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Quand Bilitis devint Alice

Philippe Laporte a écrit un livre intéressant : « L’érotisme ou le mensonge de Freud », dans le but d’une « refondation de la psychologie sexuelle » (1). Cela m’a fait ressouvenir aux quatre forts volumes (2) des psychanalystes de l’école de Vienne (Société psychanalytique de…) et tout ce bon travail de tâtonnement certes, mais de découvertes aussi, que l’on est en train de tourner en ridicule. Et je trouve cela fort injuste.
Ce qui n’enlève rien aux mérites de l’ouvrage de Philippe Laporte.
Quand les non-dits « enfin révélés » n’ont jamais été aussi importants avec l’avalanche des révélations sur des « scènes de crime » parfois vieilles d’un demi-siècle, Laporte remet les pendules à l’heure en affirmant que si nous ne connaissons rien ou fort peu de chose au sexe et à la sexualité, nous devons cette ignorance au docteur Freud. Nous poussons des cris d’orfraie pour l’une ou l’autre vieille lune turgescente à l’approche de la jeunesse parce qu’elle est issue des ténèbres entourant l’église et ses sacristies. Nous en avions parfaitement connaissance, mais nous avions été éduqués pour n’en rien dire, jusqu’à avant-hier, étant ainsi complices de la Justice, de la maréchaussée et du clergé de jadis.
Il ne faut pas croire la transgression à la pression sociale franchie, parce que nous nous repaissons des récits que des vieillards font de leur jeunesse abîmée par des abuseurs, et que nous en soyons quitte avec la sexualité, après avoir vidé ce vieux compte.
Pourquoi la sexualité, tout comme le langage apparaît-elle indépendamment de la culture ? Pourquoi la nudité publique est-elle toujours pénalisée ? Pourquoi la censure cinématographique considère-t-elle les représentations sexuelles comme plus traumatisantes que celles du meurtre ?

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Pourquoi attachons-nous tant d’importance à certains actes et si peu à d’autres ?
Ces question auxquelles Laporte tente de répondre, nous reporte au début du siècle passé, quand pour la première fois au monde des médecins se sont regroupés afin d’approfondir ces questions et tenter d’y trouver des réponses, sous l’impulsion du professeur Freud. Il y avait eu, il est vrai fin du XIXme siècle, les expériences du professeur Charcot sur l’hystérie auxquelles Freud avait assisté, mais qu’était-ce comparé au chemin qui restait à parcourir ?
Et c’est assez injuste de la part de Laporte, mais aussi d’Onfray – l’iconoclaste - de vouloir à tout prix enlever une qualité indéniable de Freud qui a été celle de pionnier dans les domaines touchant à la sexualité et ses névroses.
Pourtant, lorsque les deux détracteurs du Maître prétendent que la soi-disant obscénité du désir sexuel n’est pas une attirance pour la souillure, le mal, mais une tentative de réconciliation avec le corps, Sigmund Freud n’a jamais rien dit d’autre, sinon qu’il s’est interrogé à partir de son corps et a trop hâtivement étendu ses découvertes sui generis à l’ensemble de ses malades.
Le docteur Sadger, à la séance du 3 novembre 1909 à la société psychanalytique de Vienne, a présenté un cas, celui d’un baron suédois, âgé de 32 ans qui, à mon avis, est représentatif des « gais lurons » que le système nous fabrique en 2011 dans une sorte de paquet-cadeau où se mêle démocratie et système économique pour un consumérisme tout azimut, comme il fabrique des « consciences », que le MR abrite avec abondance. Sadger présentait son sujet comme un cas extrême. Il est aujourd’hui d’une grande banalité. Progrès de la société ou dilution de l’affect dans la névrose et banalisation de la perversion par confusion des valeurs ?
On ne peut pas dire que le baron soit sorti tout neuf et naïf de la société d’alors : « …a souffert dès sa jeunesse d’attaques épileptiques. Il vit avec une ancienne prostituée, dans une alliance si intime qu’il manque seulement la cérémonie à l’église, pour en faire un mariage. Il y a quelques semaines, il tombe amoureux d’un jeune garçon de café… ». Passons sur quelques fredaines et le couplet d’auto érotisme, onanisme et narcissisme avec tendances voyeuristes, évitons de parler d’une mère, toujours omniprésente dans l’inavoué des carrières pathologiques de la belle époque et arrivons à la conclusion.
Si nous remplaçons les crises d’épilepsie par des prises de drogue, nous avons un portrait assez complet d’une frange de la population qui est évidemment tenue pour non dégénérée, qui vote et est performante dans les structures économiques où elle a sa place dans des domaines artistiques, politiques ou managériaux.
Tout ça en 2011, comme en attestent les journaux et les revues, comme s’en prévaut jusqu’à un premier ministre en exercice en Europe.
C’est même sous couvert de cette nouvelle forme de liberté que se parfait désormais l’éducation.
Que Laporte et Onfray se rassurent. Freud est en voie de disparition. En toute démocratie, la vulgarisation des déviances sexuelles est devenue une spécialité qui se commercialise aussi vite qu’elle s’est banalisée. Aura-t-on pour cela définitivement exorcisé les tabous, vidé nos querelles et réconcilié les corps ?
Ce n’est pas au moment où le MR sent une légère reprise qu’on va supprimer les articles et les commentaires de nos dépravations commercialisées, puisqu’ils participent au renouveau de la société de consommation.
Du moment que les apparences soient sauves, l’essentiel de nos mœurs n’est-il pas protégé ?
Commerçants empressés à vider les réserves lors des soldes, nous aurons confondu érotisme et permissivité avec pornographie et vulgarité.
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1. Philippe Laporte, L’érotisme ou le mensonge de Freud, in Connaissances et Savoirs, Paris 2009.
2. Les premiers psychanalystes, Minutes de la Société psychanalytique de Vienne, 4 volumes, in Edition Gallimard, collection Connaissance de l’inconscient, Paris 1978.

Commentaires

Merci de vous pencher sur cette question. Je n'ai pas lu l'ouvrage de Laporte. Mais je m'intéresse à la question du sexe et, ça vous l'oubliez, de la reproduction.
Si on laisse aller la nature, comme vous semblez le vouloir, l'humain se reproduit, moins vite que les lapins, mais quand même, de quoi donner 15 ou 20 enfants par
femme. Vous n'en parlez pas.
Au moment où l'Humanité se garni de 80 millions d'âmes en plus tous les ans, n'est-ce pas extrèmement grâve que nos autorités religieuses et morales (et nous-même?)
en sonmmes restées à l'époque où l'humanité comptait 200 millions de personnes et où la mortalité était énorme pour des questions d'ignorance, de santé,
de crimes banalisés (même glorifiés) et de guerres toujours saintes ?
Vous avez bien remarqué que nous avons toujours plus de complaisance pour les meurtres que pour les "représentations sexuelles".
Nous en sommes toujours restés à "Faites la guerre, pas l'amour". Soyons puissants pour conjurer la peur, pas par amour de nous mêmes et des autres.
Votre haine du MR et des "commerçants" n'est elle pas une guerre de vengeance contre votre impuissance à être vraiment "social" ?

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