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Oser inventer l’avenir.

Le désir quasi général des générations des quarante et plus de revenir à un temps où le rapport des forces sociales était moins défavorable aux salariés, marque un tournant dans le système. L’effritement de l’hégémonie néolibérale est ressenti fortement dans cette catégorie de salariés qu’on dit trop vieux pour l’emploi, et trop jeunes pour obtenir le droit à la retraite.
L’hécatombe dans cette tranche d’âge rejoint celle des jeunes, formant ainsi le plus gros des contingents de sans emploi.
Cet état de fait reflète l’impuissance stratégique de la gauche politique et aussi, ce qui est plus grave, des syndicats.
Une radicalité aurait besoin d’être réinventée qui refuse la passivité et qui ne désespère pas d’imposer ses vues par des luttes. On dirait que l’Europe fait un effet d’éteignoir et au lieu de susciter des espoirs, enclenche une résignation comme il n’en existait pas au temps où le capitalisme avait de la concurrence.
Les grèves ont toujours constitué, jusqu’à aujourd’hui, un puissant défi au concept selon lequel la politique que nous subissons est la « seule possible ».
Rigueur, austérité, qu’importent les mots, une volonté populaire de refus devrait être suffisamment exprimée pour qu’elle détermine le changement.
D’autres diront « regardez les affrontements dans la rue en Grèce, le peuple contre les forces gouvernementales » : tant d’efforts et de sacrifices pour rien ! On touche à l’ambiguïté d’un régime qui ne se maintient qu’en opposant deux catégories du peuple : le protestataire et le policier.
Histoire classique aussi vieille que la société préindustrielle, qui laisse l’exercice de la démocratie sans réponse.

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Aux dirigeants des partis de gouvernement débarrassés de la menace soviétique, on pourrait demander des comptes sur la démocratie, s’ils comptent toujours sur la police pour empêcher le changement ?
Est-ce cela l’aboutissement le plus accompli de l’organisation humaine qu’ils ont à nous proposer ?
La majorité des outils de production demeurent aux mains du privé. On vient d’avoir un aperçu du tollé qu’a soulevé la déclaration de Monteboug à propos d’une éventuelle étatisation des propriétés industrielles du magnat indien de l’acier sur le site de Florange, en France. La planification européenne a pris une tournure parfaitement conforme à un monde libéral qu’il est interdit de modifier en quoi que ce soit. Les économistes ne rêvent pas de le transformer, pour en faire le levier d’un monde meilleur. Ils ne sont présents que pour élaborer des objectifs de croissance, sans tenir compte du social.
Les idées de démondialisation et de relocalisation suscitent un renouveau d’intérêt. Les partisans de ces idées recouvrent à présent toute l’Europe de l’Ouest. Elles finiront par gagner l’Europe de l’Est.
L’Angleterre est fort réticente. Elle est réticente pour tout à un tel point qu’on peut se demander ce que ses délégués font encore à Bruxelles, puisqu’ils sont tous antieuropéens.
Elle est un frein à toute modification du système. Sans elle, l’Europe ne serait pas dans l’impasse dans laquelle elle met peu à peu tout qui travaille, de l’artisan, petit commerçant, agriculteur, aux ouvriers des chaînes de montage ; mais, elle n’est pourtant pas responsable de tout. Ce serait trop simple de désigner un coupable pour masquer nos faiblesses.
Les chemins d’une socialisation des moyens de production sont loin d’être tracés, en partie à cause d’elle ; mais, sans elle, nous ne serions peut-être pas encore à rêver à des stratégies émancipatrices. Nous nous tâterions toujours en regardant les socialistes, comme si tout dépendait encore d’eux !
Sans être associée à une finalité d’émancipation sociale, la démondialisation reste une piste que les partis politiques feraient bien d’explorer. Justement, Rudy Demotte est à la recherche d’un plan B. Cette recherche pourrait utilement peupler ses loisirs.
La crise financière remet en question l‘idéologie libérale et place la social-démocratie devant ses contradictions.
Comment transformer la désespérance en espérance ?
« Il faut oser inventer l’avenir. »

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