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Blanc-seing.

Après Anne Delvaux carrément destituée de son leadership à l’Europe par le bougon Benoît Lutgen, président du CDH qui a préféré l’inoffensif Claude Rolin dans le rôle ; voici Véronique De Keyzer qui à 69 ans espérait encore une place à l’Europe et que Paul Magnette, avec Elio Di Rupo dans l’oreillette, a reléguée à l’avant-dernière place… des suppléants !
Le point commun de ces dames est qu’elles sont furieuses de l’injure qui leur est faite et bien décidées à le faire savoir.
L’électeur, lui, reste interdit de ces polémiques, dans lesquelles il sent bien n’avoir pas voix au chapitre.
Toute controverse mise à part sur ces départs et nécessairement provocant des arrivées, il ressort deux réflexions.
La première est la conviction qu’ont les candidats qui sollicitent les électeurs, qu’ils exercent une carrière et qu’un tiers leur supprime l’emploi. Tout à fait comme un cadre moyen qui croit que l’usine lui appartient et qui est victime d’un caprice du propriétaire.
Voilà une conception étrange du statut qu’un élu doit à ceux qu’ils représentent. Il n’exerce cette représentation que de façon aléatoire puisque éligible, il est soumis aux lois démocratiques du suffrage universel, et donc n’occupe pas un siège à vie.
Eh bien non ! L’élu ne le voit pas ainsi. Il n’a même pas conscience dans notre système électoral que c’est le peuple qui le veut ou ne le veut pas, et pour cause, c’est son président de parti qui disposant d’un matelas de voix, envoie ou n’envoie pas siéger celles et ceux qu’il coche au hasard de sa liste.
Et ceci nous amène à la deuxième réflexion.
Dans cette étrange façon de faire de la démocratie, l’électeur n’est là que pour grossir un paquet de voix pour tel ou tel parti. Malgré les affiches et les posters géants, il n’a pas la possibilité de désigner celles et ceux qui paraissent lui convenir. Faux, dirait José Happart, champion des voix de préférence. A celui-là nous répondrons que l’engouement pour l’homme providentiel est rare, voire exceptionnel et si on se réfère à son cas, il a bénéficié d’une situation favorable dans une position clé, à un moment décisif. Et il en a profité largement, en faisant vite de son triomphe une sinécure plutôt qu’un poste de combat, finissant comme tous les autres, mieux que les autres, des mandats tournant à l’emploi à vie, avec une pension exceptionnellement profitable. Quant à récompenser l’engouement des foules des débuts… le mirliflore n’a pas vraiment tenu ses promesses.
Ce sont bel et bien les présidents de parti, entourés de leurs créatures, dans des cabinets restreints, voire en solo, qui désignent aux places « sûres » et aux places de combat, les militants ou ceux qu’ils pêchent en externe, comme Rolin, pour occuper « l’emploi » et faire le plein des voix. C’est souvent une désignation au pif, un coup de poker.
Pouvoir excessif, sans commune mesure, le peuple n’en a pas conscience. C’est là le départ de ce que le système lui dérobe de pouvoir et le reste est à l’avenant, faisant de la démocratie, un simulacre.
Et les complices de cet attentat antidémocratique sont ceux qui s’érigent en grands défenseurs des droits : les présidents des partis politiques.
Les cas individuels de Mesdames Delvaux et De Keyzer ne sont ici évoqués que pour dénoncer les errements du système politique. Elles-mêmes n’ont-elles pas été désignées par d’autres présidents, en d’autres circonstances et de la même manière qu’elles ont été débarquées dans le même système ?

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Alors, les élections du 25 mai, une supercherie de plus, une avalanche de beaux projets dont il ne restera rien !
Me convoquer un dimanche pour me demander de signer un blanc-seing pour Michel, Di Rupo ou Lutgen ? Si c’est ça mon rôle essentiel...

Commentaires

Les structures politiques telles qu'on les connait chez nous, ne sont pas conçues pour répondre aux injonctions provenant du peuple mais seulement à celles qui viennent du marché. Il est évidement illusoire d'en attendre un changement radical.Cependant on peut toujours les utiliser comme tribunes pour mobiliser la rue. C'est uniquement dans cette optique que mon vote radicalement à gauche contrebalancera mon envie de rester au lit le 25 mai prochain.

Bien vu !

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