jamais.
Indifférence générale ou anxiété secrète dissimulée, les gens vaquent à leurs petites affaires sans montrer une agitation quelconque au vu des tentatives de Vande Lanotte, conciliateur du roi. En a-t-on vu défiler pourtant des gens capables et surentraînés du préformateur, au clarificateur, de ces intelligences prométhéennes comme on n’en fait qu’en Belgique !
Peine perdue. Toutes ces encyclopédies vivantes dès qu’elles se mettent autour d’une table, tout en exaltant l’intérêt général, n’écoutent plus que leur égo, pour ne rien conclure.
Pourtant, même la NV-A veut garder une Belgique dans sa forme actuelle, avec ses frontières externes et internes délimitant les Communautés, et l’organisation à Bruxelles du petit ménage franco-flamand dans une forme fédérale, voire confédérale, pour ceux qui préfèrent le préfixe.
Faut-il voir dans cet immobilisme tragique le trop plein débordant de neurones de l’Haut-lieu ? On a vu à Byzance les plus brillants esprits sombrer dans l’abstraction infinie afin de suggérer les moyens de sauver la ville, jusqu’au moment où ils furent surpris par les Turcs dans la salle de conférence tandis qu’ils délibéraient et étaient indécis sur les mesures à prendre pour repousser l’envahisseur.
Nous ne sommes pas menacés par Mehmet II, est-ce une raison pour faire durer les négociations jusqu’à ce que cela soit le cas ?
Cette question qui tarauderait tout esprit sauf en Belgique « La création d’un gouvernement doit-elle succéder à des élections démocratiques dans les plus brefs délais afin que soit respectée la volonté des citoyens ? », n’a pas l’air de nous intéresser plus que cela.
Nous avons gardé l’ancien gouvernement, excellente chose quand dans les quinze jours celui qui correspond à la nouvelle donne électorale prend naturellement sa place.
Mais si six mois plus tard l’ancien est toujours en place, force est de constater qu’il n’est plus en adéquation avec la démocratie qui s’est exprimée. Par exemple, les libéraux qui s’y trouvent toujours et qui ne devraient pas être représentés dans le futur gouvernement, n’y ont plus une place légitime.
Dans l’endormissement général, je suis probablement le seul à soulever ce problème éthique. Au contraire, puisqu’il est question que le parlement confère à Leterme des pouvoirs plus étendus, presque identiques à ceux d’un gouvernement élu reflétant les modifications en nombre de sièges du dit-parlement.
Cela n’a l’air de rien, mais si le parlement donne des pouvoirs élargis à un gouvernement démissionnaire, nous ne sommes plus vraiment dans les formes d’une adéquation entre les électeurs et le pouvoir.
En effet, ce serait un pouvoir non élu qui dirigerait le pays, comme si de rien était.
Je me demande ce que Delpérée pense d’un pareil régime et s’il y souscrit ?
Ou alors la nécessité prime le droit, et il est inutile d’organiser les futures élections. On trouvera toujours bien parmi nos brillantes personnalités quelques astucieux personnages pour inventer au fur et à mesure des nécessités nouvelles.

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De ces sombres perspectives peuvent néanmoins surgir des situations inédites. Et si la Belgique restait telle qu’elle est dans l’expectative d’un gouvernement fédéral ? Les Régions sont actives et le fédéral ne l’est pas. Et alors ? On fermerait le 16, rue de la loi. On liquiderait une armée inutile et onéreuse et nous n’aurions plus à l’étranger d’autres représentations que celles des affaires commerciales et du tourisme des régions.
Le roi resterait en place pour le côté folklorique. Les visites guidées des palais et de la famille royale dans son vécu de tous les jours serviraient à payer les frais d’entretiens. On laisserait le soin à une noria de notaires de définir la provenance et la propriété des biens communs litigieux et Bruxelles pourvoirait à ses propres besoins en taxant ceux qui y travaillent.
Les problèmes linguistiques seraient transférés à la Commission européenne des droits de l’homme, ainsi que les litiges territoriaux.
Les Wallons et les Bruxellois auraient plus de chance à être entendus par les Polonais et les Anglais que par les Flamands.
Les fanatiques belgicains et flamingants pourraient se dire satisfaits et nous pourrions vaquer chacun dans notre région à la préparation du combat futur contre la crise nouvelle attendue pour 2012.
Nos Byzantins futés (1) pourraient se réunir tout leur saoul, à perte d’année, dans des salles de réunions prévues à cet effet et les citoyens s’occuperaient sans eux du déficit démocratique chronique, dont ils souffrent depuis 1831.
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1. Bien entendu, nous aurions toujours des Byzantins de gauche et des Byzantins de droite.

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