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Des candidats à foison.

La candidature de Nicolas Hulot à la présidence de la République relève du gadget politique, disent certains, et de souligner son amateurisme et son manque d’ancrage à gauche.
Pour Eva Joly, candidate des Verts, il passe pour ce que Dominique Strauss-Kahn est pour Martine Aubry au PS, une manière d’occuper le terrain, afin de rester dans la mémoire des gens jusqu’aux élections de 2012. Sauf s’il passait d’amuseur public à concurrent sérieux, c’est une manière de mettre en valeur l’écologie par un non-événement.
DSK est plus crédible pour le PS que Nicolas Hulot pour Europe écologie- les Verts. Le premier est un vieux routard de l’appareil, le second, une vedette de TF1, n’a aucune chance d’investir le parti des Ecolos. Tout au plus l’intégrera-t-on dans une sorte de scrutin de désignation d’un candidat, s’il le souhaite. Sinon, sans base politique et lui-même sans formation du même genre, il reste un marginal. Il risque de concourir à l’échec de l’écologie par l’éparpillement des voix, au cas où il persisterait seul, à se présenter.
L'idéal serait la synthèse des deux candidats : Hulot-Joly. Mais, au-delà d’une concurrence normale entre les personnes, il y a un écart idéologique important entre elle et lui.
Comme DSK, Borloo et les autres, Hulot est un produit centriste. Il n’a pas une culture de gauche.
« On a tous intérêt à ce que ça se passe bien. On ne va pas jouer au jeu du PS contre Ségolène Royal. », explique un écolo proche d'Eva Joly. C'est sans doute vrai. On ne sent pas d’agressivité chez la candidate vis-à-vis de Nicolas Hulot… mais, c’est à condition qu'il se plie au primaire : «Le meilleur candidat, c'est celui qui sera désigné. Si c'est Hulot, je soutiendrai sa candidature. », assure Eva.
Paradoxe, les écolos ont un programme plus à gauche que les candidats déclarés à ce jour du PS. DSK (s’il se présente), Martine Aubry, François Hollande et Ségolène Royal, tous modérés. Les Verts se situeraient entre le PS et Mélenchon.
Avec les turbulences à droite, un Bayrou candidat de longue date, Borloo qui se pointe et Villepin qui se tâte, si Hulot en est, le Centre voit une prolifération peu commune de candidatures.
Tiraillée par le centre et l’extrême droite, l’UMP est à l’image de Sarkozy, en pleine confusion et dans l’incapacité d’arrêter un plan pour les présidentielles de 2012.
Mais qu’est-ce donc ce centre « mythique » qui attire les candidats en si grand nombre, sinon l’illusion d’un réservoir de voix ? Le malheur, au comptage après l’élection, on s’aperçoit que le Centre, au moment du vote, ne tient jamais ce qu’il a promis dans les sondages.
Reste les primaires au PS et chez Ecolo pour faire le show. La secrétaire nationale de ces derniers, l’excellente Cécile Duflot, compte 18 000 militants à jour de cotisation. Un électorat plutôt pro-Joly. D'où les conditions posées par Nicolas Hulot : il veut du temps pour recruter, élargir ce corps électoral et offrir à chacun sa chance.

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Au jeu des primaires, Europe Ecologie – les Verts ont un avantage sur le PS. Cécile Duflot, secrétaire nationale ne se présente pas pour les présidentielles. Elle peut donc sereinement gérer la procédure du scrutin des primaires en toute impartialité. Le cas d’Aubry est différent. Son élection au secrétariat national a souffert de tricheries avérées. Si en plus elle se présente au même titre que les autres candidats, on peut craindre que le scrutin soit contesté par les perdants.
Retour chez les Ecolos, Nicolas Hulot rassure « Je ne doute pas que nous allons trouver une solution ». « Il a mis cinq ans à se décider, note Eva Joly. Il est sorti de l'hésitation, pas de l'ambiguïté. Mais pour moi, ses conditions ne posent aucun problème. » Sauf que la primaire est prévue avant l'été...
Eva Joly construit sa réflexion sur la financiarisation de la société et sur la recherche du gain immédiat qui pille les richesses de la terre et exploite les hommes. Appliqué aux banques, aux multinationales ou au nucléaire, ce triptyque profits-environnement-social donne un projet très radical, très à gauche, bien loin du concept de Hulot, un peu sur la ligne de l’écologie belge, avec un Javaux plus centriste-chrétien que jamais...
Chez Hulot, il y a bien une « acceptation du lien entre l'écologie et le social ». Mais, « ne pas parler du nucléaire alors qu'il y a eu Fukushima, ça veut dire quelque chose ». Europe Ecologie-Les Verts « prétend changer de système », alors que Nicolas Hulot serait un peu le télé-évangéliste de l'écologie, en excellente relation avec les acteurs du système. « C'est pour cela, dit un membre de l'équipe Joly, que l'on veut un débat plus qu'un sacre. Il faut que l'on tienne sur le fond. Après, la pommade, c'est secondaire.»
La campagne pour les primaires Europe Ecologie- les Verts, si elle plaçait Hulot en bonne place, pourrait le mettre en difficulté dans ses relations avec l’industrie, TF1 et ses sponsors. TF1 vient justement de préciser à la suite du dépôt de candidature de son animateur, qu’elle suspendait ses contrats. Par le passé, certaines compromissions avec le pouvoir et l’argent auraient déjà fait « désordre » à « Ushuaia-Nature ».
Décidément, les primaires au PS comme chez les Verts risquent d’être aussi passionnantes que l’élection proprement dite du successeur de Sarkozy.

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