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Médiété (1).

Par rappel à l’ordre et aux bonnes mœurs du comité de soutien à Richard III, celui-ci a immédiatement annulé la chronique qu’il vous destinait. Il espère qu’avec le texte de remplacement, il pourra postuler au Petit Séminaire ou faire grouillot à la rédaction du Soir.

Dans son Éthique à Nicomaque, Aristote fait l’éloge du centrisme pour atteindre à la vertu. Cela fait immédiatement penser à la situation des partis au pouvoir, qui se veulent tous du centre, croient-ils. Cependant, c’est là une grande confusion des genres. Le centre voulu par Di Rupo, n’est pas celui d’Aristote.
Il en est même très éloigné.
La preuve, nul n’oserait affirmer que les partis du centre sont vertueux, parce qu’ils sont du centre, comme s’il suffisait de dire « je suis du centre » pour être vertueux ! Chez Aristote, il s’agit d’un cheminement. Après avoir parcouru les extrêmes et avoir acquis de l’expérience en passant d’un bord à l’autre, celui qui recherche la vertu ne peut que revenir au centre.
Voilà la pensée d’Aristote à l’opposé de ce que les chefs des partis ont vécu. Car, tout est dans l’expérience. Que je sache, ni Milquet, ni le fils Michel, ni surtout Di Rupo n’ont vécu des extrêmes. On dirait qu’ils ont été dès le berceau préparés à être ce qu’ils sont : nés pour être du centre !
La médiété du sage, l’est par défaut entre deux vices, l’un par excès et l’autre par défaut (2)
Depuis quand sort-on des écoles sans avoir l’expérience de l’un et l’autre ? Si ce n’est dans celle du pouvoir – toujours extrême - que l’on conquiert « par la voie naturelle de ceux qui sont sages avant de savoir ce que c’est, ni ce qu’ils font » !
Aristote le sait le premier « C’est tout un travail que d’être vertueux ». Un travail qui ne porte pas sur un comportement maîtrisé, mais sur une application sur soi des préceptes de la vertu. Autrement dit, les centristes actuels ne sont rien d’autres que des caricatures de vertu, en un mot, ce sont des imposteurs. Ils sont avant tout dans la recherche d’un excès (le pouvoir) avec la résolution de le conserver pour soi, en dépit de tous les autres (vice majeur).

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On pourrait étendre une réflexion personnelle sur la médiété par interpréter la pensée d’Aristote des deux vices « l’un par excès, l’autre par défaut », qui viendrait à la conclusion que le centre est un cas de figure que nul n’atteint puisque saisit entre l’excès et le défaut, le candidat à la sagesse devrait s’arrêter au centre du cercle et en faire son séjour, tenu dans l’immobilité par la force physique de deux puissances identiques et contraires. Comment trouver le centre d’un cercle après avoir balayé tous les possibles de la circonférence, quand on est soi-même un élément du cercle ? Et comment établir l’équilibre entre les forces contradictoires par sa seule volonté ?
Citoyen moderne, en arrivant devant l’urne, pour qui Aristote aurait-il voté ?
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1. Désigne une théorie des mathématiciens grecs relative aux rapports des proportions.
2. Aristote, règles pratiques pour atteindre la vertu.

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