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De nuageux à découvert bancaire…

Colloque singulier entre Vrebos et un quarteron de ministres d’Etat à la retraite (si l’on excepte De Croo père en activité). Sans enjeu et de pognon à ramasser, les anciennes gloires sont cools. On comprend pourquoi le mastic plus frais bouchonne dans les conduites.
Nos loustics mandatés par le peuple sont-ils responsables de tout ? Ne sont-ils pas à la fois victimes et manipulateurs du système ? Les anciens auront beau parler des conséquences désastreuses de la crise politique s’ajoutant à la crise économique, il eût été plus intéressant qu’ils livrassent leur point de vue sur les causes de la dérive capitaliste. Le seul risque, c’était de voir Vrebos sombrer dans la langue de bois.
C’est toute l’ambiguïté des médias en première ligne.
Les techniques de l’esquive en matière d’information sont bien connues.
Le procédé qui consiste à informer le public d’une actualité, puis l’abandonner en cours de route et se jeter sur une autre quand cela devient gênant, n’est pratiqué que pour vendre du papier, pour tarifer les publicités télévisuelles (AUDIMAT) et enfin, pour rester en bons termes avec le pouvoir en place. C’est par intérêt financier qu’on agit dans les milieux qui traitent de l’information.
Cette pratique courante aboutit à un manque de pièces pour nourrir la critique grand public. Dans une démocratie par délégation des pouvoirs, c’est fâcheux.
C’est le moins de savoir si les promesses sont suivies d’effets et les mesures effectives. Combien de fois n’apprend-on pas incidemment que des lois, pourtant votées, n’ont jamais été d’application à cause des arrêtés non publiés.
On pourra dire « le public n’a pas suivi ». Difficile de savoir si c’est à cause des informations déficientes ou si c’est par lassitude d’un sujet qui n’intéresse plus ?
Il y a un facteur d’oubli dans la présomption d’innocence, quand une affaire qui a soulevé les polémiques rentre dans l’anonymat. Parfois, on ne saurait dire pourquoi cette présomption d’innocence est respectée à certains moments et à d’autres non, surtout quand les fuites sont organisées par des membres de la justice ?
L’affaire Woerth-Bettencourt est un exemple récent. Même si la mère et la fille ont conclu un accord, il est dommageable pour l’idée que le public se fait de la justice que celle-ci ait gardé le dossier sous le coude en attendant que la loi des pensions soit votée, pour transférer le dossier… à Bordeaux, après que Woerth eût quitté le gouvernement.
L’Europe est actuellement le théâtre d’une autre mise en scène et qui touche directement la Belgique. Sarkozy lors des derniers sommets à l’Europe s’était fait le chantre d’une réglementation sur les bonus des traders, puis il s’en était pris aux banques. Il souhaitait séparer les activités risquées et spéculatives, des opérations traditionnelles d’épargne et de prêts aux industries et aux particuliers. Il y a un fort consensus dans le grand public pour ces mesures et il semblait, puisque la presse s’en était fait l’écho, que l’Europe allait faire des propositions, comme elle sait les faire à propos de la longueur des cintres ou du diamètre des tuyaux d’adduction des eaux.
Depuis début novembre 2010, après que les discours des Européens sur la question aient été publiés et commentés, plus rien, silence total.

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Cependant, il s’est passé des choses. La presse anglaise a craché le morceau. La City de Londres est en rébellion ouverte contre les projets de la coalition gouvernementale formée par les Tories et les LibDem, à propos des bonus. C’était bien la première fois que l’Angleterre n’attendait pas une directive européenne pour s’engager dans des réformes. Le gouvernement de droite avait pris cette initiative pour faire passer les restrictions liées à la nouvelle austérité. Les bonus revus à la baisse pouvaient faire croire que tout le monde était mis à contribution.
L’éventualité d’une séparation entre les activités risquées et traditionnelles des banques était aussi abordée. Une commission du gouvernement devait envisager les moyens de traduire cela en lois.
Les hostilités ont été déclenchées par la banque Barclays, portant haut l’étendard des banques privées de la City. Passée dans les mains d’investisseurs moyen-orientaux, elle venait d’échapper à une nationalisation partielle, non sans avoir encaissé au passage, les subsides de la Fed, en vertu de la déconfiture d’AIG, l’assureur américain.
Nick Clegg, vice-Premier ministre, devait sermonner les récalcitrants au 10, Downing Street. Qu’est-il arrivé lors de la trêve des confiseurs ? Soudain, on ne parle plus de rien, sinon que Barclays et HSBC, viennent de menacer de s’exiler de Grande-Bretagne, si d’aventure la découpe était mise à exécution. HSBC, n’a même pas attendu le « repentir » du premier ministre pour prendre ses quartiers à Hong Kong, nouvel Eldorado et paradis fiscal.
Avez-vous été informés de la révolte des banques anglaises contre la réforme du capitalisme bancaire qui augure mal des mesures que le successeur de Reynders devra prendre ?
C’est tout de même inouï que nous savons tout sur les températures et les chutes de neige, le nombre d’accidents dus au verglas et rien du refus des banques de souscrire aux efforts que les Anglais commencent à faire et qui, n’en doutons pas, seront les nôtres bientôt !
Le raidissement des banques anglaises est pourtant une information capitale quand viendra notre tour de mettre les banques belges à contribution, pour tout autant qu’on aille jusque là ?
Entendre les ministres d’Etat rappeler l’urgence d’économiser 20 milliards dans le futur budget, est insuffisant. Il manquait une analyse plus fouillée de l’économie.
On ne peut quand même pas reprocher aux citoyens de ne pas lire The Guardian et The Financial Times !

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