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Double cordon.

Avec le bide du « Marianne Belgique » que j’avais prévu, revient à la surface le problème du déclin de la lecture sur papier au profit de l’électronique, indépendamment de la difficulté rencontrée au « Marianne Belgique » d’avoir des plumes critiques de qualité.
C’est à nouveau la panne d’idées qui ressort du climat actuel par le blocage de qui n’a pas l’imprimatur des quatre groupes (Rossel, Le Hoday, Corelio, Claes et De Nolf).
De là à penser qu’en plus du « cordon sanitaire » pas si moribond que cela, un deuxième cordon existe réellement qui tient au caractère éminemment capitaliste et économique des propriétaires de presse, il n’y a qu’un pas, vite franchi à la lecture des journaux francophones.
Reporter sans frontière (RSF) ne s’y est pas trompé dans son classement mondial de la liberté de la presse faisant reculer la presse belge à la 21me place !
Ce double cordon est un déni au fonctionnement de la démocratie déjà fort mal en point à cause du politique installé en régime dynastique.
Pour rappel le cordon sanitaire était un accord tacite de la presse afin d’éviter de prendre en considération l’opinion d’extrême droite, surtout en Flandre, et l’empêcher d’avoir accès à la presse de grande diffusion. On a vu le peu d’effet sur les citoyens. Ceux-ci se sont sentis plutôt frustrés qu’on leur interdise d’autres perspectives de lectures que celles « autorisées », si bien qu’en Flandre surtout, le cordon sanitaire est devenu un gadget ridicule.
Et de fait, des alliances se font à présent localement entre les partis Open vld et CD&V et la NVA, en attendant mieux au cas où la NVA confirmerait son ascension.
À force de tirer le cordon, la pipelette flamande est sortie de sa loge et a ouvert la porte à tout le monde (ou presque).

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Les Francophones ayant été dispensés du discours d’extrême droite pour la raison qu’il était pratiquement inexistant en Wallonie, le double cordon AJPP-Patrons de presse pourrait très bien revenir en force en francophonie afin d’ostraciser l’extrême gauche, si celle-ci confirme son bon score aux élections du 25 mai.
Ce climat est malsain pour la liberté d’opinion.
La pratique du double cordon est condamnable pour des raisons déontologiques et est aussi contre-productive, car placer des partis et des hommes qui les incarnent dans une éternelle position de victimes et d'opposants, sans que les lecteurs puissent juger de leur capacité à gérer, est tout simplement inadmissible.
L’AJPP ne pourrait dire le contraire. Il existe des consignes qui ont exister et qui existent encore de sa propre initiative ou soutenue par elle selon lesquelles « les médias doivent éviter de parler des partis extrémistes en termes positifs, ne pas donner la parole aux leaders extrémistes et mettre l'accent sur les éventuelles décisions judiciaires à l'encontre de ces partis. »
Bien entendu, le cordon tenu par les patrons de presse s’est plutôt concentré sur la défense du système capitaliste mondialisé. Voilà pourquoi on lit rarement des chroniques d’autres économistes que ceux qui ont leurs pantoufles dans les rédactions du Soir, de la Libre et de Sud Presse et leur casse-croute principal dans les banques.
Indépendamment des petites manœuvres de ceux qui détiennent le pouvoir en Belgique afin de le conserver, pouvoir économique et pouvoir politique parfois confondus et toujours associés, le manque criant de plumes libres est une des plaies de la presse.
Non pas qu’elles n’existent pas, mais assez curieusement les rédactions qui tiennent le haut du pavé ont été tellement bien façonnées par le pouvoir économique et le pouvoir politique, surtout en francophonie, qu’exercer la police dans les journaux leur semble naturel.
Des « nouveaux » magazines du genre « Marianne Belgique » ont préféré couler plutôt qu’ouvrir leur rédaction à ceux qui ont des choses à dire et des enquêtes à faire.
Et ce n’est pas en ressuscitant sous une autre forme, mais avec les mêmes, que la grille des programmes télé en supplément sauvera le navire d’un deuxième naufrage, celui-là définitif.

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