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Les protes aux chiottes.

Nous sommes un peuple étonnant de lecteurs de journaux.
Nous courons au kiosque tous les jours matin pour lire les titres des magazines, nous sommes abonnés à trois journaux au moins et le reste nous le piquons sur le Net. Aussitôt digéré un éditorial de Divine Delvaux, lu un article pertinent de Xavier Ducarme, nous les oublions sur le champ afin de happer un peu d’un air con qui nous ferait du bien, une signature dont le stylo ne serait pas une brosse à reluire.
Bon d’accord. Nous ne sommes pas de grands lecteurs. Mieux encore, nous lisons de moins en moins. Le livre électronique nous a dégoûtés de feuilleter des in-octavo, tirés en cahier de 32 pages, sur des Augsbourg au format double colombier, de sentir sous nos doigts le relief du papier, légèrement gaufré par les caractères plomb. Nous ne savons plus rien des belles éditions, des graisses délicates de l’Elzévir, de ces papiers d’Arche sur lesquels les lignes du verso sont exactement à la même hauteur et le même interlignage que le recto. Nous n’apprécions plus le travail des correcteurs, du reste, il n’y en a plus. Le journaliste écrit comme il respire. On reconnaît ceux qui fument à l’emphysème des mots.
Qu’est-ce que ça peut foutre en 2012, que 12 points Didot valent 13 points Fournier ?
Même pour Béa, tout ça est devenu du grec ancien, du grotesque, de l’érudition gothique, dans une langue qui n’existe plus et que personne ne comprend.
Donc, on vend moins de gazette, le lectorat est en baisse et les survivants s’ébaubissent d’admiration envieuse devant les 2 briques 6 que Bellens se fait, alors que le Titi de base est dans la dèche.
Enfin, on s’informe comme on peut.
Mais voilà, l’information est le résultat d’une pensée fluide et fluctuante. Alors le lecteur fluctue aussi.
Et puis, il y a l’élection élyséenne qui mobilise entre les faits divers douloureux, le tueur à la Vespa, les accompagnateurs, l’alerte écarlate et les enterrements, sans oublier le mur vert de Sierre. Comment faire part d’une minute de silence ? On voit bien la tronche des gens, mais ils ne disent rien et il faut commenter ce rien !
Un grand vide se fait dans nos têtes, déjà fort légères.
Même le grand journal de canal plus s’est farci un Rabbin, qui ne vient plus à la télé sans l’Iman.
L’affaire des affaires, par conséquent, reliée plein cuir et dos grecqué avec lettres d’or chauffées au fer sur le dos, qui devrait trôner dans toute bibliothèque, n’est même plus en bouche-trous, entre la mère Michel qui a perdu son chat, et un jeune du hard qui vante les qualités de la double pénétration depuis qu’il est en ménage à trois.

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L’affaire des affaires ! non pas celle du Sofitel, d’un DSK nu se ruant sur la femme de ménage, afin de permettre à Anne Sinclair de retrouver une vie de femme au Huffingtonpost, non ! l’affaire Bettencourt, qui n’en finit plus de rebondir dans l’indifférence. Pourtant l’étau se resserre sur Sarko. Ségolène Royal n’a pas tort d’affirmer que Nicolas a un impérieux besoin de gagner les élections, pour ne pas se retrouver au tribunal de Bordeaux.
On est d’habitude plus friand en Belgique des nouvelles françaises. Les amis que j’aime beaucoup du 11.02 du Soir se confinent. Même sur mon écran plat, ça sent la vieille bite avec son smegma à l’aigre-doux, qu'une pipe appuyée de la stagiaire ne détartrera pas !
Sans trop se gâter la vue, on peut trouver sur certains bons journaux français de quoi satisfaire la curiosité des lecteurs belges. Le juge d’instruction bordelais s’appelle Jean-Michel Gentil. Ça donne confiance. Eric Woerth ne devrait pas… Gentil a posé quelques mines qui pourraient faire du bruit.
De la dizaine de comptes que Liliane Bettencourt a éparpillés en Suisse, miss Shampoing a rapatrié en douce en 2007/8, 9 millions 4 d’euros en liquide ! Un transfert illicite de 400.000 € vient compléter le paquet, juste entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2007.
C’est l’époque où l’amitié de Woerth et Patrice de Maistre, l’homme de confiance de la doyenne de la pommade française, est à son comble. Ils se voient, se téléphonent. La comptable de Liliane note. Le majordome capte les sons. Des enveloppes kraft bien rembourrées circulent. On sait à peu près ce qu’il y a dedans. Jean-Marie Banier qui voit le beau pognon passer sous son nez, lui qui en est friand, la ramène. Aussi sec, on lui envoie de la spéciale au cul. Du coup, après sa garde à vue de Bordeaux, il ne se souvient plus de rien, parle d’abstraction, de poésie… Moyennant quoi, il rendra à la vieille l’argenterie et les tableaux, la fille Bettencourt, lui laisse le reste.
Le fameux carnet Bettencourt sur lequel Claire Thibout, la comptable, notait scrupuleusement les dépenses de sa patronne a circulé suffisamment, de Mediapart à Marianne, pour qu’on sache à peu près ce que la campagne de 2007 de Sarko a coûté à la généreuse donatrice.
En d’autres temps, les documents sont si accablants qu’on aurait pu annuler l’élection et donner la victoire à Ségolène, victime des siens, trahie par François, humiliée par Sarko.
Tout le monde est au courant finalement.
La question qu’il faut se poser est la valeur des lois quand les enjeux sont tellement importants ! Les juges eux-mêmes s’épouvantent, sauf Courroye en mission de conquête dans un ordre de la Légion d’Honneur.
Chez nous, nos surhommes ont des cerveaux de quinze kilos. La France a ses géants. Les Français ordinaires arrivent à peine à leurs culs.
Sarko réélu, de la flatulence auguste sortira une caisse si puissante que les juges seront balayés de leurs estrades et les journalistes de leurs porte-chiens. C’est ça la politique.

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