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Au bout du quai…

Il faut résister à l’idée d’un complot mondial qui voudrait qu’une quelconque maffia de haut vol maîtrise et contrôle le monde en pesant sur l’économie.
Cela ne tient pas debout, ne serait-ce que parce qu’il est impossible de garder un pareil secret bien au chaud dans l’officine de cette maîtrise universelle. Secondement, cela supposerait une certaine complicité et un partage de ce pouvoir au sommet. Quand on voit ce qu’est la prise de pouvoir, les haines et les jalousies qu’elle implique, aucun chef ne serait capable de fédérer autant d’appétits divergents.
Que certains s’établissent dans des fiefs réservés, cela se conçoit. Mais cette prise de position est toujours localisée ou spécialisée.
Bien plus redoutable est la réalité. Il n’est pas question que des « propriétaires » des industries et du commerce se réunissent dans un bureau pour décider du sort de milliards d’humains. Le seul et grave facteur d’hégémonie globale est le produit d’une convergence d’intérêts de haut vol qui de New-York à Singapour, de Londres à Genève produisent des effets cumulés sans concertation préalable.
Un empire mondial : non. Un empirisme à l’identique partout dans le monde : oui.
Et cet empirisme à vocation dictatoriale peut tout. Lorsque le monde était divisé en plusieurs idéologies économiques, l’économie capitaliste s’était opposée à l’économie socialiste, en gros le bloc occidental s’opposait au bloc communiste.
C’est alors qu’ont éclaté dans le monde occidental des revendications des travailleurs, presque toutes abouties et donnant un certain essor à la classe ouvrière dont les dirigeants, bien vite, récusèrent cette logique de classe devant la vision d’une harmonie des genres unique et moyenne.
Sous l’appellation « les Trente Glorieuses », environ une trentaine d’années servirent de référence à cette vision idéaliste par une cohabitation pacifique entre ceux qui produisent et ceux qui spéculent.
La chute du mur de Berlin est un jalon à partir duquel les choses ont évolué dans une lente mais inexorable régression. Le monde occidental n’avait plus aucune contestation devant lui et donc aucune difficulté à propager son système.
La vision des spéculations a englobé le monde. Le dernier bastion de résistance, la Chine, est tombé depuis dix ans.
Malgré les situations très diverses, les algorithmes des jouisseurs convergèrent. Les empirismes triomphaient en touchant le but : celui de la rentabilité accrue des capitaux. C’est le fond de la nature de l’homme (ce n’est que lorsque l’homme se transcende qu’il devient altruiste). Laissez un boulimique un week-end seul dans un supermarché, vous le retrouverez mort le lundi.
Nous sommes aujourd’hui à la partie la plus aboutie de ce phénomène.

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Il touche à sa fin, parce que les écarts entre une période pas très lointaine de progrès et la nôtre sont trop peu importants. Les grands possédants dans leur boulimie ont été trop vite.
On ne peut pas faire passer les peuples en une génération et demie, de la prospérité relative à une pauvreté massive, sans que cela ne se voie.
Car, les dettes des pays, c’est-à-dire ce que les peuples doivent aux riches pourraient n’être qu’une fiction à rayer d’un trait de plume.
Qu’est-ce que cela ficherait par terre ? L’économie ? Les peuples ? Ou les parasites mondiaux ?
Il touche à sa fin, exactement comme le bacille de Koch touche à la sienne quand après avoir rongé les poumons de l’humain dans lequel il s’est implanté, il meurt avec lui. Le triomphe du capitalisme mondial sera sa propre mort.
Sauf que contrairement aux victimes de la tuberculose, l’Homme n’en mourra pas. Certes, les remous seront importants, les souffrances pourraient même faire regretter la période antérieure ou l’homme, accablé par le travail pour les riches, mangeait encore à sa faim ; mais l’histoire est pleine de ces montées en gloire et de ces affaissements dits de civilisation.
On ne sait pas précisément le nombre d’années qu’un certain mode de vie met pour s’éteindre et se remplace par un autre.
Peut-être assistons-nous à un embrasement général guerrier qui n’aurait rien à voir avec la justice économique ? Que cette nouvelle ère serait, au contraire, le résultat d’un simple investissement dans les armes, des fortunes colossales nées du pétrole ?

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