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Panne d’élites !

Puisque les pouvoirs qu’ils soient d’argent ou politique nourrissent les hauts personnages de l’Etat, de l’industrie et des finances de la même manière, au bout de deux ou trois générations, les rejetons perdent leur capacité, usés par la lente corruption de l’aisance et des caprices satisfaits, au gré d’une situation, qu’ils n’ont plus à conquérir.
Pour ne citer qu’un exemple parmi des dizaines d’autres, le cas de la famille Wathelet – ils en sont au troisième ou quatrième Melchior – est exceptionnel. Le signe que l’ancien des Melchior finit sa carrière à la banque est l’évidence même de la connexion politique/affaires des situations réservées aux élites.
D’autres familles aussi connues ont produit sur deux, voire trois générations, des ministres, des présidents de parti, des notables régionaux, de la même manière que les notaires produisent des notaires et quelques fois des banquiers, des banqueroutiers.
Si le fils succède au père, rarement le petit fils reste dans le coup. Généralement cette génération profite de sa naissance, des relations et des pouvoirs accumulés et est atteinte par une saturation que les aînés ont pu ne pas connaître. Elle vit en dilettante et compte qu’on lui pardonnera tout. Elle devient incapable de l’action qu’exige sa situation dans l’ordre social.
C’est ainsi que les partis, touchés par ce syndrome, donnent des signes d’épuisement de leurs élites, partout en Europe.
La première génération de l’après 45 était issue de la guerre de 14, des syndicats et des coopératives ouvrières. Les discours étaient énergiques et étaient prononcés par des intellectuels, souvent autodidactes, issus des corps de métier, parfois des universités. La fin du communisme, la sélection donnant accès à la génération suivante aux meilleurs établissements scolaires, ont permis un amalgame avec la bourgeoisie aisée, de sorte que la dernière génération, celle que nous voyons à l’œuvre en 2011, n’a proprement plus rien à voir avec celles de ses parents et grands-parents.
Certains universitaires d’aujourd’hui trouvent astucieux d’occuper des emplois hautement rémunérés en usant du socialisme ou du libéralisme, comme on use d’un diplôme complémentaire, sans être le moins du monde socialistes, libéraux toujours, adaptés aux revendications des travailleurs, à la carte.
En France, une partie du corps électoral de gauche serait en train de prendre la direction du parti de Marine Le Pen, tandis qu’une autre, proche du PS, voterait Mélenchon. Croyez-vous que le PS s’en inquiète ? Des gens comme Lang, Vals, Désir verraient très bien le PS devenir un parti du centre. C’est justement la politique que poursuit François Hollande.
Tandis que se développent de nouvelles sensibilités, la sensation de vivre une catastrophe économique s’est emparée de la jeunesse. La troisième et dernière génération ne s’en aperçoit pas.

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Si la dernière génération est par trop frivole et attachée aux délices du confort bourgeois, des individus, venus de nulle part, ont la capacité de remplacer une élite qui n’a jamais mis les pieds dans une usine et qui ne connaît rien de l’astreinte d’une journée de travail à la production.
Un travailleur qui sait expliquer sa condition, parce qu’il la vit, est préférable à un universitaire qui n’en parle que par ouï-dire, même si ce dernier emploie des termes plus précis, commet moins de fautes de langage, et prend un évident plaisir à distiller les délices de sa langue de bois.
Les métallurgistes qui sont en train de perdre leur emploi chez Arcelor-Mittal ont une sensibilité bien plus grande, font preuve d’un humanisme plus vrai que les représentants du pouvoir actuel. Ils pourraient les remplacer du jour au lendemain plus avantageusement.
Populisme, ça ? Non, méfiance légitime devant un passif de tromperies, de mensonges et d’erreurs dans la volonté d’un « assis » de tromper un « debout ».
C’est ce qui s’appelle une déduction par comparaison des strates socioculturels.
Comment, à la lecture de ce qui précède, le progrès pourrait-il être maintenu à l’heure des bilans catastrophiques de la dernière génération des « élites » ?

Commentaires

Très intéressant. Du tout grand Richard.

Notre particratie héréditaire ne survira pas en Belgique : trop de placards non ouverts, plus aucune opposition constructive, rien que des ententes entre familles politiques.

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