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Brouillard du Soir

…Rossel du matin !

Il ne faut pas rigoler. Ce ne sont pas les trois recommandés que la rédactrice en chef aurait fait envoyer aux journalistes qui rechignaient à interviewer les Russo, suite à la liberté conditionnelle octroyée puis dénoncée de Michelle Martin, qui seraient à la base du « malaise » suivi de la démission de Béatrice Delvaux, chef de la rédaction du journal « Le Soir » ; ni même un différend déjà ancien qui plombe les relations de madame Delvaux avec la SJPS (Société des journalistes professionnels du Soir) ; mais, l’idée qu’à force de défendre l’unité nationale, avec une insistance délibérée, le climat de tension entre les Communautés n’était plus abordé avec la neutralité et l’objectivité nécessaires à une mission d’information.
Autrement dit, Madame Delvaux toujours sur la brèche pour rassembler les morceaux de ce qui est possible afin d’éviter l’éclatement de ce pays, se trouve en porte-à-faux avec une nouvelle Belgique qui se dessine suite à l’échec probable de la mission Di Rupo, de former un gouvernement avec l’ancienne formule. En même temps, elle n’informerait plus de manière complète et satisfaisante, créant un malaise au Soir. Les journaux n’en sont plus à promouvoir l’éthique. Ils exploitent un média pour en recueillir les fruits. Mais, quand une affaire commence à coûter plus qu’elle ne rapporte, on doit bien faire autre chose.
Didier Hamann de la direction du Soir, marchand de papier avant tout, et tributaire également de la responsabilité du rendement en capitaux de la succession Rossel, a sorti sa meilleure langue de bois pour donner à lire un communiqué suite à la démission de Madame Delvaux : "l'enjeu crucial pour la presse de qualité aujourd'hui est de garantir l'excellence éditoriale du Soir et de répondre aux opportunités dictées par l'évolution des médias. La rédaction fait face à une série d'évolutions complexes qui demandent des mutations comportementales individuelles et collectives. Il reste à vaincre nombre de résistances au changement".
En clair, « les mutations comportementales » signifient qu’on va purger la rédaction et le départ de madame Delvaux, s’il est confirmé, même si elle poursuivra sa collaboration avec le Soir (que peut-elle faire d’autre ?) ne fera que faciliter les choses. Evidemment, ce n’est pas pour faire de la presse de qualité et encore moins de garantir l’excellence éditoriale, mais pour ranimer le lectorat du journal par des rubriques plus lestes, à la limite du people, et surtout pour ne pas rester coincé le cul sur une chaise à agiter le drapeau national, alors que chacun sera reparti ailleurs, faire sa petite cuisine régionale.

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Malgré la récente politique de rapprochement avec des éditorialistes de journaux flamands suite aux initiatives de la rédactrice en chef, il est de notoriété que le courant passait mal du journal bruxellois aux médias flamands. La situation franchement très centrale du Soir et sa principale clientèle bruxelloise francophone, sinon francophile, indisposaient un nationalisme flamand qui n’est plus seulement inspiré du Vlaams Belang et de la N-VA, mais qui touche aussi le mouvement libéral et surtout le CD&V.
Ce n’est pas une situation rêvée quand on veut à la fois avoir l’oreille de la francophonie bruxelloise et soutenir un mouvement d’unité nationale, au moment où Bruxelles et son devenir vont probablement devoir être sacrifiés par Di Rupo, si celui-ci veut encore avoir une chance de convaincre la N-VA d’entrer dans un gouvernement.
On ne change pas une ligne éditoriale en quinze jours. Peut-être la direction a-t-elle senti que l’attention des lecteurs pourrait lui échapper dans les mois à venir, si elle persistait à confier à Madame Delvaux des éditoriaux « de bon sens » dont on sait bien qu’ils n’ont plus cours depuis un an en Belgique.
Le Soir rengainant le drapeau belge trop voyant dans les salons où se prépare sa politique éditoriale, bien avant que madame Delvaux pianote sur son ordinateur, est en quête d’un souffle nouveau encore mal défini.
Pourquoi pas, si les trois couleurs nationales ne font plus vendre, répondre au nationalisme flamingant du Standaard, du Het Belang et de la VRT, par Bruxelles, oui, Brussel, non ?

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