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C’est pas juste !

On pourrait se demander si, dans l’actualité, il n’y a pas d’autres sujets plus intéressants que celui des tribulations de Sylvio Berlusconi devant les tribunaux ?
Oui, bien entendu.
Sinon que la dernière « défense » du Cavaliere - déjà condamné à un an de prison en première instance dans le procès sur le rachat de la banque Unipol, un jugement dont il devrait faire appel – s’applique cette fois au procès Ruby, cette jeune prostituée mineure dont Berlusconi aurait utilisé les services dans le cadre de soirées chaudes à sa villa des environs de milan. Et là, il risque plus gros.
Mais, ce qui fait l’intérêt du cirque médiatique autour de l’homme et de ses tribulations, c’est l’effet protecteur de l’argent d’un prévenu aux ressources illimitées qui met en échec le déroulement normal de la justice.
Il y a déjà bien longtemps que, moins riche, Sylvio Berlusconi serait en prison. La liste de ses méfaits dépasse l’entendement, son impunité est peu ordinaire.
On ne dira jamais assez les dégâts dans l’opinion de cette impunité ! La Justice est quand même un des principaux piliers de la démocratie ! Quand ce pilier est branlant et, pour le Rubygate c’est un délicieux euphémisme, la démocratie elle-même en est considérablement affaiblie.

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Déjà avec DSK à New-York, tout le monde a pu juger du pouvoir de l’argent, en l’occurrence celui d’Anne Sinclair, riche héritière, épouse du prévenu, qui a permis à DSK de ne « moisir » qu’un jour en prison, puis de patienter dans une maison de grand luxe, jusqu’à son retour en France et enfin le défraiement de la plaignante, Madame Dialo, qui n’a pas résisté à l’offre d’un million et demi de dollars pour se désister.
Dans l’un et l’autre cas, les centaines de millions de justiciables de l’Europe de l’Union, comme les citoyens américains, non seulement auraient été maintenus en détention avant le jugement, mais encore y moisiraient à l’heure actuelle.
Mieux, un DSK, sans le fric de Madame Sinclair, aurait eu droit à l’étalage de son agression détaillée du Sofitel de NY, dans toutes les gazettes. Le fric a permis d’étouffer l’affaire et en le recevant Madame Dialo s’est engagée à ne jamais parler de l’agression sexuelle dont elle a été victime.
Alors, vouloir dire que nous sommes les justiciables d’une Europe qui donne les mêmes droits à chacun dans une démocratie respectable, c’est se ficher du monde.
En Belgique, il est courant que des personnages échappent à la justice parce qu’ils font de la politique à un haut niveau ou qu’ils sont à la tête d’une belle fortune, sinon qu’ils ont la responsabilité dans des affaires qui leur permettent de faire pression sur l’opinion.
En acceptant des missions qui relèvent du droit civil, comme le font si souvent les responsables politiques qui siègent dans des institutions bancaires ou dans des entreprises mixtes, non seulement ils perçoivent des salaires cumulant avec des indemnités parlementaires, mais encore, ils sont pratiquement assurés que leur responsabilité ne sera en aucune manière engagée.
L’affaire Dexia et l’extinction de toute poursuite par décret, à l’encontre de Jean-Luc Dehaene, illustre ces propos.
Et en cherchant bien, on pourrait lever le lièvre dans d’autres affaires. Hélas ! la presse n’est pas chaude pour s’aventurer sur un terrain où elle devrait se mesurer à l’establishment.
Même si les procès tournent à la bouffonnerie avec Berlusconi et Dominique Strauss-Kahn, on touche quand même là au point sensible d’une justice : l’argent
L’argent procure, sinon un passeport d’immunité, tout au moins une réflexion préalable de tout juge d’instruction saisi d’une affaire incluant des personnalités politiques ou richissimes.
Être friqué ou pas met en cause le système. A commencer par la simple amende pour une infraction mineure. Le clan des riches se rira de contribuer à l’effacement de son « erreur » par un versement de quelques milliers d’euros. Celui des pauvres verra le verbalisé au bord de l’exclusion sociale, sinon en prison.
C’est regrettable que le côté moral, vu sous cet angle, ne soit jamais abordé dans les gazettes qui aiment parfois s’étaler sur les frasques des puissants, comme si certains avaient droit à toutes leurs mansuétudes, tandis que d’autres, issus du prolétariat naturellement, toutes leurs réprobations.

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