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De Wever, le Batista belge…

…avec Benoît Poelvoorde dans le rôle de Castro et los barbudos.

Au Congrès d’Epinay en 1971, François Mitterrand eut quelques belles envolées de tribune. Il était en pleine ascension. Il avait encore à monter quelques marches. L’Histoire a retenu quelques morceaux de bravoure « …l’argent qui corrompt, l’argent qui achète, l’argent qui écrase, l’argent qui tue, l’argent qui ruine, et l’argent qui pourrit jusqu’à la conscience des hommes » était de ceux-là.
C’est beau, c’est grand. On dirait du Saint-Just haranguant les Armées du Nord, après la trahison de Dumouriez. Mitterrand avait du lyrisme…
Hélas ! Mitterrand avait sa conscience pourrie aussi. Deux ans après avoir été élu à la présidence des Français, en 1983, il réhabilite le profit et arrête les subventions à la métallurgie, enfin, amorce une politique de privatisation des Services de l’Etat.
Sans doute était-ce l’évolution du capitalisme qui le forçait à cette machine arrière. Tous les partis socialistes d’Europe en étaient au même point.
La gauche en avait pour un quart de siècle à ronger son frein et collaborer en silence.
Si j’écris cela en avant-première des débats rituels du dimanche sur nos deux fenestrons, c’est qu’aujourd’hui les thèses de la droite nationaliste flamande sont tellement éloignées de ce qu’il reste d’illusions à gauche, que Di Rupo ne peut plus, ne peut pas, faire un pas de plus dans un compromis qui n’en est déjà plus un, avec tout ce que l’extrémiste flamingant a déjà soutiré des partis francophones, sans que ce compromis ne devienne de la compromission !
C’est pourquoi, il était déraisonnable à la société civile présente sur le plateau de Vrebos, de proposer des moyens d’accélération des pourparlers comme celui d’un référendum national à valeur égale pour tout le pays, quand on sait que les Flamands y sont majoritaires. Autant arrêter les frais et créer sur le champ un gouvernement fédéral composé essentiellement des partis flamands, rallié et pour cause, à la N-VA.
La naïveté se lisait dans les regards éperdus des citoyens ordinaires. Les balbutiements et les hésitations étaient pour eux, avec une déléguée du PTB à la recherche d’arguments ; tandis que de l’autre, le faux-semblant parvenait mal à cacher les impatiences, sous la politesse professionnelle de nos avocats de la langue de bois.
Monsieur Gendebien jouait le croquemitaine, rôle qui aurait dû être dévolu à Bart De Wever. Personne n’avait le courage de voir la réalité en face : la Belgique, c’est fini !... sauf lui. Le séparatiste et le rattachiste sont faits pour s’entendre, y compris sur le volet social. Personne ne s’en était encore rendu compte à ce point avant ce dimanche.

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Il y a trente-cinq ans, la prospérité économique régnant encore, la casse de l’Assurance maladie et le chômage mais limité dans le temps, eussent sans doute été acceptés par un PS, « pour sauver la Belgique ». A condition que la mauvaise passe franchie, tout repartirait dans les conditions d’avant, vers une nouvelle prospérité.
Aujourd’hui, la déroute de la politique de la social-démocratie exclut que le PS, tombe plus avant dans l’ignominie de la collaboration économique. Il ne peut brader ses derniers bastions, même pour la survie de l’Etat et de la monarchie.
Di Rupo n’est pas Mitterrand. Il n’est l’élu que par le bureau du parti. L’élection, on le sait bien au PS, a toujours été truquée. Pour entrer dans un quelconque accord avec la N-VA sur le seul volet social, Di Rupo ne pourrait se contenter d’un Congrès d’Epinay avec le ronflant des mots, surtout avec le peu d’éloquence qu’on lui connaît.
L’avenir est sombre et les perspectives d’une nouvelle croissance et d’un nouvel âge d’or du capitalisme sont nulles.
Tant pis si une majorité de Belges y croit encore : il n’y a plus de Belgique !
L’essentiel est de savoir ce qu’on va faire.
Camping 16 joue les campeurs virtuels fâchés. Un Cantona belge a l’idée de se laisser pousser la barbe. D’autres, « Make it smart and simple Belgium », contestent à l’anglaise. Gendebien et les Rattachistes amusent la galerie. Il manque le folklore avec madame Houard. Au fait, qu’est-ce qu’elle attend pour se manifester ?
De toute manière, les réunions actuelles de Vande Lanotte et des deux autres ne sont plus que des gesticulations.

Commentaires

Il est certain, mon cher Reiter, que la critique est aisée... Je suis comme vous, un citoyen qui pense qu'on va dans le mur. Plus vite on stoppera et moins de dégâts il y aura. Pour le reste, l'Europe n'est qu'un marché dont les citoyens se vendent à l'encan pour vivre. La Belgique n'y est qu'un petit pion, mais il est central. Une solution serait la création de deux états distincts, avec Bruxelles, capitale de l'Europe et internationalisée. Les Flamands ne veulent pas de cette solution. Ils veulent Bruxelles dans leur communauté. C'est clairement l'enjeu de demain : comment sceller le destin de cette ville ?

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