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Hollande président ?

Pourquoi pas !... s'il n'y a pas une nouvelle bataille des chefs qui fit perdre Ségolène.
Les électeurs socialistes et sympathisants ont choisi François contre Nicolas. Encore faut-il arriver en état au second tour.
C’est curieux, tout de même, cette persistance des socialistes à croire encore à la social-démocratie, c’est-à-dire finalement à estimer qu’il y a encore quelque chose à tirer d’une collaboration avec le système !
Certes, tout le monde voit que le candidat Hollande est différent du président Sarkozy. L’aspect extérieur, les paillettes, le gout immodéré pour le clinquant, l’acoquinement naturel avec les riches, la fatalité que tôt ou tard, les combines et les magouilles surgissent des placards de la République, Hollande est aux antipodes de cela. Mais sur le fond, cette certitude de ne pouvoir rien changer à l’économie, la fatalité de devoir vivre avec la mondialisation, ce sont les analogies des deux personnalités, ce qu’ils partagent et qu’ils défendent. Les nuances et les différences seront pour les face à face dans la dernière ligne droite des présidentielles.
Manuel Valls (ne pas confondre avec Benoît Hamon) était le seul des candidats à partager avec Hollande la conviction bien ancrée que la social-démocratie avait encore un avenir. Tous les autres candidats avaient l’intention de briser la statue du Commandeur et d’essayer autre chose, même Martine Aubry le pensait.
Et il a fallu que l’électeur des primaires choisisse Hollande !
Autrement dit, au second tour, c’était difficile de ne pas voter Hollande, tellement Aubry n’attirait pas la sympathie de ceux qui se souviennent du congrès honteux de Reims. A Reims, l’écart de voix au second tour était si restreint que son dépouillement et le résultat : l'élection de Martine Aubry avec 102 voix d'avance sur sa concurrente Ségolène Royal, fut l’occasion de suspecter une tricherie de la Fédération du Nord. Peut-être des « éléphants » du parti s’y étaient-ils mis aussi ?
Alors entre les deux candidats restant il n’y avait pas vraiment le choix.
Les socialistes que représente désormais Hollande savent que les positions de gauche de Royal et de Montebourg, c’est du passé. Il va falloir faire une croix sur la prétention des courants qu’ils représentent de mettre les banques au pas, de consacrer une nouvelle politique industrielle recentrée sur le pays plutôt que sur la mondialisation, toutes réformes que Hollande ne fera pas. C’est le triomphe du socialisme « classique » que d’aucuns qualifient de « gauche réaliste »
Le discours de Hollande basé sur le désendettement, au moment où la France accuse 1 600 milliards d'euros de dettes et est menacée à la moindre incartade de perdre son triple A, est celui que tient Sarkozy. Le tout c’est de savoir s’ils auront les mêmes recettes pour désendetter le pays. Peut-être que la différence portera sur le poids des taxes nouvelles et sur la manière de taxer les Français. L’effondrement des classes moyennes est assurément une donnée nouvelle dont l’un et l’autre devront tenir compte.

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Dans les prochaines semaines, l’équipe de Hollande se mettra en place. Sera-ce dans les structures ou en-dehors du parti. Nous l’apprendrons très vite.
Il peut paraître difficile de maintenir Martine Aubry au secrétariat du PS et du mouvement pour la présidence, quand on sait ses dérapages dans le second tour, sur le thème de la gauche "molle" ou de la gauche qui "court après la rigueur", alors que François Hollande eut le mérite de ne pas dévier, maintenant sa volonté de retrouver l'équilibre des finances publiques à l'horizon 2017.
Les premières escarmouches de l’UMP se sont du reste nourries des propos de Martine Aubry. François Copé en a déjà fait ses délices. Et ce n’est qu’un début.
Quant à Hollande, un candidat socialiste qui fait campagne sur un discours aussi dénué d'ambiguïté, est peut-être réaliste, mais il enlève un peu de rêve à une gauche qui n’a plus souvent l’occasion de rêver et qui n’a compté qu’un seul président de la Vme République.

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