« Mondialisation et incompétence ! | Accueil | S’il n’y avait plus de mensonges »

A-Mittal-ment vôtre !

Responsable d’Arcelor-Mittal Liège, autrement que par une politique sociale de reclassement des chômeurs, la Région Wallonne (voir l’article précédent) a disposé de l’entreprise et, à ce titre, pourrait reprendre l’affaire, puisque l’Indien Mittal n’a pas respecté les clauses du contrat (Arcelor non plus). Jean-Claude Marcourt, ministre wallon de l’économie, doit le savoir, même si les signataires du contrat de 1999 sont Elio Di Rupo et Serge Kubla.
C’est dans la nature de nos ministres de se réfugier derrière les règles européennes en matière de nationalisation pour envisager « impossible » la reprise d’Arcelor-Mittal.
On reconnaît là le manque de prise de responsabilités, par lâcheté naturelle.
A côté de cette pudeur administrative, ils sont moins stricts quand il s’agit du sort des banques. Qu’est-ce que le refinancement du secteur, sinon une nationalisation déguisée ? Il est vrai bienveillant et prodigue, de l’argent du contribuable.
Quand les banques font la file au ministère des finances pour lever des capitaux, les responsables fédéraux ne font pas la fine bouche. Derrière Reynders, J.-C. Marcourt opine du bonnet.
Cette nouvelle catastrophe, qui touche Liège et Seraing, pourrait valoir au moins un débat sur la désertification industrielle qui se déroule sous nos yeux, à laquelle on n’oppose que l’installation d’une industrie légère dite « de service », comme si les firmes délocalisées, les services allaient occuper tout l’espace en même temps que les licenciés seraient repris !
On ne peut qu’être abasourdi de la médiocrité des arguments présentés par la Région. La vision réductive laisse un véritable champ de ruines d’anti-pédagogie économique.
La question peut paraître incongrue : le formateur Di Rupo et ceux qui s’honorent, d’avoir mis fin à 458 jours de palabres, n’ont-ils pas sacrifié les outils de la politique industrielle : la commande publique, la promotion des champions nationaux, les aides ciblées, les plans sectoriels, le protectionnisme offensif, sur l’autel sacré de l’Europe de Van Rompuy ?
Était-ce trop demander à Leterme et Di Rupo, de distraire du temps qu’ils ont consacré aux affaires courantes, à BHV et aux humeurs de Bart De Wever, quelques heures par semaine, à l’Europe de la crise économique ?
Le public a compris que le Parti socialiste naguère champion des nationalisations, du volontarisme industriel et de la planification s’est converti à la régulation, à la libéralisation et à la privatisation. Cependant, un certain pragmatisme devrait le conduire à revoir ses positions sociale-démocrates. Surtout que son intérêt serait de comprendre qu’Arcelor-Mittal va déclencher à gauche un effet préjudiciable, du plus mauvais genre sur les futures élections.
Honnêtement… dire que Di Rupo n’a rien fait pour les populations qui souffrent, serait faux.
Il a proposé une diminution de 5 % des salaires des ministres !
Que ces MM. De Namur se rassurent. Les nouvelles attributions aux Régions suscitent déjà des prises d’intérêt dans l’immobilier namurois et les magouillages des terrains disponibles feront vite oublier les 5 % du denier du pauvre !

00d00.jpg

Inutile de rappeler à Francis Gomez, de la FGTB des métallos liégeois, que Laurette Onkelinx n’est plus de Seraing, mais de Schaerbeek. Là, ça va bien, merci, on n’a pas de haut-fourneau. Et si les chômeurs en devenir s’inquiètent de la situation financière de leur futur ex patron, ce n’est pas en Belgique qu’il sera accablé d’impôts : la société anonyme Arcelor-Mittal Finance and Service Belgium (AMFSB), filiale du premier groupe sidérurgique mondial, a supporté en 2009, une charge fiscale de... 496 euros.
Cette année-là, Mittal a réalisé un bénéfice de près de 1,3 milliard d’euros. Soit un taux d’imposition de… 0,00038 %. A savoir, 90 000 fois moins que le taux officiel de l’impôt des sociétés, qui est de 33,99 %.
Merci, monsieur Reynders, c’est ce qui s’appelle avoir le sens de l’hospitalité.

Poster un commentaire