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Morale et opportunisme.

La plus grande confusion des genres règne actuellement en politique. Tel qui semblait par son passé et la tradition défendre la droite conservatrice, défile le Premier Mai et revendique une certaine forme sociale dans l’organisation de la société libérale.
Tel autre dont les origines sont syndicales et révolutionnaires passe sans trop de mal à une social-démocratie dans laquelle tous les arrangements sont possibles avec les courants les plus à droites. Enfin tous se revendiquent du Centre ou souhaiteraient l’assimiler.
Les électeurs dépassés par les courants convergents en sont encore au clivage entre la droite et la gauche et ont bien du mal à suivre l’évolution générale, d’autant que l’Europe et la mondialisation déstabilisent encore plus. Si bien que les électeurs ont une quasi certitude que le suffrage qu’ils expriment ne peut être validé que s’il passe par des critères économiques et par l’Europe, autrement dit, le suffrage universel est une utopie. Cela a été vérifié lors des Traités européens refusés par le suffrage universel et revotés jusqu’à obtenir le « oui ».
Dans certains cas, comme en 2009 lorsqu’il s’est agi d’avancer des milliards aux banques, une décision aussi importante impliquait que l’on consultât les gens. Il n’en a rien été. Etc.
Naît alors le sentiment que les marchés conduisent les hommes et pas la politique. Et curieusement, malgré ce sentiment, les partis extrémistes ne parviennent pas à détacher suffisamment d’électeurs des partis traditionnels pour gouverner, sinon exister, de manière beaucoup plus tranchée.
Si le grand nombre est conduit, il s’en faut de beaucoup que ce soit l’ensemble de la population qui soit menée par le bout du nez. Malgré l’illettrisme qui gagne du terrain, la réflexion critique sur la politique n’appartient plus aux seuls politiciens et aux seuls journalistes spécialisés.
On voit bien dans les foules qui se rassemblent pour écouter des leaders politiques une forte proportion de gens à qui il devient difficile d’en compter, sans donner des faits et des raisons philosophiques à débattre.
Du grec " polis " (cité), la politique désigne les plans d'action des affaires publiques par un pouvoir délégué par l’ensemble des citoyens à quelques-uns.

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Quelle est la finalité de la politique, son but, ses objectifs ?
" La politique n'a pas pour fin la morale, mais la réussite ", dit-on au vu des grands desseins politiques accomplis par le passé.
Si, par conséquent, la politique a pour fin la réussite (la fin justifie les moyens), il y a incompatibilité avec la morale.
La morale est l'ensemble des valeurs fondamentales dans une société. Elle établit des règles qui déterminent les comportements à adopter ou à éviter. La morale sert tout simplement à discerner le bien, du mal.
Plus facile à dire qu’à faire, évidemment.
Plus aisé est de définir la réussite.
En gros, il s’agit d'obtenir ce que l'on cherche, et de toucher à ses objectifs.
A titre personnel, c'est le fait, d'avoir la richesse, la gloire, le pouvoir ou toute autre chose considérée comme socialement désirable.
Peut-on allier la réussite à la morale ?
Oui, si la réussite concerne la société tout entière et qu’elle ait été obtenue sans contrevenir à la morale. Non, si cette réussite a servi aussi à l’enrichissement de celui qui a exercé le pouvoir afin de l’obtenir, même si la collectivité a été également bénéficiaire.
Autrement dit, le système dit démocratique pratiqué en Belgique tombant dans cette dernière catégorie, on peut dire qu’elle ne sera jamais compatible avec la morale, en général.
Mais d'un autre côté, la politique ne vise-t-elle pas autre chose que le pouvoir en lui-même et pour lui-même, réussir à l'obtenir, et le conserver ? Et si oui, est-il possible de concilier en politique efficacité et moralité ?
Selon Machiavel, la morale des politiciens est essentiellement un opportunisme.
Voilà qui explique le comportement d’un public qui a conservé ou acquis le sens critique.
Ce n’est pas au peuple à recouvrer la confiance en ses dirigeants, ce sont les dirigeants à regagner la confiance du peuple.
Il faut résister aux chants des sirènes d’un pouvoir qui nous conseille de nous réenchanter et de retrouver la foi en l’avenir, par les chemins de la réussite et de l’effort.
C’est de la propagande, c’est de l’opportunisme.

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