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Du fric en stoemelings.

Le citoyen ordinaire n’est pas un familier des prétoires. Les bancs des Cours sont surtout fréquentés par des désœuvrés ayant dépassé l’âge de la retraite et qui vont s’y chauffer. Mais, c’est un droit et sauf un huis-clos, tout le monde peut y entrer, s’y asseoir et tenter de percevoir un sens dans le chuchotement des avocats et des magistrats. Dans certaines affaires retentissantes et de Cours d’Assises, ces Messieurs et Dames travaillent pour leur gloire, devant des caméras de télévision et des micros derniers cris.
De ce que l’on voit et ne voit pas, de ce que l’on entend et n’entend pas, se détachent deux manières différentes – ne serait-ce que dans le ton – entre un procès banal, ordinaire et celui d’un personnage politique important.
Justement, il s’en passe un, en France, mais qui n’en est qu’à l’instruction : celui de Nicolas Sarkozy, mis en examen, c’est-à-dire ayant changé son statut de témoin assisté, en celui plus délicat d’être « soupçonné de… ».
A première vue, la Justice française a ceci de positif par rapport à la nôtre, d’aborder les dossiers délicats avec prudence, certes, mais avec une détermination que nous n’avons pas, si nous nous référons aux dernières affaires incluant des hommes politiques et qui ont tous été relaxés, peut-être bien faute de preuves, mais aussi pour beaucoup, faute de courage, quand ce n’est pas l’Assemblée qui sauve un des siens par une dispense, comme ce fut le cas d’un ponte du CD&V, l’année dernière.
Il faut ajouter à cela que la presse belge n’a rien à voir avec la presse française dans laquelle Mediapart s’est illustrée dans le procès en cours et récemment sur Jérôme Cahuzac, forcé à la démission par François Hollande.
C’est que nos journalistes sont trop près du pouvoir et peu enclins à faire honnêtement leur métier dans certains cas. Si bien que je tempérerai l’enthousiasme d’un article tout au long duquel je saluai la venue de Marianne en Belgique, quand on s’aperçoit que les « honorables correspondants » sont presque tous connus pour leur servilité à l’égard du personnel politique et leur inconditionnalité du système.
Il n’y a pas de raison que Jacques Chirac, finalement condamné après quinze ans de procédure et de son gel, durant les douze années de présidence, François Mitterrand, Valéry Giscard-d’Estaing, quatre présidents plus qu’embarrassés par des affaires, que Nicolas Sarkozy passe à travers, alors que son nom apparaît dans plus de dossiers que les quatre autres réunis.
Si l’on veut bien se pencher sur la statistique et les lois du possible, comment se fait-il qu’à part Guy Spitaels, et Jean-Claude Van Cauwenberghe, aucun autre président de la région wallonne n’ait été autrement inquiété par la justice ? Quoi, pas la moindre petite affaire ? Pas l’ombre d’un soupçon, pas la moindre peccadille pour les quatre autres ?
En France, des politologues se sont penchés sur la question.
Le système politique français, avec les cumuls de mandats et de fonctions sont les causes principales de la dérive de tant de politiques. Il y a la morale arborée comme un étendard lors des campagnes électorales et la réalité du terrain qui voit les vertus se défaire et la corruption l’étouffer.
Comment se fait-il qu’avec les mêmes ingrédients de cumuls et d’accaparement des mandats, nous ne constations pas la même dérive en Belgique ?

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Voulez-vous que je vous dise : le politicien belge n’est pas plus vertueux que son homologue français. Il bénéficie de ce que les Français n’ont qu’à moitié : une presse veule et corrompue et une incapacité de l’électeur belge à exprimer son sens critique par l’étouffement d’un pouvoir qui a su mettre en place des fusibles un peu partout.
Le reste est écrit dans la réalité et se déroule sous nos yeux : peu d’hommes sont capables de résister aux privilèges, aux avantages, aux facilités. N’est pas Robespierre qui veut.
Quand il y a un journaliste qui rue dans les brancards, personne n’y croit. On se demande si Deborsu n’a pas publié son brulot sur le couple princier, avec le feu vert du pouvoir, dans l’intention de mettre toute espèce d’opposition critique, dans le sac de l’exagération et de l’outrance !
Le seul moyen de rendre l’honneur perdu à la profession, c’est de limiter dans le temps les carrières politiques ! Ainsi, ceux qui ont la mission d’informer le public perdront leurs mauvaises habitudes en même temps que les gens de pouvoir perdront le besoin du clientélisme pour durer.
Ainsi, on permettra que le nombre extrêmement limité d’affaires concernant les politiques, ne le soient plus à cause de la proximité des juges, des journalistes et des politiques, mais parce que naturellement, il y aura moins de corrompus.

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