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Revolución.

Est-il encore possible de conduire une politique de gauche dans le contexte actuel de deux contraintes : celle des marchés mondialisés et celle d’une Europe boutiquière ?
On peut se poser la question à notre minuscule échelle et même si les élections communales n’ont eu en aucune manière le pouvoir d’interférer dans la politique générale, la progression timide mais certaine du PTB en Wallonie et la grande marée de la N-VA en Flandre sont deux événements propices à interprétations.
Du côté du nationalisme flamand, se pose immédiatement un problème de droit européen. Ce n’est pas la Flandre qui est affiliée comme membre adhérent à l’Europe, mais la Belgique. Immédiatement les constitutionnalistes du genre Delpérée se feraient un malin plaisir d’argumenter à foison et on ne sait pas si une formation du type nationaliste régional aurait la moindre chance de faire passer ses thèses, étant entendu que derrière, il y a des Rhénans, des Corses, des Bretons, la Lombardie, la Catalogne, etc. La liste est longue.
Quant à l’autre événement, la montée du PTB en Wallonie, il s’en faut de beaucoup qu’il soit suffisamment étoffé pour être significatif et faire entrevoir une pression politique par un gauchissement de l’électeur.
Il ne suffit pas de montrer les inégalités criantes et leur montée en flèche dans les populations parmi lesquelles la classe populaire souffre le plus, il faut proposer puis faire appliquer des programmes et disposer d’une majorité parlementaire.
Le seul exemple actuel d’application d’une réforme de gauche est l’actuel président du Venezuela Hugo Chávez. Que ne dit-on de lui dans nos gazettes petites bourgeoises, criant à la dictature, à la fin de la démocratie, etc. C’est pourtant lui qui s’est fait réélire pour un nouveau mandat de façon tout à fait légale par des élections sans triche, au détriment d’un personnage qui avait toute l’admiration du MR.
Il y a longtemps que le bolivarisme et Chávez eussent disparu dans les oubliettes de l’histoire, si le Venezuela ne renfermait pas de pétrole dans son sous-sol. Indépendant financièrement, contre vents et marées Chávez poursuit une politique sociale qu’on n’avait jamais vue dans son pays et, peut-être dans toute l’Amérique du Sud.
Imagine-t-on la même chose dans un pays comme la Belgique, si dépendant du système capitaliste, si complètement asservi dans une Europe mercantile et faisandé par tous les margoulins des partis centristes, un pays déjà si pauvre en richesse naturelle ?
Avant de répondre à la question, jetons un coup d’œil chez nos voisins.
François Hollande est le président socialiste d’une France majoritairement acquise à l’économie traditionnelle, à savoir capitaliste orthodoxe. Pourquoi cet homme, dans la frange socialiste modérée, suit-il finalement la politique de Sarkozy favorable au pacte européen de stabilité, après en avoir détesté le principe et séduit l’électeur en prétendant qu’il serait renégocié face à Angela Merkel ?
Parce qu’il n’a pas la volonté de rompre avec le système étant entravé par les conditions économiques et sans courage pour affronter les banquiers à la curée, s’il lui venait la force de dire non.
Pour en revenir à la Belgique, la volonté de rompre avec le centrisme du parti socialiste de Di Rupo ne serait possible que si l’adhésion actuelle au Ps se défaisait au profit d’un parti dénonçant le capitalisme, pour mettre en place un régime socialiste.
Le PTB ne propose rien de comparable à ce qui a fait le succès nationaliste de Bart De Wever, à savoir un coup d’éclat sous forme de rupture avec le système capitaliste. Les Flamands croient que leur sort sera meilleur dans une Flandre indépendante, ils ont trouvé leur chantre. Ils n’ont pas compris que c’est le système économique qui les subjugue et non pas la Wallonie indigente qui vit à leurs crochets. Quant à celle-ci, elle n’en est pas encore à estimer qu’une révolution sociale soit possible. Sinon, il y a longtemps qu’elle aurait déserté les rangs du Ps et désigné soit le PTB, soit un autre parti dont le but final serait la rupture avec le pouvoir de l’argent.

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Nous n’avons pas un Hugo Chávez pour nous entraîner sur cette voie.
Nous n’avons qu’un PTB critique à l’égard du Ps. Ce parti de gauche aurait beaucoup à gagner en dénonçant l’imposture de la social-démocratie, en proposant une autre forme de démocratie dont le principe est simple : celui d’accorder la priorité aux besoins du plus grand nombre par le retrait des richesses abusivement acquises du plus petit nombre.
Pour cela, il faut dresser un inventaire général de la Wallonie, appeler des économistes autres que ceux des banques au chevet du malade et accueillir l’intelligentsia de chez nous qui s’est toujours refusée de se compromettre à la table des repus, afin de présenter autre chose aux électeurs que le couplet petit-bourgeois du Ps.
Voilà qui effraierait encore trop de gens, dégoûtés du système, mais pas encore partants pour en essayer un autre.
Evidemment si une forte tête passait outre, la meute journalistique, politique et bourgeoise, le Ps et ses partenaires centristes, ne manqueraient pas de mordre et tuer dans l’œuf une émancipation qui ne plairait ni aux riches, ni à l’Europe, ni au pouvoir subtil et discret des grandes compagnies mondiales. N’est pas Robespierre, ni Saint-Just, qui veut… ni même Chávez.

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