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Ad majorem Elio gloriam.

La presse de gauche ayant complètement disparu, cela ne pouvait mieux tomber pour le premier ministre qui s’est donc épanché dans un journal « de droite » : la Libre Belgique, sous forme d’interview.
L’interview à la belge est assez habile. Le « client » fournit les questions et donne les réponses.
C’est ainsi que nous allons apprendre tout ce qui marche bien de la politique de rigueur/relance du grand homme et que nous ne saurons rien de ce qui ne va pas et notamment du malaise persistant sur deux tableaux. Le premier, c’est évidemment la crise du capitalisme et le second c’est la crise de confiance entre l’électeur et le personnel politique.
Il y a donc un modèle belge qui fonctionnerait mieux qu’ailleurs, sans que nous sachions si en gros « ailleurs » c’est le Sud de l’Europe ou toute l’Europe, Allemagne comprise. Evidemment, selon son habitude de ne fâcher personne, Di Rupo parle à mots couverts de ses alliés socialistes de France. C’est comme s’il n’était pas fourré à Lille une fois la quinzaine chez Martine ! Les socialistes français, il ne les connaît plus… le socialisme tout court non plus, par ailleurs.
Première découverte, il y aurait donc deux formes de socialisme social-démocrate, celle qui marche bien et celle qui foire. Si l’on approfondit ce que Di Rupo veut dire entre les lignes, si ça marche bien en Belgique, nous le devons à notre mixage avec la droite. Sa social-démocratie doit son efficacité à la collaboration intense avec les banques et les patrons. Le malheur de François Hollande, c’est d’avoir annoncé qu’il n’aimait pas les riches, pour finir par les attendre au sortir des Conseils d’administration, la sébile à la main.
Première déconvenue contenue entre les lignes de cette interview à la Libre, en réalité Di Rupo a conduit le PS vers une social-démocratie qui est un renoncement à toute politique de gauche, accélérant ainsi la dépendance des Travailleurs à l’hégémonie des trusts !
Di Rupo justifie cet abandon par une sorte de modus-vivendi avec l’Europe, lui permettant de rester un bon élève de l’austérité, tout en jouant avec les chiffres et ses déclarations antérieures. Le patron du PS a, en somme, négocié à la Commission européenne, un statut permettant de garder la confiance des marchés financiers, tout en demandant des rallonges à ses promesses de rigueur.

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La suite est encore meilleure.
L’Europe comptabilise l’aide de l’Etat belge à Dexia dans la dette. Rien de plus naturel !
Di Rupo ne l’entend pas ainsi et il a tort.
Voilà un gouvernement qui vole au secours de ses banques pour un deuxième ou un troisième sauvetage, on ne sait plus, alors que Reynders, en son temps, avait avoué que l’effort de sauvetage des banques à la crise de 2009, n’aurait lieu qu’une fois, parce qu’il serait dangereux d’en faire un système, et voilà que quatre ans plus tard, un socialiste remet ça !
Et que nous ressort notre grand homme ? Mais, les arguments qui ne pouvaient servir qu’une fois. Extraits de l’interview : « Des Etats comme la Belgique ont dû intervenir, pour Fortis, pour Dexia pour d’autres. Imaginons une seule seconde que l’Etat ne soit pas intervenu. Imaginez toutes les conséquences que cela aurait pu avoir en termes de révolte des épargnants mais aussi comme effet systémique pour l’ensemble de l’Europe. On a fait notre boulot. Eurostat nous compte la recapitalisation Dexia dans le déficit. Je ne le comprends pas mais bon, ils ont leur méthodologie. La méthodologie, c’est bon pour les mathématiciens, les statisticiens, c’est très intéressant, mais moi, je m’occupe de la vie réelle. »
Que ne s’est-il occupé de la vie réelle en sauvant des outils, plutôt que du papier des banques ! Avec les milliards dépensés pour les beaux Messieurs de Dexia, Fortis et compagnie, on pouvait sauver la sidérurgie wallonne et particulièrement le bassin liégeois, si fragile. On pouvait du côté flamand trouver des alternatives aux licenciements des ouvriers de l’automobile, etc.
En clair, les solutions socialistes de l’économie, Di Rupo n’en veut pas.
Le reste de l’interview se passe en pommade bienfaisante sur son action, en passant sous silence, bien entendu, le coup bas donné aux chômeurs.
L’austérité nuit à la santé, tout le monde est d’accord là-dessus. Ce n’est pas en sortant ce slogan au bout de l’interview qu’il nous fera croire que ce n’est plus l’austérité qui règne parmi les travailleurs et parmi ceux qui cherchent désespérément du travail.
Avant de trancher dans le vif de ceux qui n’ont presque rien pour vivre, il ferait mieux de toucher dans le gras de ceux qui ont trop, à commencer par lui-même et la classe hors-catégorie de managers d’Etat qu’il soutient. Là, il y aurait d’importantes économies à réaliser qui ne toucheraient absolument pas dix millions et demi de Belges sur onze.
En réalité, il n’en est pas capable en tant qu’homme du PS et en tant que prisonnier du système.
Alors, les discours, les envolées… La misère gagne. Après les travailleurs en voie de paupérisation, c’est au tour de la classe moyenne : les gérants de magasin et les petits artisans pour commencer. Il faut fréquenter les commerces du Centre à Liège pour juger de l'étendue des dégâts du capitalisme « moderne ».
Comme a écrit Queneau : « Tu causes, tu causes, c’est tout ce que tu sais faire !

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