« Recherche scaphandrier… | Accueil | Sont-ils assez burnés ? »

Sur les pas de Ferdinand Lop (1).

Je me suis toujours demandé ce qui pouvait pousser un mandataire politique à se déclarer candidat à la présidence de la République ?
L’ambition suprême est-elle de même nature que celle qui pousse à s’inscrire à un parti dans l’espoir de briguer une place de conseiller communal ?
Faut-il que l’impétrant ait une haute opinion de soi-même, pour oser !
Est-ce que les galons de « chef » se cousent sur les premières culottes de l’enfance ?
Le candidat Strauss-Kahn qui allait faire gagner la gauche à 10 contre un, fallait-il qu’il ait une « bizarre » opinion de lui-même pour violer une femme de chambre à New-York comme mise-en-bouche – si je puis dire – avant l’annonce de sa candidature à un emploi réservé à ceux qui naturellement sont amenés à donner l’exemple ?
Il ne devrait y avoir que des candidats « involontaires » que les autres poussent sur le devant de la scène en riant sous cape. Ils sont certes flattés qu’on les choisisse, mais ils redoutent l’immensité de la tâche et le poids qu’elle fera peser sur leur modeste personne !
Peut-être suis-je moi-même assez naïf pour imaginer qu’il pût exister des gens de la sorte !
Si par aventure la Belgique se disloquait et que la Région wallonne devenait une république, Di Rupo « candidat naturel » ferait un discours pour souligner sa profonde humilité ; mais qu’un autre candidat prétende se présenter à sa place afin de lui éviter des soucis supplémentaires, vous verriez les sauts de carpe du candidat naturel et la façon qu’il aurait de descendre en flamme le malheureux « en toute humilité ». Car, il n’y a pas pire que l’ambitieux qui avance masqué et n’ose pas assumer sa soif de pouvoir pour ce qu’elle est : une monstrueuse suffisance !
Même le fait d’être président ou secrétaire général d’un parti ne devrait pas nécessairement valoir une candidature par voie de conséquence, parce qu’alors on pourrait se demander si le poste de premier secrétaire de Hollande n’a pas été brigué et obtenu, dans l’intention de se présenter « plus haut », par calcul ?
Il y a quelque chose d’effarant dans les propos d’un Bill Clinton qui s’est vu président à l’heure où l’on a dans l’adolescence… d’autres chattes à fouetter.
C’est aussi le cas de François Hollande, à douze ans, il se voyait déjà...
Il y a des ambitions précoces. Par exemple Victor Hugo écrivit sur un cahier d’écolier en 1816, à l’âge de quatorze ans « Je veux être Chateaubriand ou rien. » Que je sache, à cet âge, c’était déjà montrer une belle suffisance, encore qu’elle était en-dessous de la réalité, puisqu’il fut plus encore…
Si l’on veut bien s’arrêter sur l’idée que le pouvoir devrait revenir à celui qui en a le moins envie et qu’il est impossible de le découvrir à coup sûr dans la foule, alors, autant le tirer au sort, entre des citoyens électeurs n’ayant pas de casier judiciaire.

69228ds.jpg

Bayrou, Marine Le Pen, Sarkozy, en voilà trois qui ne se posent pas de question, c’est clair comme de l’eau de roche, ils jurent tous les trois qu’il n’y a pas mieux qu’eux pour la France. Les autres candidats ont bataillé comme Eva Joly ou François Hollande pour faire prévaloir leur ambition sur celles de concurrents tout aussi ambitieux, si l’on excepte Martine Aubry, candidate par défaut de celle de Dominique Strauss-Kahn, ils sont tous mordus…
Jean-Louis Borloo est un cas unique.
L’ex ministre, déçu de la sarkozye, a été un candidat virtuel, annoncé par Rama Yade trop prématurément sans doute, puisque Borloo s’est désisté au début du mois.
En sortant du gouvernement Fillon, il déclara écrire un livre donnant les raisons de sa candidature à la magistrature suprême. Son éditeur le pressant de donner le manuscrit à l’imprimerie, il lui fallut remanier profondément le texte et l’imprimeur devra patienter encore un moment, puisqu’il n’est plus candidat ! En effet comment passer de l’explication des raisons de son engagement, aux raisons inverses ?
C’est un cas d’école. Par exemple dans des gouvernements de coalition, on capitule sur bien des points qu’on estimait essentiels, mais en cas de candidature à un poste que l’on exercera seul, c’est tout ce qu’on a dit sur ce que l’on ferait qui se trouve du jour au lendemain, mis au rancard.
Comment remplacer le chapitre « Pourquoi j’ai décidé de me présenter » dans ses principaux paragraphes : parce que je suis le meilleur, que la victoire est à portée, que le président actuel fait du tort à la France, et que la gauche ne dit que des bêtises irréalisables ; par « tout bien pesé je ne me présente pas » quoique étant toujours le meilleur, je me suis dit que… je ne figurerai certainement pas au second tour, que mes idées sont centristes et risquent d’être grandement minoritaire, que si Sarko est nul, c’est encore le seul qui puisse se mesurer à Marine Le Pen et finalement qu’une gauche molle est peut-être le meilleur atout centriste.
Exercice difficile, sans aucun doute, et qui exigera encore de Jean-Louis Borloo un temps de réflexion pour ne pas passer pour le dernier des Neuneu.
---
1. Ferdinand Lop, entre au service du député de la Meuse au Palais Bourbon, comme secrétaire. Mais, l'administration lui retire son accréditation. Ferdinand Lop crie au complot. Il rejoint le quartier Latin où les étudiants l'accueillent avec entrain. Bientôt, la Sorbonne est le théâtre de guindailles monstres entre les "lopettes" et les "anti-Lop". Les étudiants l'appellent "Le Maître" et défilent vêtus d'uniformes de théâtre, pour constituer sa "Garde de fer". Lop se prête au jeu, ravi d'avoir enfin trouvé son public. Dès lors, Il posera sa candidature à la présidence de la république à chaque élection et se déclare même "Candidat à la Présidence des Etats-Unis et leader de la conciliation mondiale ".
2. Lord Byron (Le Pèlerinage de Childe Harold, Chant IV) : L’amour, la gloire, l’ambition, l’avarice – Rêves ! – Rêves inutiles et mauvais, et dont pas un n’est meilleur ni pire, car ce n’est toujours qu’un même météore sous des noms différents, et la mort est la sombre fumée où va s’éteindre sa flamme.

Commentaires

Ferdinand n'avait-il pas créé une société anonyme pour gérer les dons de ses admirateurs: la S.A. LOP ?

Oui... à moins que les étudiants ?
Lop n'était pas bête. Il avait été enseignant et c'était un pince-sans-rire, avec le physique de l'emploi de président de l'époque. A Liège, tu as peut-être entendu parler de Mouton ? Il avait été pris en charge par les étudiants (années 40 à 50). Il se prenait pour un conquistador ou un toréro...
On lui avait mis en tête de devenir président de... la république libre d'Outremeuse !

Poster un commentaire