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Dithyrambes et pamphlets

J’ai écrit que la politique belge fait du surplace, fixée sur les élections de mai 2014 et rabâche au sujet de la N-VA. Le constat de cette obsession devient en lui-même une information.
Michel Henrion et Marcel Sel sont deux compères obsédés de Mai, tolérés des grands médias, ils font du cabotage à la Côte, Bart De Wever au bout de leur lorgnette, du cabotinage diront certains. Dans ce qu’on peut appeler le « juste possible », nos deux « vétérans » doivent parfois s’énerver de ne pas se lâcher.
Michel Henrion, avec son expérience des socialistes et de Spitaels, doit en connaître un rayon sur l’art du bien senti et du pesé juste pour éviter de se faire sortir d’RTL ; tandis que Marcel Sel, baptisé polémiste par le premier, est plus près des Fratellini que du dompteur Bouglione.
J’écris cela de façon non polémiste, car j’aime bien ce qu’ils écrivent.
Or donc, ces tabellions du notariat du 16 reviennent comme les deux aiguilles d’un cadran toutes les douze heures sur la N-VA et son charismatique leader, afin de rappeler aux « bons » Belges qu’ils partagent leur répulsion pour ce parti et ce personnage.
Inconvénient, ils oublient avec qui ils s’assemblent, pour en découdre avec les oustachis d’Anvers et de Gand.
Henrion doit le savoir, Spitaels fut parmi les socialistes celui qui dénonça avec le plus de virulence les « séparatistes » du MPW, les gauchistes et les syndicalistes radicaux et, par la suite, chercha le plus à se rapprocher des libéraux, quand il fut rattrapé par les affaires et obligé de passer le relais au plus fort de la tempête.
Je sais, le chroniqueur de RTL se défend d’avoir pris parti. Il passait par hasard, le Spit lui a dit « que fais-tu ce week-end ? Tu ferais bien un discours pour moi ? ». Ils ne se sont plus quittés. Je veux bien croire le journaliste, il n’était pas un chaud partisan du socialisme militant, Spit non plus d’ailleurs. Ça s’est arrangé comme ça.
Les temps changent. Aujourd’hui nos journalistes sont partisans de la Belgique Expo 58.
Je dis tout net : parler de Bart De Wever, de son hospitalisation à la suite d’une profonde infection, d’en tirer des conclusions sur sa psychologie, manque d’élégance.
L’homme est resté deux jours aux soins intensifs. Qu’il quitte l'hôpital pour reprendre le boulot le lundi suivant, est un événement insuffisant pour déclencher une psychologie de comptoir.
Ce comportement du leader du parti nationaliste n'est pas anodin souligne Michel Horion, psychanalyste à ses heures. Selon les experts (c’est-à-dire Sels et Horion), il "joue avec son corps et le transforme en objet politique, …d'augmenter son image de surhomme et d'assurer son statut d'homme fort" (Michel Henrion "On refait le monde", dimanche dernier).
En 1902, Alfred Jarry publia le « Surmâle ». « L’amour est un acte sans importance, puisqu’on peut le faire indéfiniment, débutait-il ainsi. Il suffit de remplacer « amour » par haine, et on a la critique du « Bart malade », version RTL.
C’est gros et pourtant personne ne contredira Henrion. On se demande s’il n’est pas secrètement amoureux de Bart ?

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Par contre, il a raison d’élargir la grande place de l’apparence, dans la présentation des hommes politiques aux médias. « Les politiciens jouent de plus en plus sur leur corps durant les campagnes. Ce fut notamment le cas avec Elio Di Rupo qui n'a pas hésité à se dévoiler en maillot de bain. Le spécialiste qualifie de "marketing du corps" ce phénomène à la mode et qui risque encore de s'amplifier à l'avenir. »
C’est là que nos polémistes achoppent sur du vide et n’en restent qu’au cas De Wever. Ils n’osent pas trop « philosopher » sur le corps malade de cette société, préférant celui de Bart.
A force de n’en rien dire, la satire ne va pas plus loin qu’un tricot d’Emmanuelle Praet, le point à l’endroit, le point à l’envers.
Je rejoins nos polémistes en demi-teinte, je n’aime pas la N-VA et je redoute que Bart de Wever arrive au pouvoir à l’issue du scrutin.
Mais ce dernier a quand même une sacrée volonté d’être sorti du rôle d’un « gros », moqué par beaucoup, dont Richard III, je l’avoue. Parmi nos élites francophones, je ne vois que des coquets, un vieil éphèbe telle la Diane de Boucher sortant du bain, quelques dames aux dessous chics, et à la tête de la collection, monsieur 700.000. Et que nos deux pourfendeurs n’en disent rien est inquiétant.
Allons messieurs, vous extrapolez à merveille sur la société dans laquelle veut nous entraîner Bart De Wever, vous ne parlez jamais, qu’en termes déférents, de celle dans laquelle nous sommes. Serait-ce que vous la trouviez admirable ?
Si c’est votre pensée, alors, dites-la !

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