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L’aide de l’Europe à la Libye.

La cheffe de la diplomatie Catherine Ashton et le président de l’Europe, Herman Van Rompuy, dit la serpillère, ont donné une fin de non recevoir à la demande d’aide militaire des insurgés libyens.
Si l’on excepte Sarkozy qui fait oublier la lamentable prestation d’Alliot-Marie au ministère des affaires étrangères en reconnaissant l’opposition au colonel, l’Europe, après le discours sur les « nécessaires » démocraties, s’est réjouie de la volonté des peuples d’entrer dans le club des Nations à régime parlementaire. Cependant, sur le terrain, elle laissera le dictateur et « son » peuple s’affronter. Comme disent les diplomates, les dictateurs sont plus accommodants et tiennent mieux leurs engagements vis-à-vis des autres nations que les jeunes républiques.
Barak Obama tergiverse, cherchant une porte de sortie en se défaussant sur l’ONU. L’Otan trouve qu’il y a urgence et elle se tient prête, a déclaré le secrétaire général de l’Alliance atlantique. Bref, tout le monde attend un signal. Ce qui n’empêche pas Kadhafi de poser en victime du terrorisme devant sa télé, tandis que les gens meurent fauchés par son aviation.
Un peu comme naguère au Rwanda, lors du génocide, les démocraties s’y disaient déjà l’arme au pied. Ce qui n’empêcha pas des centaines de milliers de morts.
Farce, comédie ? Non, realpolitik.

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La realpolitik (de l'allemand : politique réaliste) désigne « la politique étrangère fondée sur le calcul des forces et l'intérêt national ».
Vous avez compris, les démocraties font du commerce avec tout le monde et ne veulent se quereller avec personne. Il est toujours temps dans un pays dont les ressortissants se déchirent, de choisir un camp quand il ne fera plus de doute que ce sera celui du vainqueur. L’avènement de la démocratie, le triomphe du peuple meurtri, la justice, la morale, les démocraties s’en fichent complètement. C’est du baratin pour les ploucs.
Ne montrent-elles pas aux dictateurs la monstrueuse indifférence dont elles font preuve de la paupérisation de leurs populations, sous prétexte d’observer les lois du marché ?
A l’origine, c’est Nicolas Machiavel le théoricien de la realpolitik : (Le Prince) écrit en 1532. Il établit que le seul but d'un prince devait être la recherche du pouvoir, indépendamment des questions religieuses et morales. Ce que Richelieu traduisit plus d’un demi siècle plus tard par raison d'État.
La realpolitik est la prise en compte du maximum de données, afin de sauvegarder le maximum d'options. Un de ses moyens est le cynisme afin de conserver un large consensus de l'opinion publique.
Au XIXe siècle, elle fut un moment délaissée pour la « weltpolitik », simple recherche d’une supériorité militaire, qui lorsqu’elle est effective, dispense même de donner au peuple de bonnes raisons. Elle nous valut la Première Guerre mondiale.
L’exemple célèbre de realpolitik est la manière de Nixon, conseillé par Henry Kissinger, de tisser des liens avec la Chine maoïste et avec l'URSS.
Avant l’effervescence des populations du Maghreb, en pleine realpolitik, Sarkozy mettait sur pied l’Alliance des pays bordant la Méditerranée, avec Moubarak, président de l’Association, tandis que le président français recevait Kadhafi et l’autorisait à planter sa tente à proximité de l’Elysée !
En France et en Belgique, la realpolitik possède deux sens, Leterme vient de nous en faire la démonstration : 1. abandonner ses idéaux pour composer avec la réalité ; 2. Indiquer un manque de vision politique conduisant à un règlement uniquement à court terme des problèmes.
En finissant la lecture d’un bouquin sur la vie de Saint-Just, j’ai noté cette réflexion du révolutionnaire français « Tous les arts ont produit des merveilles, l’art de gouverner n’a produit que des monstres ».
On pourrait imiter Jean-François Kahn qui pense que « le réaliste, c’est celui qui a l’air con après chaque révolution » parce que le propre de celles-ci est qu’on ne les voit pas venir, un peu comme les crises en économie. Aucun économiste ne les prévient jamais.
En politique, la réalité est une photographie. A la seconde qui succède le clic, le paysage et les personnages ne sont plus identiques.
Restent les salauds qui commettent des crimes au nom des dictatures et d’autres salauds au sommet des démocraties qui ne s’émeuvent pas du sang des innocents.

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