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Des négociateurs formidables.

We are all here on earth to help others. What I can't figure out is what the others are here for (1). Le poète Auden signifiait ainsi que nous sommes plein de bonne volonté pour les autres… pour autant qu’ils n’existent pas.
C’est exactement ce que pensent actuellement les Francophones qui suivent Elio Di Rupo dans sa définition du bon accord sur Bruxelles. Il suffit que les Francophones des six communes à facilité n’existent pas, pour que les Wallons soient pleinement solidaires dans l’enthousiasme affiché par les mandataires des partis.
Or, absorbé dans les territoires hostiles à leur langue, comme dans les Fourons, ils auront bientôt cessé d’exister.
C’est toute l’ambigüité du suffrage universel qui s’étale ici au grand jour.
Quels sont les électeurs qui ont donné un blanc-seing à ceux qui nous représentent autour de la table ronde ?
Outre un quarteron d’habitués qui gravitent auprès des négociateurs, experts du peaufiné traductible, spécialistes des questions juridiques et artistes capillaires à la coupe des lois de la majorité flamande, cela ne fait pas une centaine de personnes. Elles décident seules du sort de la Belgique.
Le pauvre Desmoulins qui se fit raccourcir par amitié pour Danton, avait pour devise « Pas de supérieurs ! ». Comment agréger dès lors des gens qui ne sont pas d’accord entre eux ? Cette centaine là de citoyens indépendamment de tous les autres, à qui on ne demande aucun avis, sont bel et bien d’accord. Grand bien leur fasse. Mais qu’ils se soient penchés sur nous pour nous communiquer leur enthousiasme sans que nous y soyons pour rien, est un des effets bizarres d’une démocratie dont le fonctionnement tourne autour de peu de monde.
C’est bien ainsi que Weber, cité par Aron, définit la politique : « La politique est caractérisée par la domination exercée par un ou quelques hommes sur d’autres hommes.
Et ce n’est pas tout. Après les accords d’estime et de cœur de ce quarteron de décideurs sur la condamnation du parler français en terre flamande, nous allons vivre, dans un nouvel enthousiasme des mêmes, les mesures économiques qui feront de la Belgique un modèle de redressement !

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Voulez-vous que je vous prédise comment ils vont procéder ?
Les bruits les plus alarmants vont courir sur l’état lamentable des finances et de l’endettement (ils courent déjà). La presse va se faire l’écho des mesures qui « n’ont que trop tardé » sur la sécu, le chômage, les pensions, les salaires, la TVA. Ceux à qui il n’est rien de plus doux que le moment où on leur fiche la paix, vont commencer à s’inquiéter. Le quarteron va parler d’un chiffre « cent » à prélever sur les masses salariales et sociales. La consternation durera le temps que le quarteron estimera suffisant pour mûrir dans les cervelles obsolescentes. Puis, les grands responsables se battront pour passer à la radio, les écrans, les gazettes. Ils déborderont d’enthousiasme afin d’annoncer la bonne nouvelle : le chiffre « cent » représentant le sacrifice à la grecque, grâce au socialisme ardent d’Elio et de Laurette, au sérieux de Charles et à la touche verte de Jean-Mi, ne sera plus que de « soixante ». Vous pensez, une diminution de « quarante » ! N’empêche qu’il faudra ramer pour rembourser les « soixante » aux banques qui nous ont fait confiance.
On voit bien qu’il est impossible de séparer l’économique du politique. Là encore, quelle est la part du citoyen dans les décisions ? Elle est infime. La raison est que le politique exige un agir économique, c’est-à-dire la possession ou la disposition des moyens nécessaires pour satisfaire des besoins.
La politique est donc l’ensemble des conduites humaines qui comportent la domination de l’homme par l’homme et ce sous tous les régimes qu’ils soient démocratiques ou autoritaires.
We are all here on earth to help others, certes, sauf que nous appartenons à une catégorie qui s’oblige à aider ceux qui ne nous aident jamais, sans en retirer plus qu’ils ne donnent.
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1. Nous sommes tous ici sur Terre pour aider les autres. Ce que je ne comprends pas c'est pourquoi les autres sont ici.

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