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Le vieil Elbeuf bis.

Nonobstant ses crises d’hystérie quand on met en doute la crise profonde que traversent le petit commerce et l’industrie moyenne, Sabine Laruelle n’a pas tort de s’alarmer de la situation dramatique du secteur.
L’Agence Belga vient de communiquer des chiffres alarmants sur l’état désespéré du groupe d’activités. En janvier 2013, 1.147 entreprises ont fait faillite, soit une hausse de 40 % par rapport à janvier dernier. L’année2012 avait déjà été la pire de toutes, avec un record de 11.000 faillites. On se demande ce que sera 2013 !
Se promener dans les centres villes du royaume se passe de commentaires : les commerces à remettre, les vitrines vides, le manque de diversification des genres (impossible de trouver une quincaillerie, une poissonnerie ou une épicerie dans des quartiers pourtant à forte densité de population) laissent voir à tous qu’on est à la toile d’un genre d’économie et qu’on touche le fond sur ses possibilités de changement.
Vos économistes gagés par le pouvoir ne vous le diront pas, mais les classes moyennes constituent le gros des troupes du système capitaliste. Elles en sont la colonne vertébrale.
Ce sont ses rangs qui fournissent le plus clair des serviteurs d’un pouvoir « démocratique » allié du pouvoir économique. Les classes moyennes ont su couler un alliage entre les deux qui a produit le mouvement libéral et la dernière génération du socialisme dégénéré que nous connaissons, la social-démocratie.
Du reste, le dernier « bastion » de cette classe moyenne en déliquescence est essentiellement constitué des « nouveaux riches » de la classe politique.
Les classes moyennes sont un but pour la plupart des citoyens. Privé d’une classe moyenne attractive, un pays perd son facteur de modération naturelle.
Sans elles, les ennemis irréconciliables : les détenteurs des biens et ceux qu’ils ont dépouillés, se trouvent face à face et en confrontation permanente et, à moins d’une dictature de la droite, ce serait la loi du plus grand nombre qui l’emporterait aisément.
Moins importantes en termes d’emplois que les grosses boîtes par unité de production, les classes moyennes n’en sont pas moins le premier employeur du pays.
C’est aussi le refuge des gens sans diplôme et parfois bien supérieurs en intelligence de nos universitaires. Les individualistes y trouvent les moyens de satisfaire leur goût d’indépendance, en gardant la faculté d’entreprendre. C’est aussi la survivance des petits métiers et des métiers d’art, secteur en voie d’extinction, car les premiers touchés par l’ampleur de la crise, selon le principe que tout ce qui ne rapporte pas de fric ne sert à rien !

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Je ne fais pas l’apologie de cette classe sociale souvent méprisante des travailleurs de base, parce que trop proche de ceux-ci, mais pour souligner l’importance que les classes moyennes ont dans la poursuite du système capitaliste, qui sans elles, serait balayé depuis longtemps.
11.000 faillites en 2012, c’est 18.800 emplois perdus, trois fois plus que Ford Genk et Arcelor Mittal réunis, si on ne trouve pas de solution pour sauver ce secteur.
Sans vouloir trop pleurer sur les chefs d’entreprise de ces minuscules cellules de production, il n’est pas tenu compte dans ces 18.800 emplois perdus, du basculement dans la pauvreté de ces chefs d’entreprise miniature, eux et leur famille, ce qui fait bien plus d’emplois perdus que les chiffres ne le disent.
Qu’importent du reste ces chiffres qui pointent le secteur de la construction en première position avec des faillites qui ont bondi de 69,4%C, le commerce de détail (+66,3 %) en deuxième, et les services aux entreprises (+43,7 %) en troisième.
On pourrait ricaner sur l’engouement persistant de cette classe sociale en perdition pour son sectarisme borné, son manque de solidarité et son indélicatesse grégaire à filouter les accises et les taxes, mais, tant que les travailleurs seront attirés vers le centre bourgeois de cette société sans entrevoir aucune échappatoire à la loi du fric, cette classe tampon servira à équilibrer les parties adverses ; car, malgré tout, elle s’oppose à la mondialisation de l’économie libérale, malgré l’ultralibéralisme de ses meneurs.

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