« Allô le conflit ? Ici Didier… | Accueil | Quand l’Amérique dételle. »

Réunions confidentielles.

Les partis politiques français sont unanimes sur les enregistrements des réunions à l'Elysée, réalisés en 2011 à l'insu de Nicolas Sarkozy par son conseiller Patrick Buisson, c’est une honte et une incroyable duplicité d’un membre du cabinet de la présidence de la République à l’égard du chef de l’État.
Ces enregistrements se sont retrouvés dans le Canard Enchaîné et sur le site Atlantico, sans que, c’est normal, les journalistes dévoilent les sources.
Tous s’en remettront. Cependant l’opinion condamne ce sulfureux personnage qu’est Buisson.
Et encore, on n’a pas tout lu et tout entendu de ces enregistrements. Attendons la suite. Il existerait encore des dizaines d’heures d’écoute.
De l’avis général, ces révélations, outre qu’elles sentent l’égout, n’offrent jusqu’à présent aucun intérêt, pas de secret d’État, aucune révélation fracassante, a fortiori, pour nous autres Belges.
Si, quand même, les supporters qui peuplent encore les meetings et les réunions électorales, ces badauds aux couleurs de leur homme politique favori, la larme à l’œil dès qu’il parle, des bravos à se blesser les mains dès qu’il finit, devraient quand même en tirer quelques leçons.
Sous l’apparence et le brillant parfois, il y a le personnage privé, terre à terre, parfois trivial, un homme enfin que l’on ne connaît pas du tout.
Et ces bandes sons nous les révèlent, tels qu’ils sont, balbutiants, vulgaires, discourtois, méchants… attachant de l’importance à la façon d’être montrés aux foules par la presse, les télés et tout ce qui peut faire que les gens s’extasient sur leurs performances, leur amour de la chose publique, leur dévouement inébranlable.
Des hommes parmi les hommes et que vaut n’importe qui (JP Sartre).
On peut imaginer nos têtes de gondole à l’ombre des estrades, loin des micros, en dialogue avec d’autres personnages, des complices, alter ego.
– Quand je pense que je dois encore m’appuyer la réunion d’Ans !...
– T’as pas que des amis dans le coin.
– Des cons qui veulent ma peau, plutôt…
– Qu’est-ce que tu comptes faire ?
– Je les emmerde, tiens !...
Là-dessus, gueule enfarinée, large sourire, paroles mesurées, le second présente le premier à vingt-cinq caciques éparpillés dans une salle de cent vingt places.
Puis après trois quarts d’heure d’un discours à la syntaxe impeccable et à la haute élévation morale, l’orateur s’en va pisser en coulisse avec celui qui l’a présenté.
– Comment j’étais ? Je crois que je les ai eus !
– Oui. Dans le mille Mimil… Comme d’habitude, t’es toujours bon à Ans. Tu vois d’ici Fernand à ta place…
– …ce con ! Il est encore dans le comité de soutien ?
– Hélas !... et toujours en position d’être élu…
– T’as pas fini avec lui…
Heureusement que Patrick Buisson est un cas unique. Se faire piquer ses cassettes par les flics ou vendues par des proches, c’est ballot quand même.
Rue de la Loi, c’est pareil. On pourrait imaginer des choses en voyant remuer leurs lèvres à distance. Que peuvent-ils se dire ?

2ddo.jpg

Et à l’Europe, Rond-point Schumann, avant les réunions sur l’Ukraine.
– …soir Lolo, t’es venu en avion ?
– Figure-toi qu’il m’en est arrivé une bien bonne.
– Raconte ?
– Cet imbécile de Monségur, mon adjoint au sous-chef de cabinet, devait me remettre des notes sur la Crimée.
– Et alors ?
– Il m’a fichu la liste des achats que je devais faire pour ma femme en sortant d’Orly.
– Merde, qu’est-ce que tu vas faire ?
– On va m’envoyer ces fichues notes par courrier électronique.
– Tu vas pouvoir assurer.
– Ici, c’est certain… mais pas ce soir à la maison…
Quand je vous disais que les documents de Buisson sont plus intéressants pour l’ambiance qui règne dans les réunions de la dernière chance, que pour ce qu’on y dit.

Poster un commentaire