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D’Amarcord à Marcourt.

Mieux qu’à Balen, en campine anversoise, où 83 travailleurs ont été licenciés via des sms, Mittal congédie les travailleurs du chaud par des menaces et un chantage à la Région.
Ce qu’ils peuvent s’en foutre ces blaireaux des nases à leur service !... Les règles, les lois, ils s’en tamponnent.
Les démarches vertueuses, c’est pour nos gueules ! On traque pas assez le chômeur… L’Open VLD est en pétard. Le PS en ventouse des droites assiste les tourmenteurs.
En effet, comment comprendre autrement la démarche de cet employeur qui pourrait en cédant le chaud à d’autres, selon un plan de la FGTB et avec l’appui de la Région, sauver près de 800 emplois, sans compter ceux des sous-traitants ? Et qui ne fait rien d’autres que compter son pognon et dorloter sa petite famille…
La presse n’a même pas relevé cette bassesse supplémentaire d’une entreprise brassant des milliards. La Région a sauté sur l’occasion pour abonder dans le sens du patron et Marcourt a fait le reste en jouant les intermédiaires entre le patronat et les travailleurs.
Voilà le triste et dernier épisode d’une vieille histoire entre le fer et l’homme du bassin mosan. Ici se clôt deux cents ans de labeur. Triste fin, comme dans Amarcord de Fellini, on sent le fascisme pointer sous la fausse bonhomie de Marcourt, le regard navré de Demotte et le bas calcul des délégués syndicaux qui entendent bien finir leurs jours sous la couette d’une préretraite satisfaisante.
On brade un savoir faire qu’on ne retrouvera pas de sitôt.
Qui l’eût cru ? Quand la démocratie tourne à l’avantage du fric, c’est comme le fascisme qui remonte. Si ça tourne vinaigre, la Région qui a été incapable de trouver son Alexandre aura toujours à portée un Duce pour mettre au pas les populations.
Je sais qu’il est fréquent d’assister à ces comportements caractériels des patrons guidés par la seule idée du profit maximum ; mais que des responsables qui se disent de gauche n’essaient pas d’imposer la loi du peuple, c’est vraiment montrer le point où en est la démocratie.
A croire que nos favoris aux élections aiment bien la merde.
Et que dire des commentaires de la presse !
Alors, qu’on s’attendait à une indignation générale, c’est faux-cul et chemises entre le bouchon de carafe, Marcourt et les autres : le Soir, la Dernière Heure et la Libre. On se demande ce qu’ils vont bien pouvoir employer comme pommade à l’issue de la réunion « de la dernière chance » !

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Pas que des déchirements de l’esprit à la sortie. Certains pourront plus s’asseoir de longtemps.
Ceux dont les emplois vont disparaître, la Région va leur faire une préretraite plus dorée que la plupart des infortunés qui perdent leur emploi dans des petites boîtes, dont tout le monde se fout. Et alors ! La justice sociale dans ce bordel ?
Pourtant, dans les meetings on n’a jamais autant levé le poing en braillant quelques vers de l’Internationale écrits par le malheureux Potier. C’est évidemment en prévision de l’élection du 14 octobre et à l’usage exclusif des imbéciles.
A défaut d’autres choses, les avocats qui nous cornaquent ont encore une belle voix.
Pour en revenir à la firme métallurgique Sleurs, en faillite, on dirait le licenciement par SMS, comme taillé par l’élégant Mittal : "A notre grand regret, nous devons vous informer de cette manière que Sleurs Industries a été déposer ses comptes et à(sic) donc demandé la faillite. Jusqu'à plus amples informations du curateur, vous ne devez plus venir travailler. Vous recevrez bientôt un appel téléphonique pour confirmer la réception de ce message. Salutations".
C’est du modern-style, une forme d’atticisme de la littérature industrielle, du Houellebecq pour chiottes de direction et Goncourt pour les faisans de l’Edition.
Chez Arcelor-Mittal ce serait « A notre grand regret, nous fermons la phase à chaud pour que vous ne puissiez pas poursuivre l’activité avec quelqu’un d’autre. Si vous obtempérez, vous conserverez l’illusion de garder la phase à froid pendant un an ou deux ».
Marcourt adore ces genres de tractation. Il n’est jamais aussi fort que lorsqu’il est l’acculé au pied du mur. Ses ressources des années de prétoire augmentent sa capacité d’argumenter. C’est notre Fabius, notre Fafa des grandes écoles. Il est capable de tenir deux heures le crachoir pour nous faire croire que la phase à chaud est assurée pour au moins un an, alors qu’on démonte le dernier haut-fourneau.
Il est vrai qu’on le voit mal tenir le coup à la Région, sans sa formidable dialectique.
Voilà bien les hommes politiques, ils ne sont jamais jugés que sur la manière, tellement ils savent touiller dans les profondeurs de notre inconscient.
Cet homme aurait pu faire fakir chez Mittal. Son art de jouer du pipo est tel qu’il aurait endormi les crotales qui sortent des paniers de la ménagère indienne, à l’évocation de la réincarnation moderne de Shiva, en osmose avec la ménagère sérésienne.

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