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Les menteurs.

A propos de l’Affaire Cahuzac, en Belgique comme en France, se pose le problème de la morale en politique.
La politique a pour objet les affaires publiques. Le pouvoir permet d’y atteindre et de s’y rendre utile au nom et pour la collectivité.
La morale officiellement n’y paraît pas. Seuls les résultats comptent.
Mais ce constat laisse de côté l’aspect humain. Un homme peut-il transgresser la morale au nom de l’efficacité d’une politique dont l’objectif est le bonheur du peuple ?
A considérer les carrières de nos hommes politiques, les changements de leurs positions, des opportunités qui les obligent à des interprétations différentes selon l’actualité et les rapports de force, tous les personnels politiques mentent, ont menti et mentiront.
La façon de mentir et l’objet du mensonge sont déterminants, face à l’impondérable d’une actualité et à la manière dont on se fait prendre la main dans le sac.
L’enrichissement personnel semble être l’acte le plus haïssable, celui qui ne passe pas dans l’opinion. Or, comme ils s’enrichissent plus ou moins tous, tout à fait légalement, par les salaires qu’ils s’allouent, ce qu’on leur reproche est le petit supplément qu’ils s’octroient en-dehors des règles et des lois.
L’immoralité tient dans le passage d’un enrichissement « normal » à un enrichissement « anormal ».
Pourtant comme la morale est dans tout, les mensonges du personnage politique – au même titre que l’enrichissement – devraient pouvoir être considérés comme une immoralité majeure.
Les représentants du peuple les plus en vue étant ceux qui restent le plus longtemps au pouvoir, il est facile de reprendre des discours ou des actes anciens et de les confronter aux discours et aux actes d’aujourd’hui, pour s’apercevoir que nos élites sont dans le mensonge permanent ou dans une vérité fluctuante et qui se modifie sans cesse au gré des circonstances.
Est-ce que la moralité des personnages politiques est conservée intacte jusqu’aux jours où, comme Cahuzac, il est question d’enrichissement personnel ?
Serait-ce seulement le fric, l’accaparement ou le désintéressement qui font l’honnête homme et la fripouille ?
Par exemple, le cas Reynders est intéressant. Voilà un homme qui défend ses positions avec esprit et intelligence, est-il, pour autant, un homme qui ne ment jamais et qui peut se définir comme un honnête homme ?
Lorsqu’il était à Liège bien intégré dans la Ville, siégeant au Conseil communal, briguant le siège de bourgmestre, il s’était d’abord fait connaître par Jean Gol, comme Louis Michel, et tous ses discours portaient sur l’adaptation libérale à l’évolution économique régionale, nationale et mondiale. Son attachement à la Ville ne laissait aucun doute sur l’altruisme de ses convictions, même si très tôt, l’homme s’était arrangé pour vivre et même très bien vivre rien qu’en faisant de la politique. Son fonds de sympathie et son fonds de commerce, étaient à Liège.

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Le vent ayant tourné, rester à Liège signifiait une fin de carrière comme député ou sénateur, dans des conditions que bon nombre de parlementaires lui auraient enviées, mais son ambition étant plus grande, le voilà abandonnant « sa » ville, fort peu embarrassé des discours anciens, des positions fermes sur le rôle d’un parlementaire libéral ancré dans sa Région à la défense « des siens ». Souriant et dégagé du Reynders ancien, il laissa avec ses pantoufles le quartier Saint-Léonard, sans état d’âme.
Son attachement aux gens, leur défense, l’amour de la Région, c’étaient du pipo.
On le voit citoyen d’une commune huppée, à la quête d’un autre pouvoir local qui est la base de tous les autres pouvoirs, attendant la mise à la retraite de Bel Armand. Probablement va-t-il reprendre les discours prononcés jadis à la Ville de Liège, transposant quelques noms, modifiant quelques dates. Peut-être poussera-t-il l’effronterie jusqu’à parler de la nécessité dans laquelle il était de déménager à Uccle, l’âge venant, les commodités nécessaires aux soins futurs à venir, enfin tout le baratin qui cache l’envie de s’ajouter quelques zéros à un compte en banque, le goût de paraître, la haute opinion de soi-même dans les grands emplois qu’il lui reste à briguer.
Je prétends que ce mensonge d’un député qui va où l’opportunité le pousse et qui en même temps parle de ses députations et de ses mandats, comme l’expression de son service aux citoyens de la Région qui l’ont élu, est un menteur, dont le mensonge est aussi grave que celui de Cahuzac.
Il paraît que les journalistes et les politiciens qui l’abordent craignent sa verve et son esprit d’homme « à qui on ne peut rien reprocher ».
C’est un tort. Un menteur reste un menteur, fût-il un opportuniste de talent.

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