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Une Marianne belge !

Heureuse initiative de Marianne la semaine dernière. Elle m’est complètement passée sous le nez. Je n’ai pas pu dire tout l’intérêt que je porte au magazine français, qui s’est lancé dans une édition belge à 3 € 80, ce qui n’est pas cher tant son contenu est bien plus dense et plus intéressant que tout ce qu’on fait en Belgique dans le genre.
Tout en gardant l’essentiel de la politique française, politique à laquelle s’intéressent les francophones de Belgique, un peu à cause de la timidité, pour ne pas dire, la mièvrerie des journaux et des magazines traditionnels, lécheurs de bottes du système et laudateurs de n’importe quel parti pourvu qu’il soit au pouvoir, Marianne insère un cahier d’actus belges, autrement plus nerveux et plus près d’une réalité, que les autres.
Seul bémol, il faudra se méfier à l'usage. C'est qu'en France, on connaît bien mal le problème belge. Il faudra donc que Marianne trouve en Belgique des journalistes qui correspondent à son esprit d'indépendance.
Si l’édition belge conserve l’intelligence et le ton incisif de son grand frère français, les concurrents de l’info devront se méfier. Ils risquent de perdre une clientèle qui ne se satisfait plus des gros titres et des programmes de la télé, de la bonne soupe bien bourgeoise et confondante masquant le vide et la catastrophe.
Déjà le numéro 2 épingle ceux qui font les grands soirs de nos télés économico-politiques sous le titre « Les experts, savants, guignols ou imposteurs ? ».
En préambule, Pierre Jassogne, journaliste indépendant, donne à lire dès le premier paragraphe « Ils s’appellent Bruno Colmant ou Pascal Delwit (il aurait pu ajouter quelques autres noms qu’on a sur les lèvres) sont économistes ou politologues, interviennent en permanence dans la presse, à la radio ou sur les plateaux de télé pour décoder l’actualité, donner leur avis, faire et défaire les opinions. Comment en sont-ils arrivés là pour devenir aussi incontournables dans les médias ? ».
Bonne question en effet à laquelle je tente de répondre depuis sept ans que ce blog existe.
Tant mieux si des gens de métiers ne se positionnent plus du côté du manche.
Je me contenterai de regarder un match entre deux manières de faire du journalisme, comme tout le monde et sans perdre mon droit de citoyen d’analyse et de critique.
Le vivier des merlans du régime se retrouve dans les deux piscicultures RTL-RTBF que sont les émissions politiques du dimanche midi. Il est toujours aussi bien fourni.
Ce n’est pas pour la qualité de ces émissions que mon intérêt s’y porte, mais pour répertorier dans le grand bazar des idées reçues, ce qu’on fait de mieux en matière de politique et d’économie, d’une démocratie à la fois cireuse de bottes et élitistes, dont ils sont les seuls à ne pas se douter que les jours sont comptés.
Que nos gazettes, nos télés, tous ceux qui forniquent avec le pouvoir poursuivent la ronde des bien-pensants, il y a dorénavant une autre façon de voir la crise, le royaume, les partis et les bourgeois de la Belgique assise.
Si la sauce prend et que Marianne Belgique enfonce son coin et prend des lecteurs aux autres, peut-être verra-t-on des journaux comme le Soir tenter de récupérer ses lecteurs par une autre forme de lèche.

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Ce sera édifiant de lire les éditoriaux futurs. Il va leur falloir de la souplesse, quitte à conserver le vieux fonds de commerce dissimulé sous les fascines de l’ouverture à la population en difficulté,
Peut-être aussi, que la lourdeur nationale enterrera Marianne ! Sait-on jamais ?
Quand le « Qu’il fait bon vivre quand même en Belgique » est soufflé des salons de Laeken et des Clubs, les journaux traditionnels sont capables de nous ressusciter le stalinisme pour nous faire peur, avec l’objectif de descendre Marianne en flammes, en accusant ses rédacteurs de communisme primaire.
Ça rappellera le temps passé de la guerre froide.

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