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Quand Médor donne la papatte !

Piteux 11h02 du journal le Soir de ce vendredi : des journalistes balbutiants et confus, à propos du stemtest, cet instrument qui devrait éclairer les futurs électeurs et qui n’a pas repris le PTB dans le panel des partis.
Un mot d’abord sur le bidule : le Stemtest développé par la RTBF/La Libre/De Standaard/la VRT a pour mission de mettre à disposition de l’électeur, les programmes des partis. La démarche pourrait paraître honorable sous deux conditions : que les partis soient tous représentés, ce qui n’est pas le cas, et qu’ils soient bien représentatifs de l’opinion publique, ce qui l’est encore moins.
Que le 11h02 de la gazette bruxelloise n’ait même pas abordé ces deux conditions en dit long sur l’incapacité de la presse belge à comprendre la société contemporaine.
À vouloir équilibrer les débats politiques, nos journalistes invitent toujours les mêmes têtes de gondole des partis. A croire qu’il n’y a qu’une poignée de gens intelligents en Belgique ! Ils affichent ainsi leur impuissance à donner la parole aux citoyens.
De véritables gisements de pensées utiles ne sont pas exploités. On dirait que l’intelligence, la culture et les vérités populaires sont impropres à la consommation. On cherche la raison de leur éloignement ? La peur de perdre l’emploi de journaliste ? Le manque de talent ? Une vague idée droitière de ce qu’est la mission d’un journal ?
Ce jeudi sur France 5, Claude Weil – enfin un bon journaliste – rédacteur en chef du Nouvel Observateur, dans un débat à propos de Patrick Buisson, a dit en quelques mots le malaise général de nos démocraties. Quoique n’analysant que la française, on aura compris que la belge est à mettre dans le même sac.
J’ai noté au passage ce qu’il a répondu à Yves Calvi dans les premières minutes de l’émission, qu’on veuille me pardonner cette retranscription dont j’ai dû faire les liens, mais qui est fidèle dans son esprit.
« Nous assistons à une décomposition du système politique. Il ne représente plus l’opinion française et surtout, n’incarne plus l’espérance d’un monde meilleur. Ce qui est l’essence même de la démocratie. Le sentiment profond de la population est que la politique n’a pas de solution aux problèmes actuels. Le pouvoir ne tient que par la Constitution. » etc.
Jamais on n’a lu ou entendu de pareils propos sous la plume ou dans la bouche d’un journaliste belge d’un talent équivalent.

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Claude Weil n’est pas n’importe qui.
Il a une belle conscience morale et ne parle pas pour ne rien dire. Il n’est pas le seul. Sans être vraiment du métier, Roland Cayrol et combien d’autres nous font respirer un autre air. Ils nous rendent plus intelligent. Parmi les sociologues et philosophes Michel Wieviorka trouve, lui aussi, que la population désavoue aujourd’hui l’orientation qui est prise par les acteurs du pouvoir politique en France. C’est une sorte de maltraitance de la démocratie, que l’on pourrait traduire par « le pouvoir se moque du monde ».
Ces représentants de la presse et des universités françaises recouvrent largement une opinion tout aussi répandue en Belgique qu’elle l’est en France, sauf qu’en Belgique les personnalités équivalentes ne la reconnaissent pas
Pour en revenir au pipi de chat du 11h02 du Soir, il est certain que les petits partis ont beaucoup de mal à se faire entendre en Belgique. Ils ne reflètent pas l’opinion à la perfection, parfois ils s’en écartent davantage que les grands partis, mais ils ont un avantage que les autres n’ont plus : ils existent pour la plupart à ras de terre, près des gens. On peut croiser leurs dirigeants sur les trottoirs, les interpeller dans des salles de réunion de très petites dimensions et sans interférence avec les grandes oreilles de la politique devenues si étrangères.
Certes, on ne s’y exprime pas toujours à la façon de nos grands communicateurs ; mais le fond est plus souvent lourd de sens et de raison, que l’habituel brouet universitaire.
Que nos « élites » exposent les programmes aux foules ébaubies et muettes, c’est dans l’esprit de leur démocratie. Qu’ils soient obligés de nouer des alliances de gouvernement et donc de faire des compromis de ces programmes, c’est compréhensible. Mais qu’ils ne communiquent jamais la nature de leurs compromis et jusqu’où ils sont prêts à aller, montrent bien le mépris qu’ils nous portent.
Et c’est là où ça ne va plus pour Claude Weil.
Nous ne sommes plus les acteurs de la politique de ce pays. Nous sommes des figurants.
Étonnons-nous que nous ne soyons plus intéressés par le spectacle !

Commentaires

"Très naturellement, je pense exactement comme vous et plus encore lorsque vous écrivez "à ras de terre et de continuez en"mais le fond est plus souvent lourd de sens et de raison"...je pense aussi que au lendemain des élections, certains seront moins méprisants à l'égard des petits partis,en tout cas,c'est mon vœu le plus cher..bon week-end mon cher duc..J'attends avec impatience votre livre,sans doute lundi prochain..

La réflexion de Claude Weil est très juste, comme tu le soulignes bien. Vivement les lendemains qui chantent!

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