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L’anniversaire de l’Hydre !

Voilà un an naissait un monstre à sept têtes qui était une nouvelle hydre de Lerne, avec comme objectif de faire un gouvernement, non pas « pour » la conduite de l’Etat en vue d’une amélioration du sort des Belges », mais contre la N-VA, un parti flamand qui avait tendance à faire cavalier seul et cauchemarder les autres partis.
Les objectifs de ce gouvernement étaient clairement définis sur le plan institutionnel : garantir la pérennité de l’Etat dans ses grandes lignes, la dynastie, l’unité de la Belgique dans ses composantes régionales et pour l’économie, se fier au dynamisme de nos entrepreneurs, là aussi, dans la pérennité du système capitaliste, tel défini par la confiance dans le libéralisme et les échanges. Bref, un condensé de tous les conservatismes.
Puisque ce gouvernement regroupait toutes les familles politiques, sauf une, il entrait d’emblée dans un immobilisme dramatique à tous les domaines.
On a été servi.
Elio Di Rupo aura surpassé toutes les espérances de ceux qui voulant tout, avaient déjà beaucoup dans le domaine de l’économie.
Rien ne vaut pour la droite, un bon gestionnaire socialiste, afin de régler à sa place les rapports difficiles entre les travailleurs et les propriétaires des usines et les détenteurs des capitaux.
Non seulement le budget ne prend pas trop à ceux qui ont beaucoup pour en rétrocéder une part à ceux qui n’ont rien, mais encore il lime par-ci, par-là, le morfil des portemonnaies les plus minces.
Autrement dit, six têtes de l’hydre ont intimé à la septième de faire « comme on a dit ». Après un an de gouvernement, la tête socialiste est gagnante et le socialisme perdant.
Le volet économique était finalement le moins important et le cadet des soucis d’Elio Di Rupo.
Le sauvetage de la Belgique conservatrice telle qu’elle se présente encore aux yeux des Wallons comme la seule vision possible de leur futur, rejoignant en cela en Flandre une baronnie chrétienne conservatrice, était la mission la plus importance de la tête « immortelle » de l’hydre.
Au prix d’une acrobatie digne des meilleurs cirques, Di Rupo a donné à son projet de scission de BHV un tour qui confine à la poésie, une sorte de Pléiade où se révèle son esprit « courtois », dans lequel on aura noté que la première syllabe du mot est un peu « courte ». Non seulement aucun des Arrêtés ne sont pas encore pris, mais aucune des situations de friction entre les communautés ne sera résolue. Si on suit Maingain dans sa critique, au contraire, l’application de ce qui attend d’être mis en pratique va engendrer des frictions nouvelles.
Puisque ce gouvernement est contre quelqu’un, il ne se passe pas une semaine sans qu’on ne suive de l’œil les faits et gestes de ce quelqu’un : Bart De Wever. L’opinion des Flamands est mesurée en termes de popularité de l’Anversois dans des sondages. Ils ne sont intéressants que par la façon dont les sondeurs posent les questions, afin d’obtenir les réponses adaptées aux souhaits de leur clientèle.
Quant à la dynastie, elle coûte cher, qu’importe… les ministres aussi nous coûte énormément et de ce côté-là, il n’y a pas de volonté de faire des économies de la part de l’hydre. Le système politique en Belgique est peut-être proportionnellement au nombre d’habitants et à la surface du pays, parmi un des plus onéreux du monde.
La dynastie n’a besoin de personne pour se détricoter d’elle-même, depuis l’avènement de la presse people et qui est aussi la presse à scandales. La modernité dans cette actualité particulière montre des blasonnés pour ce qu’ils sont, à savoir des gens tout à fait ordinaire. Le peuple a encore du mal à s’en rendre compte, mais ce n’est pas Di Rupo, dans sa ferveur monarchiste, qui pourrait en accélérer le cours.
Le gouvernement conservateur dirigé par un socialiste « réformateur » est un mauvais gouvernement pour toutes ces raisons, mais encore pour d’autres.

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C’est un gouvernement qui gère le court terme qui est calqué sur le comportement d’un parti et d’un homme. Que De Wever gagne les élections de 2014 et il a perdu, qu’au contraire la N-VA les perde et Di Rupo triomphe. C’est une vue de l’esprit qui ne mène pas loin.
Rien sur le fond pour maîtriser la crise. Rien pour une politique de l’énergie qui se projette sur l’avenir. Moins que rien pour une réflexion sur le social et le dysfonctionnement avec l’économie. Le néant sur la problématique d’un capitalisme à la dérive et son antidote, le retour éventuel à un socialisme qui ne soit pas sottement productiviste. Le vide complet sur le devenir des centrales nucléaires, ce qui va les remplacer et comment on va se débarrasser des déchets radioactifs et dépolluer les sites. Enfin, sans boule de cristal, on doit tout de même extrapoler sur la vie « fin du siècle » et au moins se poser la question de savoir comment on va vivre avec des énergies fossiles en voie d’extinction, si on excepte le charbon qui en a encore pour trois bons siècles.
Inutile de dire que les enfants qui naissent aujourd’hui verront la fin du siècle, pour la plupart d’entre eux. Nous sommes à un moment clé de notre histoire.
Alors, un premier anniversaire aussi calamiteux, ne mérite pas qu’on s’y attarde trop.

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