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Une nouvelle loi économique

A voir les deux compères Didier Reynders et Elio Di Rupo en parfait accord, hier soir dans les étranges lucarnes, qui n’a pas eu la désagréable impression d’être « refait » par ces deux têtes à claques ?
Le téléspectateur droitier, d’abord, qui sent pareille symbiose possible ; le citoyen de gauche (j’évite le mot « gauchiste » qui prêterait à confusion) qui ignore jusqu’où les socialistes se dilueront dans un centre sans avenir ?
Le budget nouveau réalisé par les deux compères n’est pas anodin. Il fait reculer sensiblement le pouvoir d’achat des plus défavorisés et mord dans une middle-class plutôt « pauvre qui se défend de l’être ».
Quel économiste intelligent élaborera une théorie selon laquelle « toutes les taxes conduisent au même résultat ». car elles finissent par faire payer celles et ceux qui ne savent pas répercuter ces taxes sur quelqu’un d’autre ».
On ne peut pas demander ce travail à nos officielles élites, bien entendu.
Mais, il devrait se trouver ailleurs des économistes de valeur qui pourraient élaborer une loi économique originale.
C’est une constante : l’austérité a pour seule conséquence de rejeter à l’avance les mesures qui en découlent sur les catégories inférieures. A chaque train de mesure, voyez-vous une once de nouveaux « sacrifices » des promoteurs de ces mesures, pour eux-mêmes ? Tout au plus, Di Rupo paiera sa bière 50 cents plus chère. Mais qu’est-ce que ça peut foutre à Di Rupo ce léger sacrifice ? De même un chef d’entreprise, dégraissera-t-il son salaire au moment où il licenciera des personnels, pour rééquilibrer le budget de l’entreprise sur des équilibres nouveaux ? Evidemment non.
Des exemples foisonnent dans ce qu’Olivier Chastel (MR), ministre du Budget et de la Simplification administrative, appelle un accord équilibré.
Nous ne retiendrons que deux accords qui paraissent fort étrangers l’un à l’autre. Nous oublierons les augmentations habituelles des accises, tabacs, vin et bière, qui sont des classiques et la montée des tickets services, qui vont pousser les femmes d’ouvrages au travail au noir si elles veulent survivre, comme l’effet sur les ménages des primes moindres de rentrée scolaire. C’est démontrer trop aisément que les perdants sont les ménages modestes.
Je veux parler de l’impôt minimum pour les grosses entreprises, qui devrait rapporter 140 millions. Il ne faut pas être grand clerc pour s’apercevoir qu’un gestionnaire d’une grande société privée n’est là que pour distribuer des dividendes aux actionnaires. Quand les profits diminuent, le gestionnaire s’efforce de les rétablir au moins à leur ancien niveau. Il n’y a pas 36 solutions : croître ou répercuter cette baisse du profit sur deux éléments, l’emploi et l’augmentation des prix de vente.
Croître, il n’y faut pas penser par les temps qui courent.
Quand c’est une entreprise quasiment en monopole, l’augmentation du produit se fera au détriment du consommateur, sinon, s’il y a concurrence, la solution est toute trouvée : il y aura perte d’emplois.
Dans l’un et l’autre cas, c’est la banlieue ouvrière, déjà partiellement au chômage qui trinque. Je ne vois pas où Laurette Onkelinx tire la gloire d’imposer une taxe qui ne peut être suivie par l’Administration à l’intérieur de l’entreprise et donc retombera nécessairement sur ses éléments les plus faibles, avant d’avoir des répercussions au-dehors, sur le même type de population.
Si l’on veut retirer une taxe équitable des grosses entreprises, il faut taxer directement à la source les gros salaires et les dividendes des actionnaires.
Mais ça, Di Rupo ne le fera pas. Mieux les nouvelles mesures adoptées hier seront décrites dans les réunions socialistes comme une victoire sur les riches, en oubliant qu’elles toucheront aussi les intercommunales, c’est-à-dire nous, directement, comme si nous étions à la tête d’une multinationale.

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Le deuxième exemple est plus direct et plus facile à comprendre : la perception de la TVA sur les émoluments versés aux avocats. Leur porte-parole au moins a été honnête. Cette taxe sera répercutée directement sur la clientèle. Cette mesure donne ainsi un argument de plus à ceux qui – de plus en plus nombreux – pensent que la justice est à deux vitesses.
Ce gouvernement est donc à la tête d’un gros faisceau de mensonges qu’il est important pour lui de faire passer pour une lutte incessante contre l’injustice et le pouvoir économique.
Avec la complicité des journaux, il ne s’y prend pas trop mal.
Tant que cette imposture ne trouvera pas devant elle une gauche qui ne s’en laisse plus compter, le PS et le MR poursuivront l’appauvrissement des plus fragiles d’entre nous, en posant comme une réussite, ce qui est leur formidable échec.

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