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C’est du propre !

Est-ce bien le rôle de la presse de nous seconder – mieux, de nous pousser - dans notre descente de l’insignifiant ?
Je ne le crois pas.
Et pourtant, voilà un bon mois que cette descente se précipite. Nous sommes dans un toboggan people que les fêtes de fin d’année ne légitiment pas.
Le village de Bugarach et cette soi-disant fin du monde nous fait toucher le fond.
Ce qui méritait à peine dix lignes en quatrième page et qu’il aurait fallu traiter sur un ton ironique, devient en ce 21 décembre, un point culminant de la bêtise, une affaire mondiale !
Le mois avait débuté en force avec la séparation d’Arnaud Montebourg et d’Audrey Pulvar. Ce qui aurait dû rester dans le domaine de l’intime se diffuse sur la place publique, c’est tout juste si on ne demande pas à la marchande d’oignons sur le marché du matin, ce qu’elle en pense.
Derrière cette histoire d’amour qui finit mal, on peut dire que la star de la télé en a remis une couche. Et c’est bien là une partie de notre glissade vers le point de chute le plus bas. Que ces professionnels de la télé fassent leur boulot et si possible du bon, nous ne demandons que cela. Ils interviewent des vedettes, sont sur le coup des « spectacles inoubliables », voilà qui est dans leurs cordes. Puis, sans crier gare, ils se font interviewer eux-mêmes, font tourner des films par leur société de production sur leur vie et leur parcours, comme Michel Drucker et se mettent à la place des vedettes pour se faire interviewer par leurs propres amis !
Laurent Ruquier en est même arrivé à faire poser son compagnon dans la vie devant la caméra, alors que l’on ne connaît ce garçon à aucun titre, si ce n’est de partager les jours et les nuits de l’animateur !
Et les gazettes répercutent !

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Ceux à qui on délègue le droit de nous informer, au lieu de descendre dans les quartiers, de s’inquiéter de la société, de parler de la démocratie, de ses succès de ses faiblesses, de nous expliquer à leur manière la crise économique qui ravage l’Europe, d’ouvrir une réflexion sur le monde comme il va, de critiquer enfin ce qu’il trouve critiquable, débarquent à Knokke pour interviewer le coiffeur qui a coupé les cheveux de Michelle Martin !
Certains même poussent l’impudeur en suivant la meute qui profère des menaces de mort à son encontre, au lieu de rappeler qu’elle a payé son tribut et que ce qui reste en contentieux n’est qu’une affaire personnelle dans sa conscience, de la faute qu’elle a commise. Et au lieu de hurler avec les loups, si quelque chose gratte le pauvre type qu’on a payé pour rapporter ce que le coiffeur a ressenti en tenant des ciseaux au-dessus du visage de sa cliente, qu’il écrive sur la bizarrerie des jugements, de l’accomplissement des peines et même, ce serait son droit, de revenir sur le couplet de la peine de mort. Qu’en somme, il nous fasse quelque chose qui sorte de la nullité habituelle de ces sortes de débats.
Mais le plus gros dans l’inutilement « indispensable », c’est le départ de Gérard Depardieu pour la Belgique (ce qui n’est pas encore fait).
A partir du moment où cette société est assez folle pour permettre qu’un travailleur se tape des boulots innommables pour gagner juste à peine de quoi survivre et que de l’autre côté du circuit, le PDG de Renault, qui s’apprête à licencier à tour de bras l’année prochaine, a gagné 13 millions d’euros en 2012, que ceux qui vivent là-dedans et n’en disent rien foutent la paix à Depardieu de s’installer où il veut, et qu’ils ferment dorénavant leurs gueules sur la question.
Mais non. On a filmé une maison à Néchin. Des journalistes ont assailli un promoteur immobilier de la localité, interviewé le bourgmestre, etc.
Et sur cent personnes qui trouvent que c’est dégueulasse de se sauver des impôts à un moment où la France va mal, nonante neuf feraient exactement la même chose, s’ils avaient un matelas bourré de billets de banques.
Vraiment, on pourrait amuser les gens à autre chose. Ce n’est pas que si ça continue ils deviendront dingues, non, c’est fait !
On pourrait maintenant passer à l’étape suivante : leur interdire d’aller pisser pendant les heures de travail, en raison de quoi, s’ils ont bien été sage, dans leur quotidien, il y aura leurs stars préférées à poil en première page, Michelle Martin en shampouineuse en deuxième. Bernard Tapie PDG au Soir et Dominique Strauss-Kahn, père fouettard aux petites sœurs de Malonne, finiraient le travail en engageant Berlusconi pour la rubrique mondaine.

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