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Fan de Bernard ?

Pourquoi n’ai-je pas écrit une ligne sur la disparition la semaine dernière de Véronique Pirotton, morte dans une chambre d’hôtel à Ostende, à la suite d’une altercation musclée avec son époux, par ailleurs personnage bien connu de la politique ?
Vous avez dû observer, chers lecteurs, que j’essaie de garder mes distances avec le fait-divers, quand celui-ci concerne l’intimité des gens.
Je ne transgresse cette règle que parce qu’elle n’est pas de saison dans certaines affaires qui chevauchent l’intime et le domaine public.
Quand on est un homme public où s’arrête le privé ? Cette question, on peut se la poser pour les mandataires qui ont défrayé la chronique des scandales financiers.
Par exemple, les suites de l’affaire Cools qui impliquaient de nombreux hommes connus dans tous les milieux de la finance et des partis, souvent les deux intimement liés par des trafics d’influence, des escroqueries et même des vols.
Je n’ai dérogé à cette règle que quelques rares fois, et je m‘en repens encore, notamment pour le meurtre de Marie Trintignant par Bertrand Cantat, mû par un sentiment de révolte quand un homme fait usage de la force dans ses rapports avec une femme et surtout ému de la disparition d’une comédienne sensible ayant rompu avec le bourgeoisisme et le conventionnel.
Je ne peux être tout à fait insensible au crime d’Ostende, certains lecteurs m’imaginent membre du Mouvement de Gauche créé par Wesphael en 2012 et m’empressant de lui cirer les pompes, pendant qu’il serre des mains !
Quoiqu’il n’y ait rien d’infamant à s’y impliquer, je ne paie aucune cotisation et ne suis pas membre du Mouvement de Gauche. Cette supposée affiliation était, pensait-on, ce qui déterminait mon extrême réserve et m’empêchait de clouer au pilori le président d’un parti prônant une « révolution démocratique, pacifique et citoyenne ».
Comment parler d’un fait-divers, sans entrer dans un discours convenu de l’innocence ou de la culpabilité d’un homme, dans une affaire qui est entre les mains de la justice ?
Les déclarations du prévenu sont claires : il a frappé la victime avant de se mettre au lit et sombrer dans un profond sommeil. J’ai trop souvent tendance de condamner à l’avance un brutal jaloux, pour prendre parti. Je ne dirai rien sur le fait-divers lui-même. On peut être un brutal compulsif, être un pauvre type et pas un assassin.

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J’en serais resté là si Marc Uyttendaele n’avait affirmé que “l’arrestation de Bernard Wesphael était arbitraire.”, relançant ainsi le principe de l’immunité parlementaire, principe et privilège auxquels je m’oppose de toute la force d’un citoyen qui revendique l’égalité entre tous les citoyens, quels qu’ils soient.
L’immunité parlementaire est une protection légitime lorsqu’un conflit de rivalité politique conduit une des parties à être soupçonnée d’un délit par l’autre. Tous les autres cas relèvent de la jurisprudence conventionnelle.
Or, ce n’est pas ainsi que le législateur l’interprète aujourd’hui. C’est une protection supplémentaire pour tous les délits que se sont arrogés ceux qui font les lois. Il conviendrait de revoir cela au plus vite.
D’après ce qu’en disent les journaux, les charges qui pèsent sur Bernard Wesphael sont telles que le tribunal de Gand l’a placé en détention, même si les constitutionnalistes protestent que le flagrant délit n’existait pas.
Ceci dit, le Mouvement de Gauche est une association libre d’électeurs. Ses motivations sont estimables et j’adhère à la démarche qui veut rompre le monopole d’un PS qui n’est plus vraiment un parti de gauche ; comme je suis pour le renforcement du PTB et de toute autre formation politique qui dénoncerait à l’opinion les impostures d’un parti socialiste, trompant les gens sur la nature de son engagement politique.
Quant à Bernard Wesphael, on ne passe pas un examen psychique, ni de moralité pour postuler un mandat auprès de l’électeur. Sans quoi les machos, les brutaux, les jaloux, les prétentieux, les faux jetons et les cons suprêmes seraient interdits de mandature. Les travées du parlement seraient désertes, sinon remplies de cafards de bénitier, d’enfants de chœur et de Vierges Marie, ce qui ne signifierait pas, pour autant, que nous serions mieux représentés.
Un dernier mot sur la victime. Véronique Pirotton avait des yeux tristes dans un beau visage. Et à lire les journaux relatant les événements et ce que Wesphael en a pu dire dans ses dépositions, cet homme n’était pas ce qu’en disent ses amis. Déjà, d’avoir frappé une femme, avec ou sans ce beau visage là, c’est d’abord un sale con.
J’adresse des condoléances émues à celui qui, par souci des convenances, tient pour un devoir de cacher sa souffrance et qui doit être bien affligé de la perte de Véronique.

Commentaires

Comment vous dire, je suis (presque) un inconditionnel de vos chroniques et cette dernière est très juste..et si vous ne souhaitez pas publier mon commentaire,c'est sans importance..

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