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Cameron et les libéraux européens.

Le club des antis grossit chaque jour. On est passé de la défense d’en parler, aux raisons qui font qu’on a envie de tourner la page de l’Europe.
Ce dimanche encore sur France 5, Marine Le Pen exposait calmement sa vision de la France hors l’UE. Même si c’était un morceau de bravoure et que le retrait n’est pas pour tout de suite, les libéraux qui sont à la manœuvre dans les Commissions feraient bien de se méfier.
L’activiste le plus ardent pour la sortie est l’actuel premier ministre de Grande Bretagne, David Cameron.
Il a derrière lui une opinion britannique insulaire, contre depuis toujours et des opinions favorables chez les Travaillistes et les Conservateurs pour une sortie par référendum.
A chaque demande du Premier Ministre suggérant par le ton et par la forme qu’il n’excluait plus de rompre avec Bruxelles, l’Europe cède aux propositions britanniques, alors pourquoi se gêner ?
Entendons-nous bien, la politique de Barroso s’infléchit aux propositions anglaises, parce que quelque part les libéraux du Parlement de Strasbourg nous vendent la même salade sur l’économie mondiale, ce qui fit réagir Verhofstadt le mois dernier à la tribune, d’où aussi le petit livre coécrit avec Daniel Cohn-Bendit, sur la question sociale en Europe.
Le temps où l’on était pour l’Europe de façon inconditionnelle et sans discussion possible est révolu. C’est dommage que la presse spécialisée sur l’UE en est toujours à son inconditionnalité imbécile
En cette fin d’année 2013, les Britanniques sont, en plus de leur répulsion naturelle pour le continent, inquiets pour leur secteur financier et les projets d’union bancaire.

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Le Financial Times s’alarme, de semaine en semaine, à l’idée qu’après un demi-siècle de croissance la City puisse souffrir de la concurrence d’autres capitales européennes. Un comble, selon les Conservateurs, le droit des salariés européens encadre encore trop le fonctionnement des entreprises du royaume : ils exigent diverses exemptions, notamment concernant la durée maximale de la semaine de travail.
Ainsi, tandis que l’opinion sur le continent voit les souffrances des gens et la lente disparition des valeurs qui faisaient le prix de la collaboration entre nations, Cameron et les Conservateurs britanniques estiment que ce n’est pas assez et en veulent davantage !
Du coup, Barroso prend peur et Van Rompuy se réfugie derrière les accords et les promesses d’avant 2008.
Chose inouïe, voilà Cameron en train d’exhumer des vieux discours du général De Gaulle au temps où celui-ci (1963) redoutait l’entrée de la Grande Bretagne dans la CEE !
C’est étonnant que ce texte du premier britannique ait pratiquement été escamoté des gazettes bien pensantes à l’époque où il fut dit (janvier 2013) « Notre caractère national est celui d’une nation insulaire, indépendante, s’exprimant sans détour et passionnément attachée à sa souveraineté nationale. Pour nous, l’Union européenne n’est pas une fin en soi, mais le moyen d’atteindre un objectif : la prospérité, la stabilité et l’ancrage de la liberté et de la démocratie. »
Dixit de cette apologie du commerce à l’américaine, la crise, l’austérité et le dérapage des budgets !
Évidemment, tous les lecteurs du Soir et de la Libre ne lisent pas les journaux en anglais, mais il y a bien quelque part dans les fonds de décor des rédactions l’un ou l’autre mirliflore qui lit de temps en temps la presse anglaise pour les lecteurs francophones !
Pourquoi lui coupe-t-on le sifflet, sur le temps que les petites bourgeoises Delvaux et Praet amusent le tapis de leurs frivolités et de leur patriotisme atlantiste !
Décidément, les politiques de part et d’autre de la Manche sont inquiets, mais pas vraiment de la même manière. Cameron voit dans l’aventure actuelle de l’Europe la marginalisation de son pays sous l’effet de l’intégration toujours plus poussée de la zone euro, il concluait au dépérissement de son sentiment d’appartenance. Alors, faut-il rappeler que son pays est toujours lié au dollar par la livre sterling.
Est-ce que la perte du triple A de l’Angleterre inquiéterait Cameron pour sa réélection ?
La mondialisation et le commerce libre-échangiste se sont révélés pour la Grande Bretagne une véritable contrepropagande de son atlantisme extrême.
La dette a bondi de 71 % du produit intérieur brut (PIB) en 2012. Le déficit s’accroît, et l’indice de croissance est plat.
M. Cameron espère encore que la question européenne sera au centre de la campagne des élections de 2015, et qu’il pourra compter sur les antieuropéens pour masquer ses échecs économiques.
On se doute bien que Verhofstadt trouvera dans la sienne pour la présidence de la Commission, des Anglais absolument déchaînés contre lui, comme le fut Tony Blair, jadis.
Et si au lieu d’attendre que les Anglais sortent de l’Europe, on engageait une procédure pour les exclure ?
Il est vrai qu’avec nos libéraux, toute motion de cet ordre serait impitoyablement rejetée, et pourtant !

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